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de fabrication c

rieurs à l’invention du verre soufflé onl été modelés à la main sur un corps sablonneux ’. Ils sont enrichis de festons polychromes et accusent le sentiment artistique des artisans qui les onl créés. Les uns imitent les vases d’albâtre et de marbre ; ils sont ornés de zones ambrées, qui s’enlèvent avec douceur sur un fond nacré qu’on devait obtenir avec un oxyde d’élain -. Les autres, plus nombreux, ont un fond bleu foncé translucide et des ornements jaunes, bruns et bleu pâle. Ces tons se sou- tiennent en général dans une harmonie de couleurs

assezdouce.mais sans fadeur. Le rouge ne se ren- contre qu’excep- tionnellement.

Pour décorer les balsamaires, on déposait des fils de verre de dilTérentes épais- seurs sur la pâte vitreuse encore ciiaude et on les y faisait pénétrer enroulantleréci- pienl sur un mar- bre. Les orne- ments en forme d’U et de V, de festons, de rubans ondulés, de plumes d’oiseau, de zigzags, ont été faits à 1 aide d’un instrument ressemblant à un peigne. Prenant en main cet instru- ment, on passait un fil de verre dans chacune de ses dents, puis on lui faisait décrire lesondulations désirées. De celte façon, les fils reproduisaient, les uns au-dessous des autres, le même motif.

Au point de vue morphologique, les balsamaires d’ancienne technique sont les produits d’un art secondaire qui s’applique à imiter les formes courantes en usage chez les céramistes et les lapidaires ’. A l’égard de la chronologie, ils se répartissent en deux grandes séries : 1° les balsamaires égyptiens d’ancien style, aux formes précises copiées sur les vases archaïques de pierre et d’émail, au décor minutieusement exécuté, aux couleurs nettes et franches ; 2° les balsamaires alexandrins et méditerranéens, d’époque plus récente, aux formes grecques ’, aux contours moins réguliers, aux harmo- nies de couleurs plus vives (fig. 7520)°. Les pièces les plus anciennes et les plus remarquables de la première série sont trois vases de la xvm" dynastie. Le premier a appartenu ! un favori de la reine Kamare, sœurde Thout- mès m ; il est orné de motifs qui s’enlèvent en vert clair, bleu et jaune, sur un fond bleu verdàlre ; il est conservé au Musée du Caire’. Le second porte le cartouche de

1 Ce corpg élail provisoire ; on le cassail apr^s le refroidissement définilif du vase. — 2 Pcrrot et Chipiez, Op. l. 111, p. 743. — 3 a est intéressant de remarrjucr que, par choc en retour, les ci^rarnistes ont copié ces balsamaires. Uu vase lydien en terre cuite, trouvé dans un des tumuli de Bin-Tépé, a èié décoré de chevrons peinte en noir à l’imitation des rubans ondulés des vases de pâte vitreuse. Cf. Perrol et Chipiez, Oist. de l’arl, V, p. 903, Cg. 537. — * Alabaslre, bombyiioB, aryballe, ampliorisque, œnochoé, etc. — î> Notre fig. 7520 d’après Purrot et Cliipioz, III, pi. n ; Kisa, pi. n, Og. 5 ; Collcclion Morin-Jenn à Paris ; Kisa, pi. M, fig. 6 ; l’errot et Chipiez, pi. vin, fig. 3. — G Musée du Caire, Ctiial. général, n" 24 059. — 7 Fig. 7521 d’après Kisa, Das Ghis^ fig. 2. — 8 Dessin inédit exécuté d’après l’original de Munich par Morin-Jeau. — 9 A. Kisa, Op. l. fig. 2 !. — 10 F. W.deBissing, Sur f histoire du icrrc en Egypte, lier. arcUM. I90S,

Fig. 7621. — Vase de Thoutmès 111.

Thoutmès III ; c’est un flacon bleu turquoise incrusté de pdte jaune ; il fait partie des collections du British Muséum à Londres (fig. 7521). Le troisième, conservé à l’Anliquarium de Munich, est une sorte de verre à pied, en pâte bleu verdàtre, presque opaque, chargée d’ornements bleu foncé et jaunes disposés en festons ; au milieu de ces or- nements est reproduit le cartouche Kn Men Khepe7 le prénom de Thoutmès 111 (fig. 7522) ’. Aux balsamaires d’ancienne technique serattache le vase deSargon II trouvé dans les fouilles du palais de Ni- nive etacquisparle Musée Britannique’ ; c’est un flacon bursiforme en pâle trans- lucide de couleur verdàtre ; il a été fa- çonné autour d’un corps sablonneux ; il porte une inscription gravée au nom de Saryoukin (721 à 704 av. J.-C.) ; M. de Bissing pense qu’il est égyptien et qu’il a été gravé après coup par un artiste assyrien ’".

Les vases de formes grecques appartenant à la seconde série sont abondants dans tout le bassin méditerranéen depuis la fin du viii’ siècle av. J.-C. En Sicile, on les trouve dans les mobiliers funéraires de la iv» période sicule (vu«  au v« s.) avec des fibules <’ à sangsue » [fibula, fig’. 2987], à long porte-ardillon, des vases corinthiens et des vases attiques à figures noires". A Corchiano, ils ont été recueillis dans des tombes qui contiennent des miroirs de bronze, des strigiles et des vases grecs du iv« siècle’^.

Les perles de pâte vitreuse ’^ se rencontrent déjà dans le mycénien I (2000 à 1500 av. J.-C.) ’*, mais c’est surtout à partir de l’épo- que d’Aménophis !«’ (xvi» s. av. J.-C.) qu’elles se multiplient dans tout le monde connu des anciens. Elles constituaient des articles d’ex- portation qui sortaient des officines égyptiennes et que les Phéniciens allaient éciianger dans le nord et l’ouest de l’Europe contre de l’étain, de l’ambre et des fourrures". Les barbares étaient séduits par ces verroteries et ils leur prêtaient des Fig. 7322. — VasedeThout- vertus magiques ; les peuplades de la Grande-Bretagne les appelaient « œufs de druides » et « œufs de serpents » ; les Germains les considéraient comme des porte-bonheur qui assuraient la victoire. Notre figure 7523 " reproduit les principaux types de perles antérieurs à l’époque romaine. Le type bichrome incrusté de bandes blanches (11° 1) est très répandu entre 1500 et 1000 av. J.-C. Les perles globuleuses en pâte vert clair, ornées d’une zone équaloriale décrivant des zigzags (n° 2), abondent à partir de la fin du vir siècle

I, p. 211. — 11 Fouillei de Megara Hyblaea, 1904-1905. Cf. Orsi, Afanu- menti antichi, Acead. dei Liiicei, 1, p. 882, 938 sq., pi. v ; IV, p. 310, fig. 159 ; XVIH, p. 149, fig. 8. — 12 Rome. Musée do la Villa Giulia, salle VU. — u Sur les perles de verre, cf. A. Kisa, Op. l. p. 109 sq. ; P. Reinccke, Glasperlen vorrômischer Zciten ans i-^unden nôrdlich dcr Alpcn, Alterlùmery V, 3 p. 60*72. — 1^ Parmi les exemplaires les plus anciens se classent des perles trouvées à Phaostos, on Crète ; Savignoni, Mon. antichi, XIV, p. 607, fig. 76 ; p. 632, fig. 100, 101, 103. — 15 Exemple de collier composé de ces perles et de pendeloques, trouvé à Este, eu Étrurio : Gliirardini, Âton. antichi . p. 19, fig. 5. - 10 Fig. 7323 d’après J. Déchulctlc, Manuel, 11, i" p,irlu>, p. 370, fig. 146, no 3 : II, 3» partie, p. 1315, ûg. 573, n- to, 1, 10 ; p. 1317, lig. 571, n« 4.