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ou lie ses favoris, comme l’haéllion ’, Pliaon -, Cyniras ’, Boules Paris’, Énée", Adonis^ el Anciuse". Aphro- dite, en effet, s’est unie à un mortel sur l’Ida pleine de sources’, et le souvenir de sa tendresse pour Adonis s’éternise dans la rose empourprée du sang du héros el

l’ig. 7391 — A|iliio.lili’ prolr

dans l’anémone qui fleurit de ses larmes du déesse ’". Aphrodite n’a donc pas échappé à la loi qu’elle fait régner sur les dieux cl sur les hommes ", châtiant cruel- lement tout être qui refuse de s’j' plier’-. Elle incline le cœur à sa volonté, d’autant plus irrésistible qu’elle se dé- chaîne de préférence sur les femmes" : Hélène (fig. 7391), Médée, Pasipliaé, Ariane, Phèdre, llippodamie sont autant de victimes qui l’ont subie comme une sorle de fatalité’"'. Cruelle el douce à la fois, dispensatrice do tourments et de bonheur, .phrod.ile est une puissance invincible"’ ; un poète la fera même triompher de la mort, quand il évoquera les amoureuses errant aux

1 Theoy. 988 sq. ; cf. F’rellcr-Uoberl, Op. c. p. 370 cl 438. 11 est probable que, ilans le PhaiHhon d’Euripide, le héros élail préseulé eu relation avec Aphrodite (Wîlamowilz, Ueim. XVIII, 1.SS3, p. 396 si|.). — 2 Elle micunil et rend si beau l’humble batelier que toutes les l’enimes de Lcsbos. el parmi elles Sappho scion la comédie atli.|uc, brûlent pour lui de la plus vive passion (cf. rrcller-ltobcrt, Op. c. p. 37il. — 3 l’remier roi de Chypre (//. XI, iO), prôlre d’Aphrodite (l’ind. l’ylh. II. 13), dont il avait fondc^ le culte et les mystères dans l’ile, Cyniras t’-lait l’ancitre de la famille sacerdotale des Cynirades. qui posstîdaienl Iiér^dilaire- ment la prêtrise à Paplios el à Amalhonlc (rrellcr-Kobcrt, Op. c. p. 3G9 ; Niisson, Griech. t’este, p. 303). — * Elle le sauve «les Sirènes et le comble de son amour ; ils eurent un fils, Eryx (Pretler-Uolert, Op. c. p. 371). — ii La prédilection d’Aphro- dite pour Paris, dè^à mar<|uée dans ’ 1 liait i, se montrait aussi dans les Chants Ci/priens (cf. Koscher, LeT. p. 1936). — « l’reller Itoberl, Op. c. p. 370. — ’ V. p. 7i5. Le scbol. Tzelz. ad Lycophr. S3I, donne Priape comme leur lits. — 1* Preller- Itobcrt, Op, c. p. 370-71. On leur donne parfois comme (ils, ouli-e Enée, Lyros ou Lvrnus. le fondateur de Lyrnessos (Apollod. lil, 12, i’3 ;cf. Roscher, Lcx. p. 3381.

— 9 Hom. ffymn. V, 53 sq. — 10 La rose, toujours blanche auparavant, fut colorée du sang d’Adonis (Biou. Jd. 1, ~i) ou de celui de la déesse blessée au pied par une >-pine, tandis qu’elle se précipitait au secours de son favori (Paus. VI, : !i, 7). l> après Bion (/. c), l’anémone naquit des larmes d’Aphr04lile, mais selon Ovide t.Uet. X, 733) du sang d’Adonis. On disait aussi iServ. ad Aen. X. It>)quc la déesse avait métamorphosé Adonis en rose. Cf. iloscher, Lcx. p. 7i. — 11 Hom. Bymn. V, i (seules, .-Mhèna, Artémis et Heslia lui résistent, id. 8, 16, t’)', Soph. Ant. 7s4. Eur. Uipp. 1-2. — lû Eur. Uipp. 6. — 13 On la vénérait, à Mégarc, sous le nom d’I-tiTTçosia (Paus. I, 40, 6), celle qui inspire l’inclioalion. On signale aussi à Thcbes une Aphrodite à-oe-ijoséa (Paus. IX, 16. 3 = Venus Verlicordia), celle qui inspire l’aversion ou détourne de l’amour (cf. Preller-Koberl, Op. c. p. 368, n. 3, el lloscher, Lex. p. 400). — 1’ Koscher, l. c ; Preller-Roberl, Op. c. p. 360 sq.

— 15 preller-lîobert, Op. c. p. 372-73. Dans l’Odyssée (4, 251) Hélène appelle son amour fatal une izr,, qui lui a été envoyée par Aphrodite. Notre (ig. 7391 = l’urlwangîer et Reichbold, Griech. Yasenmalcrei, pi. «5 ; Perrol, X, p. 475, lig. Î73 (skyphos de Macron el Hiéron). — 16 Eur. Bipp. 348, 4i3 ; Soph. Ant. 778 sq. ; fr. 836, Nauek. — 17 Virg. Aen. VI, 444 s<|. C’est surtout à partir de l’âge classique, et grâce à la tragédie, que s’est développée la conception de la puissance absolue d’Aphrodite sur le cœur de l’homme. Elle est beaucoup plus limitée chez Homère, et la poésie tiiéogonique met surtout en relief son impor- tance cosnii’iue cf. Griippe, Op. c. p. I363-G«). — 1» Artemid. Il, 37 : -f.’û.Mj-.’x II

Knfers, dans les bosquets de myrte, toujours en proie à letir souci ’

Aphrodite se présente aussi à nous avec le caractère moins tragique d’une simple divinité du plaisir ’^ Une interprétation postérieure a spécialisé dans cette fonction la l’andèmos, mise dès lors en opposition radi- cale avec Uranie, la déesse de l’amour noble el pur ’", bien que celte opposition d’ordre moral ne repose sur aucun fondement mythologique-". A tilre de déesse du plaisir, Aphrodite était entourée, en Grèce, comme en Asie, d’hiérodules qui se prostituaient aux visiteurs des temples [iiiERODULi]. Cette forme de culle parait dériver^’ d’un autre usage constaté en Asie ", à Chypre-’, et même en Grèce -•, d’après lequel les jeunes lilles, avant leur mariage, ou les fem- mes, une fois dans leur vie, de- vaient sacrifier leur pudeur à Aphrodite, et faire commerce de leurs charmes. L’argent gagné de la sorte enrichissait le sanc- tuaire de la déesse’-», ou servait à la constitution d’une dot ".Mais, outre que ces derniers détails sont d’une date relativement récente, il semble bien, qu’à l’origine, l’usage en question

ailété spécial aux jeunes tilles’-', ""

qui ne pouvaient s’abandonner qu’à des élrangers -". Cette pratique prématrimoniale n’était qu’un expédient pour détourner sur un tiers le péril que l’imagination des primitifs attache au commerce avec une vierge - l- :ile n’avait d’abord rien à voir avec la religion, mais elle a été englobée par le culle de la divinité qui présidait

i.l%ilr, rifl ,.,.-.«-.ia ;... suvii-a,’^. :» l»t’.. .’tla.— l’J Cf. p, 722, n. I. L’anlithèse établie par les philosophes peut avoir son origine dans les allributs donnés par l’art ii chacune des divinités (tortue et bouc ou chèvre), non moins que dans une iiiter- prclalion erronée du nom de Pantlùmos. Qannl aux artistes, et en particulier Scopas, représentant à Élis, auprès de Y Uranie de Phidias, la l’andémoa chovau- chaut un bouc (Paus. VI, 23,1) ou une chèvre (Collignon, .Sculpl. rjrecg. l,p. 231. ; .Scopas et Praxit. p. 32), ils semblent élre inspirés non par des considérations morales (v. pourtant Gruppe, Op.c. p. 1363, n. 9), mais par une iincienile tradition fondée sur le caractère primitif de la Pandèmos (Collignon, Scopa.i el Praxit. /.c). Sur les nombreuses représentations de V [Cpitrafiia, v. Uruppe, Op. c. p. 13.,4, „. I). _ 20 preller-liobert, Op. c. p. 335 ; Gruppe, Op. c. p. 1363. Selon Furlwiin- gler (Sitz. ber. Uai/r. Ak. 1899, 2, p. 590 sq.). Pandèmos est une divinité sidérale, tout aussi céleslec|u’Uranie. Son attribut de la chèvre, qu’on voit, par exemple, sur le monument du Cab. des Méd. (lig. 7393), et sur plusieurs terrcs-cuiles de Béolie, vient sans doute do sa nature stellaire (Collignon, Hcopas el Praxit. p. 32-33). Peut-être devinlellc une déesse de la lotalité du peuple, par opposilion a Apaturia la déesse des familles (Gruppe, Op.c. p. 1365). Les anciens explii|iiaicut son nom en disant qu’il rappelait la réunion des dèmes par Thésée (Paus. 1,22, 3), ou la réunion de toul le peuple en ecclèsia par .Selon (Apollod. ap. Car. Millier, Frar/m. hist. gr. 1, 431, 18). On y a vu, cnsuile, un vocable désignant l’Aphrodite populaire (= Vulgivaga), dont le leinple aurait été fondé avec le produit des maisons de prostitution (Allien. XIII, 569 d-e.) — 21 C’est la Ihése développée par NiIsson, Op. c. p. 304 sq. — 22 A Babylouc (lier. I, 199), à lléliopolis (Sozom. V, 10), â Byblos(Luc. Ùc .S’yr. den, 6), en Arménie, à Akilisénè, dans le culte d’Anaïlis (.Strab. XI, p. 532), en Lydie (Ilcrod. I, 93). Exemple analogue dans le nord de l’Afrique (Val. Max. II, 6, 15). - 23 Herod. 1, 199, 7 ; Just. XVIII, 3, 3, dont il ne faut, d’ailleurs, pas prendre tous les détails à la letlre (Niisson, Op. c. p. 365). - 24 Chez les Locricns Épizéphyrions (Alhcn. XII, 516 aj. - 2- A Babylone et à Byblos par exemple. — 26 C’est ce que dit Hérodote pour les Lydiennes. Cf. Preller- Roberl, Op. c. p. 376. — «7 Niisson, Op. c. p. 366. II se pourrait, d’ailleurs, que dans les textes précités où il n’est pas question île jeunes lilles (Herod. I, 199 ; Luc. l. c), le terme général de --"i, fût employé pour -«jOi-o ; ou «ay^lf <l"e """* trouvons partout ailleurs. - ’2» Herod. I, 199 ; Luc. l. c. et peut-être Sozoménes et AIhénée. D’après NiUson, il en était toujours ainsi {Op. c. p. 366). - 29 .Niisson, Op. c. p. 366-67 ; cf. Farnell. Arch. f. ItMi/ionsu !. VII, 1904, p. 87 sq. ; Crawley, The Mystic Itoie, passim ; S. Rcinach, Cullvs, Mythes et /tel. I, p. lll’sq.