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du manteau, et la main droite tenait un gros oiseau, sans doute le coq d’Asclèpios. Les trois Nikès de l’Arlé- niision, variantes rajeunies de Paeonios en moindre style, servaient aussi d’acrotères ; l’une d’elles, qui accroche le manteau à ses ailes et le ramène en plis tourmentés sur sa poitrine, est évidemment posté- rieure ’. A la même lignée se rattache une Nikè d’Athènes, trouvée près de la base d’un monument que dédièrent trois phylarques en souvenir d’un prix hip- pique - ; elle est attribuée àBryaxis, qui l’aurait sculptée vers 330. Nous ne connaissons que par Pausanias les deux Nikès érigées à Sparte par Lysandre, en commé- moration de ses victoires d’Éphèse et d’Aegos-Pota- mos(40o) ; elles se dressaient sur des aigles, particularité assez rare, puis- que Pausanias prend la peine de la signaler ^ Un type de Nikè assise, sur des monnaies d’Élis qui remontent à la fin du v« siècle (fig. 7i(jO), doit re- produire une statue célèbre de cette ville ou d’Olympie *. Au début de l’époque hellénistique apparaît ou du moins se répand un nouveau type, celui de la Nikè tropaeophore^ Aux funérailles d’Alexandre, son cata- falque était surmonté d’une Nikè dorée, fiui portait un trophée d’armes ^ Les monnaies d’Agathoclès de Syra- cuse, au type de Nikè clouant des armes à un trophée anthropomorphe (flg. 1G14 = 7106) et celles de Séleu- cus 1", au type de Nikè couronnant un trophée (flg. 7110) ’, rappellent probablement des statues con- sacrées par ces rois après le triomphe de l’un sur les Carthaginois, en 310, et de l’autre sur Antigone et Démétrius Poliorcète à Ipsus, en 301. D’autre part, c’est au succès naval de Dèmètrius Poliorcète sur Ptolémée dans les eaux de Chypre, en 30(5, que nous devons la Victoire de Samotlirace ". Debout sur l’avant d’une trière de marbre, les ailes largement éployées et frémis- santes, le corps un peu penché en avant, la tunique plaquée par le vent marin sur la poitrine qui se gonlle et sur les hanches qui se cambrent, elle tenait de la main gauche la hampe d’une slylis, pavillon de navire, et de la main droite une trompette qxii sonnait la fanfare triomphale (fig. 7161). Nikè porte déjà la stylis

1 Dcfrasse et Lccljal, Épidaure, p. 77, l0S- !C9 ; Collignou, op. cil. II, p. ÎOO, fig. 9i, 93 ; s. Reinacli, Hépert. slat. 11, p. 379, 3 ; p. 301 , 3-C ; III, p. 1 16, l ;p. 118, 10 = IV, p. 241,6 : cf. SUÎs, Guide Ut. du Musée nat. dAlh. 1, p. 31. — 2 Cavvadias, dans ’Eçr.i». èj/. 1S93, p. 39-VO el pl. iv ; Collignon, op. cit. Il, p. 308, flg. 157 ; S. Reioach, op. cit. II, p. 381. 3. Autres lypes de .Nikcs du v« s. dans Sludoiczka, op. cit. p. 390, 391 etpl. iv, il (= Hcibig-Toiilaiii, Guide ; 594, réplique romaiuc au Palais des Conservateui-s, Korae), ^’-t (liroiize d’IIcrcula- niiin à Naples), pl. vi, 3 :1-33 (statue de Paros en marbre) ; Bulle dans lloschcr, III, col. 333 sq., lîg. li-ll. — 3 l’aus. III, 17,4 ; c’est pourquoi l’on a tenté de reconstituer la .Nike de Paionios sur un aigle, cf. Kosclier, III, col. 3i3, fig. 19. Dans un inventaire de Uêlos, en i79 av. J..C., Nikè sur un -.nTTyo ; : Bull. corr. fieli. XV, 1891, p. 162, I. 60. — 4 Hcad, op. cit. p. iiO, dg. iiS ; Gardner, Types, pl. vHi, 4. Notre fig. 7460 d’après Duruy, Hist. des Grecs, 111. p. 464. — ^11 figure déjà sur <les monnaies de Lampsaque, dans la première niuitié du iv" s. : Hcad, tiiat. num. i* éd. p. 3i9, fig. Î7S. — 6 Oiod. Sic. XVIll, 15. — 7 llead, op. cit. p. 181, fig. 105. — « Head, op. cit. p. 757, fig. 33i ; cf. British Mu.i., dit. of coins, Seleucid. pl. 1, 11-13 (argent). II, Il (bronte) ; A. J. Reinacb dans Ree. étudia ijrecqiies, 1913, p. 3Si !-384cl fig. 4. On retrouve le même type sur des monnaies d’Anlioclius I" ; Hcad, p. 75s ; Brit. Mus. pl. IV, 10 ; A. J. Reinacb, loe. cit. p. 398, fig. 7. Des Victoires à palme et cou. runnc se trouvent aussi sur les monnaies de Sélenciis 1, Antioclius I, A. III. A. IV 1= notre figure 5039 el 5738), A. VIII, A. IX, et dérivent sans doute d’un monunrienl célèbre. — ’J Collignon, op. cit. Il, p. 4C3-468, lig. iii el pl. x ; Studniczka, loc. cit. p. 399-40i et pl. Il, lig. 33-53 ; Brunn-Brnckniann, Oenkm. t5 ; S. Keinach, Ripert. stat. Il, p. 380, 2 el 3 (autre Nikè provenant de Samolhrace, p. 363, 5). tlatifeld dans Bévue archéol. 1910, I, p. 132-138, soulève des objections au sujcl de t’atlribuliou de la Victoire ii Dèmètrius, et

sur des statères d’Alexandre [stylis et fig. Slo’"], et l’aplustre sur des vases peints". Le motif de la Nikè montée sur une proue n’était pas nouveau non plus ; les peintres d’amphores panathénaïques le connaissaient déjà en 332 ’^ On le retrouve, combiné avec le motif du trophée, dans une statuette du Vatican, réplique d’un excellent original qui perpétuait aussi le souvenir d’une

Kig. 7461. — La Victoire de Samolliiai’c.

victoire navale ’■'. . Pergame, une Nikè du sculpteur Nikèratos commémorait la grande victoire d’Eumène 1" sur Aniiochus, victoire qui semblait promettre aux Atta- lides l’empire de l’Asie. Cette Nikè s’élançait d’un globe, motif peut-être inventé par l’artiste pergaménien el qui fit fortune à Home (fig. 7167) ; mais, par une reclierche de complication qui est dans les traditions de l’école de Pergame, le globe reposait, semble-t-ii, sur les épaules d’un captif accroupi, faisant fonction d’Atlas". Enfin on ne saurait oublier que l’art hellénistique a multiplié les images de la Victoire sous forme de statuettes de bronze

émet l’hypothèse d’une offrande des Rbodiens ; réfuté par Lccliat dans Bev. études anciennes, 1910, p. 357-361. Monnaies de Dèmètrius reproduisant la Victoire de Saraothrace : IJoIlignon, p. 467, fig. 244 ; Studniczka, pi. jr, fig. ."16 ; llead, o/).ci(. p.. 229, fig. 14l.ot notre fig. 7447, p. 833. Notre fig. 7461 d’après Iluruy, Hist. des Grecs, ill, p. 383. — ’" On trouve déjà l’enseigne cruciforme sur un relief delà fin du v» s. : Scboene, Criech. Reliefs, 98. — n Élite cérumoijr. I, 96 ; Monumenti, X, pl. 47, b (amphore panalhéna’iquc, datée de l’an 330/5 : Nikè tenant d’une main la hampe cruciforme de la stylis et de l’autre un aplustro), 48 (amphore datée de l’an 321) = S. Reinacli, Bépert. vases peints. I, p. 210, 3 et 9. Ce sont les reproductions d’une statue : Loesclickc dans .4rcA. Zeitung, 1884, p. 96-. Reliefs à Athènes : .«chocne, Gricch. Beliefs, pl. ixiii, 97, 99 ; cf. Mueller- Wieseler, Denkm. I, pl. iiv, 45, Victoire tenant un ï«i.«<i-co-.. Voir aussi supra, p. 503, s. i’. TBOPAECM, le trophée naval. — ’2 Monumenti, X, pl. 47 d e = S. Reinacli, op. cit. I, p. 210, 5 el 6 ; Brauchitsch, Die panath. Amphoren, 1910, p. 04-63 cl 113. — ’3 llelbig-Toutain, Guide, 368 ; tête rapportée ; cf. Bulle dans Roscher, III, col. 349, d’après Amclung. Les Romains ont reproduit sur leurs monnaies, sans doute aussi dans leur statuaire, le type de la Victoire sur l’avant du vaisseau ; les plus anciens exemples sont de l’an 217 av. J.-C. : Babelon, Munn. de la Bép. rom. I, p. 318-319. Le type se retrouve encore sur une monnaie de l’empereur Constant, relative à la flotte de Boulogne : Jullian, Gallia, p. 105. — I» Cf. A. J. Reinacb dans jl/e/an»es ifoHeaiia :, 1913, p. 248 sq. et dans Hee. études ijrediues, 1913, p. 391. Voir une Nikè au globe sur un captif accroupr, dans /(ei>. études Juives, 1888, p. 25 = S. Reinacb, Bépert. stat. Il, p. 389,4, haut relief d’Ascalon. La Nikè de Nikèratos aurait tenu un bouclier (Bienkowski, Celtarum imagines, I, pl. vi 6) ou un rcHlIum (pi. VI a). .Sur le globe considéré comme symbole de la domination, cf. SittI, Adler u. Vi’eltkuijel, p. 43.