Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - I 1.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
ACH — 27 — ACH


tente, Achille demeure dans l’inaction’-, et joue de la lyre’^ ; vainement les Grecs, battus par les Troyens, réclament le secours de son bras ", il refuse’^ L’ennemi pénètre jusqu’au camp, et va mettre le feu aux vaisseaux " quand les prières et les pleurs de Patrocle " amollissent enfin son cœur. Il envoie son ami, couvert de ses propres armes, pour sauver les Grecs « . Patrocle est tué ». A cette nouvelle, Achille s’arrache les cheveux, se jette à terre, se couvre le visage de cendre ^. ïhétis entend ses cris ", elle arrive suivie des Néréides et l’assure que Yulcain lui forgera une armure nouvelle ". Elle-même lui apporte ces armes merveilleuses ^ Achille convoque les Grecs, et se réconcilie avec Agamemnon^’. Fortifié par le nectar et l’ambroisie qu’Athénè a versés dans son sein-% il s’arme, monte sur son char, et se précipite dans la mêlée —". Les Troyens tombent sous ses coups. Le lit duXanthe est encombré de morts. Le fleuve, avec menace, demande à Achille de cesser le carnage —’. Achille reste sourd, le Xanthe se soulève, et le fils de Pelée va périr dans les flots ^’, quand Yulcain embrase les rivages et dessèche la plaine ^. Les Troyens sont rentrés dans la ille ; seul, Hector a osé attendre Achille qui le poursuit et venge Patrocle’° en le perçant de sa lance. Il ordonne les funérailles de son ami, et traîne trois fois autour du tombeau le cadavre d’Hector attaché à son char. Sa colère s’apaise enfin lorsque Priam vient jusque dans sa tente lui offrir la rançon du corps de son fils’^ Mais bientôt il va tomber à son tour devant les portes Scées, frappé par Paris et par Apollon’Les Grecs rapportent son cadavre dans le camp. Pendant dix —sept jours et dLx-sept nuits, il est pleuré par tous les Grecs, auxquels se joignent les dieux mêmes. Les Néréides et les Muses chantent le chant funèbre ; puis sa cendre est réunie à celle de Patrocle et enterrée auprès des restes d’Antiloque, sous un tertre élevé sur le rivage de l’Hellespont’*. Ulysse descendant aux enfers retrouvera les trois amis parmi les ombres, dans la compagnie d’Ajax fils de Télamon ^’. Le plus brave, le plus beau, le plus agile des Grecs rassemblés devant Troie ^° ; terrible dans les combats ", Achille est compatissant et hospitalier, tendre pour sa mère, ses amis et ses captives ", et plein de respect pour les dieux.

Traditions postérieures. — Nous venons de voir l’Achille homérique, examinons maintenant celui que nous montrent les traditions post-homériques. Les mythologues et les poètes nous dépeignent l’enfance du héros et certaines particularités de sa courte et glorieuse vie. Suivant les uns, sa mère veut le rendre immortel, et pour y réussir elle le tient la nuit dans le feu après l’avoir oint d’ambroisie pendant le jour  ; suivant les autres, elle le plonge dans le Styx, ce qui le rend invulnérable, si ce n’est au talon’°. Pelée charge Ghiron d’élever Achille *’. Le centaure nourrit son élève des entrailles des lions et de la moelle des ours’-. L’enfant n’a que neuf ans quand Calchas prédit que sans le concours d’Achille Troie ne pourra jamais être prise. Thétis s’effraj-e, car elle sait que son U ! s doit périr dans cette guerre. Elle l’envoie à Scyros, sous des vêtements de femme, chez Lycomôde, roi des Dolopes, père de Déidamie, qui se charge de l’élever. Achille devient amoureux de Déidamie qui lui donne un

y^ II. 1, 490.— Il //. IX, l>6.— li//. IX, 185.— 15 /i. IX, 420-430.— W II. XV, 717.

— " //. XVI, I. —18//. XVI, ! « .— 19 //. XVII, 655. —20 n. XVII, 23-3il. —21 //. XVII, 45-50. — 22/ ;. XVIII, 135. —^3//. XIX, 1.-24//. XIX, 195-i35.— Sô/ ;. XIX, 333, — 26 / ;. XIX, 364, 4Ï0. — 21 //. XXI, 21n. — 28//. XXI, 237. — M //..XXI, 342.

— 30 //XXIIl, 130-369.— 31 //.X.VIV, 15.— 32/2. XXIV, ù<19.— 33//. XIX, 4i: ; XXII, 27S 359. —34//. XXIII, 92 ; Od. XXIV, 36. —.33 Od. XI, 467. — 3S./ ;. I, 279, 488.37 //. XX, 492. — 38 n. XVIII, 70 ; XXIII, et passim. — 33.Vpollod. III, 13, 6. — ’ » Fiilgeilt. III, 7 ; Slat. Ac/i. 1, 134, 209-, II, 72; III, 84 elSchol.— " XfoWod. loc. cil.

— 4^ Apulluil. /oc. ri/. — ".A|„, ll„, l, II1, I3, 9 ; 1>1liI. T/im. 35 ; Thiloiitr. l/ir. 19, 3.

fils ’. Cependant les Grecs vont à sa recherche et arrivent à Scyros. Pour reconnaître Achille parmi les filles de Lycomède, Ulysse fait sonner la trompette. Au son de l’airain, le cœur d’Achille palpite, il s’empare des armes apportées par Ulysse, et suit les Grecs jusque sous les murs de Troie. Deux traditions post-homériques nous montrent Achille dans les plaines de l’Asie, la charmante légende qui représente le héros versant des larmes sur Penthésilée tombée sous ses coups " et le récit de son combat avec Memnon, le fils de l’Aurore « . Ce fut sa dernière victoire. Hygin », Dictys « , Darès », et particulièrement Philostrate ", racontent, avec de légères variantes, qu’il fut attiré dans le temple d’.pollon, à Thymbra, par Polyxène, fille de Priam, dont il était épris, et que là Paris (ou Apollon sous les traits de Paris) lui décocha un trait mortel. — Les légendes post-homériques offrent cela de particulier qu’elles laissent percer l’idée d’une ie autre que la vie mortelle, et l’idée de la récompense après la mort, la récompense des héros ; ainsi Thétis obtint de Jupiter la permission de transporter son fils dans l’île des Heureux, sorte de paradis profane où la vie est exempte de larmes, où des fleurs d’or étincellent sur la terre, où habitent Saturne, Rhadamante, Cadmus et Pelée *°. Suivant d’autres traditions plus réalistes, ce fut dans une île du Pont-Euxin, l’île d’Achillea ^’, que Thétis transporta son fils. Là, les légendes lui donnent pour épouses quelques-unes des plus célèbres héroïnes de l’antiquité, Médée, Iphigénie (qu’il n’avait pas pu sauver en Aulide), ou Hélène ". Un temple, une statue, un tombeau avaient été érigés dans cette île au fils de Thétis. Achille eut d’autres monuments que ceux de cette île à moitié fabuleuse. Nous citerons un cénotaphe à Olympie °*, un second à Sparte % et un temple sur le promontoire de Sigée ^^

La poésie avait fait d’Achille le type du courage, l’art en fit le type de la force élégante et de la beauté gymnastique. Les anciens (ils nous l’apprennent eu.x-mêmes ) représentaient le fils de Pelée sous les traits d’un jeune homme dont les formes élancées accusaient néanmoins la vigueur et l’agilité. Souvent la colère ou l’orgueil gonflaient ses narines ; souvent des mouvements prononcés indiquaient la violence de ses passions. Philostrate le Jeime^’décrit un tableau dans lequel on voyait les filles de Lycomède prenant leurs ébats dans une prairie tout émaillée de fleurs ; Achille était au milieu d’elles, et, malgré ses habits de femme, trahissait par son impétuosité gracieuse et sa chevelure hérissée (àvjtyaixKoiura TYiv xdu-r|v) sa virile nature. Les statues d’Achille étaient nombreuses dans l’antiquité, comme suffirait à le prouver le nom d’Achillécnnes {Achillae statuae), donné, dit Phne"’, aux figures d’éphèbes nus et tenant une lance qu’on voyait dans les gymnases, sans doute parce qu’elles étaient conformes à ce type. On en signale de Scopas ™, de Silanion ". On n’en connaît point actuellement à qui le nom d’Achille puisse être appliqué avec certitude. La belle statue du Louvre, l’.lc /iitk Borghèse (lig. 5’2) doit à une simple conjecture de Yisconti’^ son nom, sinon sa célébrité. Un grand nombre de bas-reliefs "^ reproduisent le charmant épisode dont parle Philostrate. Parmi ceux qui représentent Priam aux pieds

« Quint. Son in. I. S70. — » 5 jud. III, 400.— * « Hyg. Fab. 1 07. — » De bell. Troj. [V, 10. —’8 De cxcid. Troj. c. 34. — *9 JJer. r.. 19, 11, — 50 pind. 01. II, 87. — 51 Pomp. Mel. II, c. 7, 208. Cf. Eust. m Virg. 306. — 52.pollon. Aiy. IV, 815 ; Sch. Apoll. IV, 811. — 53 paus. III, 19, 11. — " Paus. VI, 23, 2. —55 Paus. III, 30, 8. — 5" Sliabon, XII, p. 596. Cf. Steph. Byi. Achill. Drûmos. — 57 philoslr. Imag. II, 2 et 7 ; l’iiil. Jun Heroic. I, 19, 5 ; Libanius, Cephr. 6 ; Ucliudor. jElhiuii. II, 5. — 58 Imag. c. I. — 59 Plin. XXXIV, 5. — 60 id. XXXIV, 8, 19. — 6’Id. XXXVI, 5, 4. — 62 Monum. scell. Boryh. t. I, tav. 5 ; cf. U. llocliclle,.Von. iniid. p, 5i 37, — ra 1, 1. ibid..Krkill. pi. V /, , 12 ; 0(-’Hjcck, llildtc. p. 2tS.