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enseigne ou pierre tombale (fig. 7498).’La scène se passe en plein air, tout près du vignoble ; parmi les pieds de vigne, des dolia sont profondément enfoncés dans le sol et bouchés à l’aide de couvercles de bois ; des esclaves vont et viennent, l’un portant une amphore vide sur l’épaule, d’autres puisant du vin dans un des doUa pour en remplir une amphore ; le marchand ou son représentant est assis à un comptoir, que semble abriter un auvent, et fait des comptes avec un client. Les marchands de vin sont groupés en corporations -. On y rencontre aussi bien des affranchis ^ que des citoyens. Le collège des vhiarii recul une consécration officielle sous Sévère Alexandre * ; il dut être tenu sous le Bas-Empire à certaines obligations en vue de l’approvisionnement de la capitale, sans que nous puissions préciser ses privilèges et ses devoirs ^ A. Jardé.

VINCULUM (Δεσμόζ). — I. Les chaînes, entraves, nœuds et liens ont déjà été étudiés ou signalés dans dilférents articles : alligati, catena, compes, nodus ; cf. aussi canis, fig. 1122 ; sERVus, fig. 6382 ; triumpuus, fig. 7094. Nous n’y ajouterons que quelques références complémentaires ou quelques monuments nouvellement publiés. Un des plus anciens exemples de personne enchaînée se voit sur le Vase François (vi° siècle) et se rapporte à la légende d’Héraliée sur son trône parles Zeu^i-o] àcpaveT ; d’Héphaistos [vulcanls], qui consentira plus tard à la délivrer, après que Dionysos sera venu l’enivrer et le ramener triomplialement dans l’Olympe’; le même épisode figurait dans un des bas-reliefs en bronze du temple d’Athéna Chalkioicos exécuté par Gitiadas ^. L’aventure d’Andromède exposée au monstre marin a fait naître aussi,

dans le réper toire mytholo gique, d’autres

représentations

d’entraves, d’un

aspect fort diffé rent, qui entou rent les poignets

comme de forts

bracelets rivés

au roc (fig. 7499 ;

cf. P E R s E u s,

fig. 5585) Des

chaînes de ce

genre se voient

aussi aux pieds

de condamnés, sur un cratère corinthien très ancien du Musée du Louvre [numellae, fig. 5339]. Parmi les récentes découvertes concernant les chaînes mises aux pieds des captifs ou des esclaves, il faut ’D’après Arch. Zeit. 1877, p. 128-130, pi. xm ; S. Reinach, i(e(if/j, II, p. 454, 1.

— 2 Corp. inscr. lut. VI, 1766 ; XIV, 318 ; Wallzing, Et. tur les corpor. profess. II. p. 96-9D. —’Corp. inser. lat. X, 543, 6493 ; VI, 9992, 9993, 9681, 9071 ; Lemonnier, Et. hist. sur la cond.priv. des a/franchis, p. S73-4. Des alTraochis se sont également adonnés à la viticulture et s’; sont particulièrement distingués (Plin. .at. kist. XIV, 48 sq.). — 4 Bist. Aug. Alex. Sev. 33, 2.-3 Walliing, Op. l. p. 99. Sur les distributions de vin, voir vim ; m. V1CCLCM. — 1 H. Thiersch, dans Jahreshefte de Vienne, XVI, 1913, Beiblalt, p. 60, Dg. 21. — 2 Pausau. 111, 17, 3. — 3 Notre Cg. 7499, relief d’urne funéraire étrusque, d’après Brunn, l’rne etrusche. II, pi. xim, n’1 (= s. Reinach, Répertoire des reliefs, III, p. 465). — 4 D’après J. Décbelette, ilanuel d’archéologie préhistorique. II, 3 « partie (1914), p. I39i, Ug. 610. Andromède enchaînée.

Fig. 7500. — Chaîne et cadenas de sûreté. signaler la trouvaille, dans le lit de la Saône, à Châlon, de trois entraves en fer, toutes pareilles et munies de serrures à clef pour ouvrir et fermer l’appareil. Nous reproduisons ici un de ces curieux dispositifs (fig.

7300)’; le cadenas,

en forme de tube,

est muni d’une ou V e r t u r e par où

pénètre la clef en

S ; la serrure in terne est assez com pliquée^ et se

compose d’un res sort à trois languettes buttant contre un cran d’arrêt ; les dents de la clef, en soulevant ces languettes, ouvrent la serrure. E. P.

IL — On a déjà parlé à l’article nodus des superstitions qui se rapportaient aux nœuds de ceintures et de parures. Nous nous occuperons ici de la croyance populaire qui attribue aux liens de toute sorte une vertu magique. Cette idée d’une infiuence pernicieuse ou salutaire, selon les cas, semble avoir été répandue chez beaucoup de peuples. Un grand nombre de textes anciens prouvent que les Grecs et les flomains ne faisaient pas exception à cet égard. Les personnes qui étaient consacrées aux dieux ° et les objets dont on se servait dans les cérémonies religieuses ne pouvaient être entourés de liens. Les femmes dénouaient leurs cheveux lorsqu’elles prenaient part aux processions’ etaux fêles dionysiaques’; les prophétesses’" se débarrassaient de tout lien qu’elles avaient sur le corps, quand elles se sentaient inspirées par le souffle divin. A Rome, il était interdit au /lamen dialis de porter des anneaux fermés ou des nœuds sur ses vêtements ; aucun objet attaché ou fermé par des liens n’était toléré dans sa maison". Ceux qui se livraient à des pratiques magiques ne portaient pas de liens dans les cheveux ni aux chaussures, pas de ceinture, souvent même pas d’anneau au doigt’^. Tout lien était proscrit dans la maison d’une femme en couches’^ Les femmes, à la mort d’un parent ou de leur mari, dénouaient leur chevelure ": c’était devenu un simple signe de deuil ; mais je n’accorderais pas à M. Sommer’^ que pareille coutume n’ait pas eu, à l’origine, des racines plus profondes. Autrement, comment expliquer que les femmes frappées d’un deuil quittaient aussi leurs chaussures’^ ? N’était-ce pas là encore, primitivement, un effet de la crainte des liens, qui eussent pu arrêter au passage les esprits qui voltigent autour du corps ou dans la maison du défunt ? L’interdiction de porter des chaussures, quand on entre dans certains sanctuaires, ou quand on pratique certains rites, se rencontre fréquemment en

— 6 Voir le détail dans J. Déchelette, La Collection Milton, p. 185, pi. nsviii, n « 1. — 6 Eur. Iph. Taur. 468 sq. — 7 Serv. ad Virg. Aen. IV, 518 ; in sacris nihil solet esse religatum. — * Callim. flymn. VI, 124 ; Petron. Sat. 44, 18. —’J Virg. Aen. VII, 403 ; Alhen. V, p. 198, e. — 10 Serv. ad Virg. Aen. III, 370. — n A. Gell. X, 13, 3-9; G. May, /let:des El. anc. 1905, p. 6, n. 1. — 12 Hor. Epod. V, 13 ; Ov. Metam. VII, 257 ; Columell. X, 357; Plm. Nat. Bist. XXIII, 110:solutus vinculo omni cinctus et calciatus atque etiam anuli. — 13 Ov. Fast. III, 237. — 1’flora. Jliad. XXII, 468 sq. ; Lucian. De tuctu, 12 ; Ov..Metam. XI, 6S2 ; Tib. I, 1, 67 ; Callim. ffymn. VI, 5 ; W. VoIIgralT, ilnemos. 1914, p. 406 sq. —’5 L. Sommer, Das Baar in Religion und Aherqlauben der Grtechen, diss. de Muensler, 1912, p. 78. — 16 Bion, I, 20; Noun. Dion. V, 374.


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