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lliaginoise et i’occupalion de la Corse, éleva un temple aux Tempêtes près de la porte Capène’. César, en Gaule, consacra un temple au dieu du vent Circius^ D’après la Chronograpliie de Malalas ’, Vespasien, à Antioclie, aurait également dédié un temple aux Vents.

A côté de ces monuments on rencontre de nombreux autels qui leur sont consacrés. A Antium, au bord de la mer, on a retrouvé trois autels portant les ins- criptions suivantes : Ara Ventorum, Ara Aeptuni.Ava Trangui/li/a/is [rnAT^OViLUTAS, fig. 7038]. A Lambèse, en 128 ou 129 ap. J-C, le légat Q. Fabius CaluUi- nus éleva deux stèles, l’une en l’honneur de Jupiter Oplimiis Maxunus Tempestatium divinarum poten.t, l’autre aux Venti bonarum Tempeslatium patentes^. Un forgeron de Nimes consacreun ex-voto à Volionus el aux Venti, sans doute les courants d’air qui attisent le feu de la forge*. Chez les ^ma’cï, en Aquitaine, Ingenua leur olTre un petit autel de marbre, peut-être en accomplissement d’un vœu fait en voyagea

L’inscription de Lambèse : <■ Venti bonarum tempesta- tium patentes» *, précise la conception milhriaque du rapport dos vents avec les saisons’. Chacun des vents est, eneffel, censé domineràunecertaine saison eldétermine ainsi les conditions climalériques auxquelles elle est soumise. Zéphyr [Favonius) souflle au printemps et amène les pluies fécondantes ; Notus {Ausle ?-), brûlant et orageux, est le vent du midi, de l’été ; Eurus, le vent impétueux de l’automne : Arjuilo apporte la brise cin- glante de l’hiver’". Dans le culte de Mithra, les vents ne sont autre chose que l’air en mouvement ; ce n’est plus aux vents que l’on sacrifie, mais au souffle des vents, comme à un quatrième élément, à côté de l’eau, de la terre et du feu [.mitiir.].

Un curieux monument" de l’époque d’Auguste per- met de saisir le rapport qui existe entre les éléments et le culte des morts. Sur un cippe funéraire, au-dessus de la niche contenant les portraits des défunts, on voit les bustes alTronlés des quatre vents ; sur l’architrave, deux tritons et deux dauphins ; au sommet de la pierre deux lions se font face. On retrouve ainsi figurés les quatre éléments : l’air agité par les vents, les eaux célestes, les feux supérieurs que l’àme rencontredans son ascension vers le ciel étoile : ils sont étages par couples et ils se rapportent à chacun des personnages représentés. Cette croyance, introduite dans la littérature latine par Posidonios d’Apamée, est d’origine syrienne ; elle se répandit à. Rome vers la fin de la République ; la pierre de Walbersdorf, contemporaine de Virgile, en est le plus ancien témoignage’-.

On retrouve encore les dieux du vent dans l’apo- théose impériale. Sur la colonne Antonine, Fausline et

1 0vi.l./Vu(. VI, )93. — Sscnec. <Ju<iest . nat . V, 17, 3. — 3.Malaias, Chronoijr. X,

  • « ;, 4, M. Dindorf. — * Corp. inscr. lut. X, CC*i-60U ; Sluail Joncs. J Catalogue

ofthe anc.Sculpt.il useo Capitolino, lUt, p. SO ; tcilc. p. 331, D’il a. — âC. i.l. Vlll, 2609- :OIO.— «/6id. Xll,313. - ’• Ibid.WW, 4U. Pour IcsolTrandcs failcs aui reaU cf. Prop. III, 7. 35-37 ; Tib. I, M ; Horal. iïporf. X, 33-24 ; Virg. Aen. V, T.i. — «IbiJ. Vlll, iiilU. — 9 Sarcophage de la villa Ludovisi (cf. Sclircibcr, Ant. liildw. Ludot !. D’ U3-I38s((.|.— ’OF.Cumonl, Mil/iia, I. p.’J3sr|. — tl II. HolTmann, Hûmitclie Grabsteineaus Walbersdorf bei Oedenbuni. dans les Jahreshefte des oest. archaeotog. Inst. inW’ien, XII, 1909, p. ii4 sq. ; V.Cnmoni^ L’Ascension des âmes à travers les éléments représentée sur un cippe funéraire, ib. Beiblatt, 1909, p. 21 3- Î14. — ISVirgil. Jen. Vl,740si|. : Aliae panduntur inanes,suspensae adcenlos,aliis sab Qurgite easto Infectant elutturscetus, autexuritur igni. Cî. Cicer. Tuscul. 1, IK, tJ. — ’3 H. SIcinnieU, Windgolter, dans le Jaltrb. des k. deutsch. archaeol. Inslit. XVI, 1910. p. ^-h3. — ii Jalireshefte d. ùst. Inst. Xlll, 1910, p. 117 : Uoreas und Michael. — ’^ Dumonl-Chap’ain, Céramiques, I, p. iîi. — 16 l’ausan. V, 19, 1.

379. — Borée enlevant Orilhyic.

le la marche des

Antonin sont emmenés au ciel par Zéphyr ; sur un dip- tyque consulaire, l’àme de l’empereur est conduite vers les cieux par deux divinités du vent".

III. Les iiiEUX du vent dans l’art. — Jusqu’à l’époque chrétienne on suitles destinées du dieu des vents, bientôt transformé en saint protecteur. La Chronique de Malalas nous fait connaître qu’aux environs de Byzance on ren- dait hommage à un saint Michel, qui avait remplacé un démon païen du nom de Sos- thènes, et que les pèlerins y avaient encore recours aux pratiques an- ciennes de l’incu- bation fiNcrnATio]. M. Maass a mon- tré que le génie Sos thènes ou mieux SwucSévy, ;, placé à rentrée du Pont-Euxin, n’était autre que Borée, dont le souflle impéUieux vaisseaux à cet endroit ’*.

La représentation des vents est très ancienne dans l’art grec. Sur le colTre de Cypsélos, qui est probablement du VU siècle’% on voyait Borée enlevant Orithyic" ; ses jambes se terminaient en queues de serpents ’ Nous avons déjàcité deux vases dits cyrénéens, du vi" siècle, où l’on pense reconnaître des représentations des vents sous forme d’une troupe de petits génies ailés, vêtus de tuni- ques courtes, voltigeant autour d’un personnage princi- pal (coupe de la Nymphe Kyréné, fig. ’(309)’*, ou bien de quatre hommes barbus, avec des talonnières ailées, formant une sorte de chaîne circulaire (coupe de Sparte)".

Dans la céramique attique du v« siècle la légende de Borée et d’Orithyie est souvent reproduite. Le dieu etla nymphe sont tantôtseuls, tantôtmèlés à d’autres person- nages, qui luttent contre le ravisseur ou courent chercher du secours. Dans une curieuse peinture. Borée a double visage comme un Janus ;peut-êtrea-l-on vouluexprimer le double mouvement qui se manifestedanscertains cou- rants de l’atmosphère, ou les deux faces de son caractère, tantôt doux, tantôt violent*. Il a toujours ses ailes placées aux épaules, larges ou déployées ; on y joint souvent des talonnières ailées (fig. 3710, i309).Soncostumeordinaire estune tunique courte et dégagée (fig. 7379), aveclesbro-

— 17 Inc figure de ljé.int ailé que combal /.eus, sur une liydric de style clialci.lien {FurlwaeuglerKeichliold, Criecli. Vaseiimal. I, pi. 103, pi. 32 = notre lig. 7199), correspond bien ii ce type mi-grec et mi-oricnlal. — t» Sludniczka, Kyreite, p. IH, fig. 10 : Uugas, Heiue arcli. 1907, II, p. 31, n" 25 ; Wallcrs, Catalan. >'<«. Brit. Mui, b 4. On a fait des objections à cette interjirétation ; mais elle parait encore valable (cf. Dugas, lleiue nrcli. 1912, 11, p. 99 et note 7, p. 101, fig. i ; 1913, I, p. 419). — 19 Droop. dans Annual britisli School Atli. 1907-S, pi. 3 ; Dugas, l. c. 1912, II, p. 101 : fig- 2. Sur un vase attique du Musée de Zurich, Steinmelz pense voir un lîoréc sous l’aspect très ancien et n^ythique du cheval ; mais ce n’est qu’une hypothèse : cf. sa dissertation Ue venlo’-iim de- scriplionibus, p. 7, note, et Jahrbueh des arch. Jnst. 1910, p. 33, n. 5. Kurl«acu- gler avait déjà note le caractère animal des figurations du veut : Uericlite der Mùnchen. Akad., PItilol. Klasse, 1905, p. 433 sq. ;cf. Catttlog. Vas. /iritisli Mu- séum, I, p. 351 : Wallcrs, Hist. of anc. Potlcrj/, 11, p. 80-81. — =0 Annali d. Jnst. 32. pi. 4 M ; Kapp, dans Lexik. Myth. de Roschcr, I, p. 809 ; Hcrrot, op. c. p. 44.