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Ce sont là des renseignements qui ont été donnés à propos de chaque catégorie de troupes [legio, praetoriani, lîRBANAE COHORTES, elc] OU de cliaquc sorte de vêtement [rracae, caliga, lacerna, paenula, paludamentum, etc.j. Nous nous occuperons seulement de la fourniture des vêtements et de l’organisation du service compétent.

A l’origine, l’Élat habillait les soldats sans leur demander aucune participation en nature ou en argent. Nous voyons dans Tite-Live que, au cours des guerres un peu longues, on envoyait de temps en temps des vête- ments aux armées en campagne ; le trésor fournissait aux dépenses et payait les fournisseurs, ou avait recours aux fermiers publics, qui faisaient les avances nécessaires’.

Un autre procédé consistait à obliger les peuples vaincus à payer en vêtements tout ou partie de la contribution de guerre qu’on leur imposait : c’est ainsi qu’en WO de Rome les Romains demandèrent aux Samnites de fournir un habit pour chaque soldat ’^ et qu’en ."US les Espagnols furent taxés de même sorte ^

Les choses changèrent quand fut établie une solde régulière [stipe.ndium]. On sait qu’à l’époque du siège de Vêles le Sénat jugea nécessaire de modifier l’état de choses existant. Désormais le trésor versa aux légion- naires une indemnité semestrielle ou annuelle, suivant la durée des opérations militaires engagées. On ne saurait dire si, dès celle époque, le régime adopté pour la fourniture des vêtements fut modifié : il faut descendre jusqu’au temps de Polybe ’, pour avoir des renseignements précis. A ce moment la règle étail que le questeur, chargé de payer la solde des troupes, devait retenir sur la somme allouée à chacun les frais d’habillement. Il est bien probable que cette règle subsista jusqu’à la fin de la République. Nous apprenons, il est vrai % que, au cours de son tribunal, C. Gracchus fit passer une loi qui ordonnait d’habiller les soldats sans rien prélever sur leur paie ; mais c’était là une avance de politicien désireux de favoriser le peuple et de lui plaire.

lin tout cas, si la mesure eut quelque durée, elle fut abolie dès le début de l’époque impériale : à la mort d’Auguste, les soldats se plaignaient, suivant Tacite *, que sur les dix as de leur solde ou leur retenait une part pour leurs vêtements, leurs armes et leurs tentes. 11 en était encore ainsi à la fin du i*’ siècle. Dans un relevé de comptes de deux légionnaires d’Egypte, qui nous a été conservé par un papyrus ’, on lit que sur la solde payée à l’un d’eux, se montant à ^48 drachmes, tous les quatre mois, l’Étal prélevait 36 drachmes pour les chaussures et, pour les vêlements, une somme de 20G drachmes, soit à peu près le tiers de la solde annuelle.

Ultérieurement on revint au système de la gratuité : l’auteur de la Vie de Sévère Alexandre^ et Végèce’ sont d’accord pour l’affirmer. On peut le conclure aussi du

I T. Liv. XXllI, 4S ; XXVU, lo, 13 ; XLIV, lo. — i Id. VIII, if,. — 3 Id. XXIX, 3,

— ’ Polïb. VI, 30, M. — Splul. C. Gracch. i. — Tac. Ann. I. 17. — Xicolu el Morel, Architiea militaires du J" siècle : .Mommscn, Gesammelte Sehriften, VI, p. Ii3 sq. ; R. Gagnai, Journ. des Savants, 1900, p. 373 cl sq. ; von Premcrslcin,

Klio, 1903, p. 1 el sq. — 8 Vita Alexanrlri, 5i cl 33. — 9 Vegel. II, 19. 10 tW.

Th. VII, 6 ; cf. Godefroy, ad Cod. VII, Paralitlon. — il Cf. Ammian. XXI, C.

— 12 Cod. Theod. VUI, 5, 33. — 13 Jhid. VII, 6, S.

VESTITUR. — ’ Lamprid. Alex. Sei 41, 3. — 2 Ce pourrail élre le cas d’un veslilor Aug. (Urulcr, 1111, 3) cl d’an veititor imperalorum (Muralori, 184i, -l ; /(omai’u6(erron. 111,3.) — 3 PIul. J/or. II, SOli E. —4 Firm. Mat. AlatAes. III, ii, 5.-5 Id. III, 9, 9. — 6 Thcophan. rl,ron. p. i26, IG de Boor ; CoDsl. PorphiT. De

titre qui, dans le Code The’odosien, traite des vêtements militaires’". Il nous montre qu’au iv" el au v° siècle les uniformes étaient livrés comme impôt par les pro- vinciaux", le mode de fourniture variant avec les pays. Tantôt les contribuables payaient en nature ; les vête- ments, après avoir été soumis à un examen de récep- tion, étaient transportés dans des magasins spéciaux, d’où ils étaient livrés aux troupes ’^ ; tantôt les contri- buables s’acquittaient en argent : dans ce cas l’Étal versait une certaine somme, les .j/6 du total, entre les mains des soldats éprouvés, pour qu’ils se chargeassent eux-mêmes d’acquérir leurs vêlements, et réservait le reste, 1/6, aux ateliers impériaux, lesquels, en échange, livraient aux conscrits el aux jeunes troupes des habil- lements tout confectionnés [gynaeceum] .

Il n’est pas possible de dire si le même système était appliqué sous le Ilaut-Kmpire ou si l’on avait recours à d’autres méthodes, par exemple à l’adjudication.

R. Gagnât.

YESTITOB. — En général tailleur, fabricant d’ha- bits’. Mais peut-être les empereurs romains avaient-ils à leur service des restUores chargés de les aider à se vêtir-, comme il existait un utoXcot/ic des dieux’, des vestitoi’es deorum^ ou diviiiorum siinutacroruin^. En tout cas, à l’époque byzantine, celte charge est attestée dans les auteurs" el les inscriptions Le Pcttîtojo, officier de la chambre impériale, gardait les insignes du pamÀeûç et l’en revêtait dans les cérémonies. . Chapot.

VETERAiMJS. — On désigne sous ce nom le soldat libéré en vertu d’un congé honorable [uonesta missio] après avoir achevé son service militaire ’, dont la durée réglementaire variait selon le corps auquel il apparte- nait [exehcitus]. Ce nom est attribué à tous les anciens militaires de cet ordre, depuis le simple soldat jusqu.’au centurion -, sans qu’il y ait lieu de distinguer entre eux selon qu’ils ont servi dans les cohortes prétoriennes ou urbaines, dans les légions, dans l’armée auxiliaire ou dans la Hotte ’.

Les vétérans avaient coutume de célébrer avec une certaine solennité le jour de leur libération ; nous pos- sédons plusieurs monuments élevés, à celle occasion, par des prétoriens, des légionnaires el des équités sin- ijulares. On y lit, sous la rubrique veterani missi honesta missione, les noms des libérés avec l’indication de l’année de leur enrôlement et de celle de leur congé- diement’. Dans une des inscriptions’* de cet ordre relatives aux équités singtilares, le mot emeriti rem- place celui de veterani, ce qui montre bien que ces deux expressions ont la même signification [emehitus]. De là vient le sMvnom A’ e mérita fréquemment ajouté aux noms des colonies de vétérans, et l’expression emeritum usitée poiir désigner l’ensemble des avantages attachés à la vétérance. Dans les inscriptions privées le vétéran mentionne parfois le corps auquel il appartenait, avec

ccrNii.p.fjS, Bonn ; Thcod. Slud. £’/ ;isr. Il, 1 1 V {l’atr.ijr. XCIX, I3,su C). — 1 Inscr. du Musée du Cmquanlenairc i brusellos, Fr. Cunioiil, Catui. des scul/it. et inscr., Bruiellcs, 1913, p. 170, n» lU : iv5. ;(o- :dTou) ?i !7tiTo(f.> ;) S£<i ;.ot.«(»=). vi» siècle. VETERAMJS.— ’ Dig. XLIX, I8,2pr. : konesle sacramento soliilis. Coil.Ju.st. IV, îl, 7 : si solemnibus stipendiis et honeste sacramento solutas es .... vête- mnorum prii.-ilegia te uaurpare passe dubium non est ; cf. Dirj. XXVU, 1, 8 pr. — i Dig. XXIX, 1, 21. Sur la rarclé du nom de viiléran chez les ccnlurions, voir .Moramseu, Ephem. epigr. V, p. 161, el von Doniaszcwski, Die Ilangordnung des rom. aeeres, p. 78. — ’iDig. XXVII, 1, 8, G. — 4 Dcssau, Inscr. sel. 2101 sq. ; Ilonzen, Annali, d. ht. 1883, p. iOO. — 5 Annali d. Ist. 1883, p. 388, n. 3 ; f. I. /. XII, ilM.