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conventionnels ou empruntés à la vie quotidienne, qu’on trouve énumérés à rarlicle iiistrio, p. 223-226. Les courtisanes, comme nous l’avons dit, portaient, à Rome, un costume qui empêchait qu’on ne les confondît avec les matrones [meretrices, p. 1839]. Elles ont une tunique courte dépourvue à’instita et, par-dessus, une toge de couleur sombre et de même forme que celle des hommes’. Mais, hors de Rome, le règlement n’était pas appliqué avec beaucoup de rigueur et au W siècle, à en croire Tertullien, il est fort difficile de distinguer, à la mise, une honnête femme d’une courti- sane-.

11 y a dans le monde romain une grande variété de chaussures, dont la mode et les exigences du moment changent indéfiniment la forme. Le costume national romain exige les souliers [calceusI ; on en distingue plu- sieurs sortes, parmi lesquelles le mulleus oncalceuspa- l7’icius’ le pei’o qu’on poi’te à la campagne. L’usage de la sandale est d’origine grecque et s’introduisit assez difficilement à Rome [solea, crepida, oallica], du moins pour la vie extérieure. Les convenances exigent que les femmes soient chaussées de souliers, et non de sandales ; mais dès le i" siècle avant notre ère toutes les variétés de la cordonnerie grecque sont adoptées par les patriciennes.

La coiffure type des pays italiens est le pileus. que tous les Romains portent le jour des Saturnales. A. la fin de l’époque républicaine et au début de l’Empire, la coutume est de sortir nu-tête ; le pétase grec est la coitîure de promenade. Les convenances exigent que les femmes aient la tête couverte d’un pan d’étofl’e ; elles portent d’abord le tutulus étrusque, puis au temps de l’Empire elles adoptent les coiffures grecques.

B. — Fabrication et commerce des vêtements. — L On trouvera aux articles textrinum, lana, linum, tout ce qui concerne la préparation des étoffes destinées aux vêtements, et aux articles cnRYSocRAPiiiA, imirygio, ce qui touche à l’ornementation ; nous nous contenterons ici de traiter brièvement la question de la fabrication des vête- ments. Notons d’abord que le caractère particulier du costume antique réduit à sa plus simple expression l’art du couturier (ifjLaTioupYtx/i) et fait qu’il se confond presque complètement avec l’art du tisserand (û(pav- Tix/i) ", puisque le plus souvent la pièce d’étoffe est employée telle que la fournit le métier, et que le vêlement ne- subit nulle autre « façon ». La couture { àxECTTix/î) n’intervient que pour rapprocher les bords de l’étoffe dont sont faites les tuniques, et pour lés vête- ments à manches et à capuchons. Nous trouvons cer- taines industries spécialisées, ainsi dans la fabrica- tion en gros de telle pièce du costume, par exemple du manteau ou de la tunique (/Xa,u.uBoTtoi(a, /XafiuàoupY’a, //.aviSoTtoua, È ;wu. !ooTC</îa, ( !tc.) ^ Cette fabrication « en gros » s’est substituée à l’Industrie domestique, qui, à

1 De là l( !ur nom de lognla ou nic>mc ilc to(ja (Tib. IV, 10, :lj. — 2 Tert. />(.• cultu fem. M. — 3 Le calccHS senatorius, porté par les sénateurs qui n’ont pas droit au calceiis patriciua, est une sous varMlé. Aux derniers temps de l’Empire, la chaussure aristocratique est le campacus. — 4 Plut. QimcsI. rom. li, p. 329 U. — 6 V. en dernier lieu, H. bUimncr. Technologie iwd Terminologie, 2" M. 1912, p. 200 sq. — li Plat. Polit. 2S0 a et 283 a. — " Xcn. Memor. 11, 7, ;i sq. ; Pollm, VII, 139. — » Los grands personnages de lépoque homérique ont de véritables ateliers, où liguront des esclaves étrangères, habiles aux beaux ouvrages (rif,«.X), !« ip^a). — ’J Contra Timarch. 97. — lo Corp. inscr. lat. VI, 855t, 9979 sq. — M C. i. l. VI, 76*7. - 12 Lampr. Al. Sev. 41, 3 ; C. i. l. VI, 8502. — 13 Naev. «p. Non. IM. 1. — U C. i. /. IV, 733 ; V, 5921, etc. — m Cad. Just. M, t ; Hd. Diocl. VU, M sq. — fC Sans doute fabricant de vélcmcnls tins :

l’origine, fournit la maison de tous les vêtements néces- saires ’. Eschine parle d’un citoyen qui possédait huit pu neuf esclaves exerçant le métier de cordonnier et une femme haljlle à travailler les tissus d’Amorgos’.

A Rome, les fabricants de vêlements sont appelés oeslici"’, vestifices^ i^cftilores^. Nous trouvons aussi des spécialistes nommés /jfff/t«/« ;’tî’% sagarW^, bra- carii^^, teniiiarii"^, et, dans une énumération comique de Plante", les pataç/iarii, les hiditsiorii, les manii- learii, les limbofarii, desquels on ne peu t savoirsi ce sont des fabricants ou des revendeurs. Au temps de l’Édit de Dioclétien(30iap.J.-C.) bracariu.s désigne un tailleur en général ", et snrcinator celui qui confectionne les vêtements de dessous ; mais ce dernier mot s’applique le plus souvent aux revendeurs, qui sont soit des esclaves, soit des ouvriers établis en boutique. Enfin il nous faut mentionner les foulons {fullones, Invatores, lotores), qui donnent une jeunesse nouvelle aux vieux vêtements et font subir un apprêt aux pièces d’étoffe " fFULLONiCA]. IL — Des indications fort utiles sur le commerce des vêtements et des étoffes ont été données à l’article MERCATURA (p. 1764). Les tissus [furent toujours, dans le monde grec et romain, l’objet d’échanges très actifs. A l’époque homérique, on demande aux Piiéniciens les tissus de lin et les étoffes teintes de pourpre ’■"’. Plus tard, lorsque l’industrie grecque eut pris du développement, certaines villes possèdent des fabriques renommées d’étoffes et de vêtements et exportent au loin leurs pro- duits. L’Asie Mineure, surtout Milet, fournit des tissus d’une laine particulièrement fine-’. Amorgos fabrique des étoffes admirables par leur finesse", de même que Cos ’cOAJ. Mégare a la spécialité d’une étoffe grossière dont on fait les vêtements d’esclaves" ; la plupart des Méga- riens, dit Xénophon^’, vivent de cette industrie. Les colo- nies de la Méditerranée occidentale exportent les étoiles siciliennes aux couleurs mélangées " et les toiles de lin de Tarente^^ Pellène, en Acliaïe, vend des manteaux’^. Enfin nous avons vu qu’après les expéditions d’Alexandre les étoiles d’Orient (soie et coton) pénètrent en Grèce [sericum]. Lorsque le centre du monde économique se déplace au profit de Rome, la capitale de l’Empire est le point d’affluence des produits industriels du monde entier : les provinces de Gaule, d’illyrie, de Germanie, d’Es- pagne, d’Afrique fournissent Rome de tissus et même de vêlements ouvrés. On trouverai mercatira, p. 1778, le tableau très complet des relations commerciales de Rome avec le reste du monde antique.

Le commerce de détail des vêtements en Grèce nous est assez mal connu. Pollux nous donne quelques brefs renseigneinenls sur les iuLaTto :tôiÀat’-',ou IjAaTioxiTtïjÀot ^’ ; certains d’entre eux étaient des esclaves qui vendaient au profit de leur maître les produits de leur fabrication sur l’agora^". 11 y avait en outre, à Athènes, un marché

c. i. l. V, ii777 ; VI, 19211. —17 Plaut. .{ul. 30s sq. — n Ed. Oiuet. VU, ii. — l’J V. Bliimner, Technologie u. Terminologie, i’ 6d. (1912), p. 170 sq. Pour conserver les vôtemonts et leur donner du lustre, on les tnet sous presse (phki,um|. — 2» i ;f. Bfrard, Les Phéniciens et VOdijssée, t. I, p. 109 sq. — ’• !’ V. Bliimner, Gewertiliche ThCdigheit, p. 25 sq. ; Franeottc, L’industrie dans ta Grèce ancienne, p. 151 sq. ; P. ûuiraud, La main-d’ostivre induslr. dans l’anc. Grèce, p. .ïU sq. — 22 Corp. inscr. altic. U, 73t, 758. Cf. Aescli. C. Timarch. 97. -23Aristoph. Ach. 519. — 21 ,Xcn. A/eni. Il, 7, 0. — 25 Athcn. Il, 59 f. — sspollux, IV, lOV. — 21 Bliimner, Op. l. p. 85. — «8 Pollux. VU, 60. Cf. Eusth. Opiisc. 99, 01. ’U i)Aation’ùXt ; est le titre d’une comédie citée par Alhcn. 111, 7G a. -^ 20 Lucian. fie merc. cond. 31 ; Pseudol, 28. — 30 Aescli. Contra Ti/narch.