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le rôle financier des curaloi^es viarum prit une exten- sion nouvelle. C’est à eux que fui confiée, dans la plu- part des cas, la surveillance de magistrats municipaux qui géraient les fondations alimentaires instituées par Nerva’ [alimentarii pueri]. On rencontre à celte époque dos personnages qui portent le double titre de curalor vlae, praefectus alimentorum ^ ; curator viae et prae- l’ectus alimentorum^ ; curator viae et alitiientorum’ ; l’auteur de la Vie de Marc Aurèle dans V Histoire Au- guste va même jusqu’à employer l’expression de cura- tores vinrumet regionum’, tant était grande l’influence que donnait aux curateurs l’adminislration des dis- tricts alimentaires, dont la répartition territoriale était fondée sur les divisions résullant du tracé des grandes voies. Cependant la cura viarum et la praefectura ali- jnentorum constituaient théoriquement deux fondions distinctes S et il y a des praefecli alimentorum qui n’étaient pas en même temps curatores viarutn Les curatores viarum existaient encore sous le règne de Constantin* ; il n’en est plus question dans la A’otitia dignitatum ; le soin des routes appartient alors en Italie, comme dans les provinces, aux gouverneurs.

La création des curatores viarum, dont l’autorité s’étendait jusqu’aux portes de Home, avait entraîné la suppression des // viri viis extra urbem purgandis, peut-être dès l’an 20 av. .I.-C, en tout cas antérieure- ment à l’année 13 ’. Au contraire, les IV viri viis in urbe purgandis de l’époque républicaine furent main- tenus et continuèrent à assumer l’entretien des voies de la capitale, concurremment avec les édiles’" et sous leur surveillance ; les inscriplionslesappellentliabituellenienl IV viri viarum curandarum " ; leurs fonctions faisaient partie du vigintivirat ; elles rentraient parmi celles dont il fallait avoir exercé l’une ou l’autre avant de briguer la questure’-. D’après Suétone, Claude déchargea les ques- teurs du soin de pourvoir aux frais du pavement des voies, stratura viarum ’•'. M. Hirschfeld suppose avec raison que ces mots concernent le pavement des rues de Rome, dont les dépenses incombèrent désormais au fiscus en même temps qu’aux riverains". Une inscrip- tion loue Vespasien d’avoir remis en état toutes ces rues, que ses prédécesseurs avaient négligées’^ On trouve par ailleurs la mention d’un procurator ad silices sous . tonin le Pieux", d’un procurator regionum urbica- rum, contemporain de Commode, auquel on avait donné la mission de repaver les deux tiers des rues de Home ’ ', enfin à’nn procurator silicum viarum sacrae urbis sous

1 Mommseii, Op. cit. V, p. 385 : 0. Hirsclifeid, Op. cil. p. 215 ; C. Jullian, Op. cit. p. ii3. - 2 Corp. inscr. lat. V, a’ 865 ; VI, n» 1«8 ; XIV, a’ 33’J9.

— 3 Jiid. XI, n" C338. — * Jliid. VI, u" lii’J, tûO’J, I5i9 ; XIV, n" 3993.

— i hitl. Auf/. Marc. ♦. — 6 L’appiicalion du séostus-consûlle de êumptibua iMlorum (jladiatoriorum minuendis [Corp. inscr. lat. II. ii» 6i78 ; commcu- lairc de Mommsen, JCphem. epigr. Vil, p. 3Sk, et Oesamm. Schriften, Vlll, p. 490) esl coulicc eD Italie praifeclii alimentorum] aiaderant, cet viae cura- lori (I. «). — ’i Corp. inscr. lat. VI, u" 133i ; X, n- 5398 : XIV, w 30iil.

— » Ibid. X, n" 373Î, 5061, C89i. — 9 Dio Cass. LIV, iO. Uapiès Moiiiruscu, les deux curatores viarum ei senatus consulta, conteniporaius d Auguste, auraientpri ? leur place momeDtanément. — 10 Sur les fonctions de voirie des tdiles de Rome à Icpoiiue impériale, cf. Suct. Yesp. 3,3 ; Dio Cass. LIX. li : Diijtst. XLIII, 10.

— Il Par exemple : Corp. inscr. lat. VI. n" 140C, U4i, U30, 1317, 1549, etc.

— li Mommsen. Op. cit. IV, p. 31i. D après Mommsen, c’est pour eui cl non pour les édiles appelés en grec 4-oçoi.o^ot que le jurisconsulte Papinien aurait écrit ce manuel de la profession des 4<r :a, !>jio-. dont il est question au Digeste, XLIII, Kl.

— 13 Suel. CtaU’J. î^. — I* 0. Hirscbfeld, Op. cit. p. iUl, n. 1.-13 Corp. inscr, lat. VI, n» 931. — 16 Jt,id. n» 1398. — il Ibid. XIV, n« Î9ii. D’après 0. Hirscli- feid, loe. cit. n. S, le troisième tiers aurait été repave par les édiles au compte de X’aerarium. — 18 Ibid. XI, n’ 6337. Les Régionnaircs signalent à Rome, sous le Eas-Empire. IViislcnfé l’c Cmtra silicariun’im. — l’J yj,»/. m, n" 0575 et ’li’.

Seplime Sévère ou un peu plus tard ". A la même époque parait un procurator viarum urbis^"^, de rang équestre, qui seconde les édiles et les IV viri viarum curanda- rum. L’institution des curatores regionum par Sévère .Mexandre-" entraîna le déclin, puis la disparition de tous ces fonctionnaires. Sous le Has-Empire le soin des rues de Rome concerne désormais le préfet de la ville, assisté des curatores regionum, des vicomagislri et du curator operum publicorum ; à Constantinople existe aussi un praefectus urbi, investi des mêmes attributions que son collègue de Rome.

Dans toutes les cités d’Italie et de province l’adminis- tration de la voirie, c’est-à-dire à la fois des rues de ville et des chemins de la campagne [viae vicinales), tcsIb, confiée sous l’Empire aux magistrats locaux. Ceux-ci l’indiquent quelquefois dans leur titre même et l’on relève dans les inscriptions la mention de qualtuorviri viarum curandarum’-^ et d’un duumvir curator via- rumstertumdarum^- ; d’ailleursles décurions pouvaient désigner au besoin des curateurs spéciaux pour s’occu- per de ces matières’^'. D’autres textes épigraphiques signalent des travaux de voirie exécutés par des duum- virs-’ ou des édiles". Les frais retombaient sur les possessores voisins^’ ; on pouvait y faire face aussi à l’aide de taxes de péage  ; dans certains cas les magis- trats eux-mêmes-’, des corporations sacerdotales" ou de simples particuliers"^ les prenaient à leur compte.

Quant aux grandes roules provinciales, leur con- struction et leur entrelitm continuaient à faire partie des attributions des gouverneurs". Les empereurs interve- naient parfois pour subvenir à l’établissement ou aux réparations de ces voies comme de celles d’Ilalie^-. Mais le plus souvent les dépenses étaient couvertes exclusi- vement par les impôts que payaient le^ provinciaux". On avait recours, pour qu’elles fussent moins élevées, à la main-d’œuvre pénale^’* [opus publicum] ou militaire j^LEGlO, p. 1063].

La police des rues et routes était réglementée par des édils émanant des différents magistrats dont relevait la voirie urbaine, italique ou provinciale". U n’était pas permis d’encombrer les voies en y déposant des meu- bles’" ; les foulons ne pouvaient y suspendre des vêle- ments à sécher, de manière à gêner le passage ’^ ; depuis le règne d’Hadrien, les véhicules chargés de lourds far- deaux n’avaient plus le droit de circuler dans la ville de HomeLVEuicuu’M] "’. L’édit du préteur contenait un certain nombre de dispositions relatives à cette matière : défense

— 20 Bist. Aug. Sec. Alex. 33. — ’il Corp. inscr. lat. V, n’ 3341. — 22 Jbid. IX, n» 2343. — 23 Digest. L, 4, 1, 2 et 18, 7. — 21 Corp. inscr. lat. X, n" 37iG, 3074, 3(588. — 25 A Pompéi, terminatio de voies par les édiles : Ephem. epigr. Il, n» ÏO, et ZvetaieIT, Syll. inscr. oic. n» 73. Sur les aedilee v. a.i. p. p. de Pompéi, où l’on a voulu voir, sans raisons suffisantes, des aediies v(iis) a(edibus] s[acris) p(ublicis) pirocurandis), cf. Corp. inscr. lat. X, p. 109. — 2» Sic. Klacc. loc. cit. : per mugis- tros pagorum qui opéras a possessoribus ad cas tuendas exiyere sotiti aunt.

— 27 Corp. inscr. lat. XI, n’ 3694 ; vectigal viae silici stratae. — ’-» Ibid. IX, u" 438, 1048, 1156, 2343. — ’29 Ibid. XI, n« 6126 {seviri Augustales).

— 30 Ibid. XI v, n» 4012 (un accensus velatus, dispensé eu celle qualité de contribuer à l’enlrelien de voies, fait paver spontauémeul et Ijorder de trottoirs un cliemin en pente, cliuus). — 31 liigest. I, 10, 7, 1. — 32 Corp. inscr. lat. Il, n» 4918 ; III, n" 310S- ;i2Ol et 10136-10139 ; Vlll, n«< 10114 et 22173.

— 33 Ibid. 111, n" 199, 3202, 13360 ; Vlll, n" 10322. 10327, 10328 [via munitn de vectigali rotari). Contrairement à W". KuWtscliek dans les Jahreshcfte des oesterr. Instituts, 1902. p. 20, n. 5, 0. Hirsclifeid, dans les SUzungsber. der preuss. Akad. der Wissenach. 1907, p. 177, estime que, même au déliut de l’Empire, le fiscus n’a pris qu’une part très restreinte au réglemenl des travaux do la voinc provinciale. — 34 Par exemple sous le règncde Caligula, des citoyens sont coudamnés ad munilionem viarum (Suet. Calig. 27). — 36 Cf. Ligett. livre XLIII, titres 7, 8 et 10. -30/6 ;d.xvill,C. 12. --^ Ildd. Xl.lll. m, ». — 38/y,’8(. .i,,,, Hadr.i-l,’ :.