est fait : ce sont de grands vases toujours sans pied (ού μήν έχει πυθμένα), largement ouverts par le haut, se rétrécissant vers la base, qui est tantôt plate 3, comme le montre une peinture de Pompéi (fig. 62), où l’on voit un vendangeur portant, à côté d’un pressoir, un vase de ce genre, qui paraît être d’argile ; tantôt arrondie et plus ou moins pointue ou sphérique : tel est celui qu’un satyre porte sur son épaule dans une peinture de vase du musée étrusque du Vatican 4 (fig. 63). Ces exemples réunissent ainsi différents traits attribués au dinos, au psycter et aussi au calathus que l’on a rapproché du dernier 5.
Le nom grec passa de bonne heure dans la langue latine, comme celui de plusieurs autres vases 6, avec l’usage même
de l’objet qu’il désignait. Il paraît avoir eu, chez les Romains comme chez les Grecs, une très-large acception. Varron parlant de la culture de la vigne 7 désigne, à ce qu’il semble, par le nom d’acratophorum un vase destiné à recevoir le vin du pressoir ; ailleurs il applique le même nom à des vases qui servaient à porter le vin sur la table et dit expressément 8 que ce nom a fini par se substituer à ceux de lepesta, de galeola et de sinus, c’est-à-dire de trois sortes de vases qui ont entre eux des rapports de forme et d’usage, comme les noms grecs indiqués plus haut.
Il y avait sans doute des acratophores de toutes matières. Un historien en cite qui étaient placés dans le trésor d’un temple 9. E. Saglio.
ACROAMA (Άκρόαμα). — Ce mot, dans son acception la plus large, signifie, en grec comme en latin, tout ce que l’on écoute avec plaisir ou même avec déplaisir : ainsi la louange et l’injure, dont Xénophon dit, employant pour toutes deux ce même nom, que l’une est ce qu’il y a de plus doux, l’autre ce qu’il y a de plus difficile à écouter 1. Mais dans un sens restreint, le seul qui doive nous occuper ici, il se dit des plaisirs que procure l’audition de la musique, des lectures et récitations, des plaisanteries d’un bouffon et de toutes sortes de divertissements, même muets, qui servaient particulièrement à animer et à égayer les festins. Il s’appliquait non-seulement à ces plaisirs eux-mêmes, mais désignait aussi les personnes qui se faisaient entendre 3.
La coutume était ancienne, en Grèce, d’ajouter par le chant ou le son des instruments à l’agrément des repas.
Zahii, Ornam. und Gemœld. ous Pompei, lU, pi. XIU.— Mus. Orcgor. II, (av. Si, 1. — S Hesych. Kd). « « o ;. — 6 Varr. Liiig. lat. IX, 4l ; Cic. De fin. III, 4, 16. — ’De rç rust. i, 8, 5. — 8 />e l’Ha pop. rom. ap. Prisciau. VI^ p. 714 ; Nou. s. v. Smuin : Sciv. ad Virg. Bue. VI, 33. — 9 Joseph. Dell. Jud. V, 13, 6. ACnOAMA. 1 Xeu. Hier. U. — « WolIT. Ad Siiel. II, p. 319 ; Cf. Ernesli, Ejccurs. va, aJ Suet. : Cic. Pro Sext. 54. —’Odi/ss. VII, iôO ; XVllI, 303, ce. — > OJyi,. .
Nous voyons dans Homère les aèdes à la table des chefs chanter en s’accompagnant sur la cithare les aventures des dieux et des héros 3. Le chant et la danse sont appelés par le poëte les ornements du festin (άναθήματα δαιτόζ) 4. Dès le septième siècle les riches Ioniens de l’Asie Mineure, à l’imitation des Lydiens, leurs voisins, introduisirent dans leurs banquets des musiciennes mercenaires, chanteuses, joueuses de flûte ou d’autres instruments 5. C’est de l’Ionie que passa dans les autres pays grecs l’usage des flûtes pour l’accompagnement du chant et celui de beaucoup d’instruments à cordes perfectionnés. En même temps de nouveaux genres de poésie furent inventés : c’étaient des morceaux destinés à être chantés soit par des voix isolées, soit en chœur, comme dans le κώμοζ qui terminait les repas de fête 6. On ne sut plus se passer par la suite de tous ces accessoires des joyeuses réunions [symposion] ; on voit des joueuses de flûte, des danseuses ou des danseurs mêlés aux convives sur la plupart des vases peints où des sujets de ce genre sont représentés, comme sur celui de la collection Coghill qui est ici reproduit 7 (fig. 64). Platon dit 8 que ces amusements qu’on allait chercher au dehors sont bons pour les gens incapables de goûter le charme d’entretiens élevés, et de chanter eux-mêmes, comme on faisait jadis, en se passant la branche de myrte ou de laurier [scolion]. C’était là la protestation isolée d’un sage : ses paroles mêmes, aussi bien que la peinture d’un banquet que nous a laissée Xénophon 9, prouvent qu’à Athènes, dans son plus beau temps, et
à plus forte raison dans les villes de la Grèce où l’on sacrifiait davantage au luxe de la table 10, on empruntait pour mieux traiter ses convives encore d’autres secours. On faisait venir des mimes (μίμοι), des faiseurs de tours de force et d’adresse (θαυματοποιοί, θαυματουργοί, κυβιστητήριζ, ψηφοπάνται). On admettait à sa table des parasites et des bouffons (παρασίτοι, γελωτεποιοί, βωμολοχοί, κολακεζ) qui cherchaient par tous les moyens à provoquer le rire ; on en avait même chez soi à demeure 11. Les flatteurs et les plaisants qui livraient leur personne en risée pour égayer le maître abondaient autour des tyrans de Sicile, à la cour des rois de
I, 155.
5 Athen. XII, p. 326.
6 Hesiod. Seul. Herc. Î74, ÎSO ; Alhpn. XII, p. COO d ; XIII, p. 589 a, h ; XIV, p. 6(11 e, 635 d ; Theo.nis, v. 241, 7GI, S2S, 9il, 97D, 1041, 1056, 10C5 od. BerkiT ;.tnari. fra(jm. 16, éd. Beckcr.
7 Millingen. Peint, <mt.de <ms. pi. VIII ; Iu[:liiiami, Pitt. di kmi, IV, tav. 356.
8 Protag. p. 347.
9 Srjmp. Il, 1 et 11; VII,:; l., S.
10 Alhcu. IV, p. Ii9, 132.
11 Théophr. Char. 20.