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qui paraissent originaires do la vallée du Rhin et dont les formules décoratives, combats d’animaux et de bes- tiaires, gladiateurs s’abritant derrière leur bouclier, appartiennent au cycle ordinaire des sujets gréco- romains du ni’ siècle de notre ère.

La chronologie des verres peints est difficile à établir. On pensait autrefois que les plus anciens de ces monu- ments n’étaient guère antérieurs au siècle des Antonins ; mais des fouilles récentes, faites en Russie méridionale, ont modifié sur ce point la manière de voir de certains archéologues. Les fouilles de Kertch ont mis au jour des verres peints d’une éblouissante richesse de décor, qui seraient du milieu du i" siècle av. J.-C.’. Nous nous demandons toutefois si la bracléate reproduisant une monnaie de Milhridate Eupator, recueillie avec l’une de ces verreries, four- nit une indication suffisante pour datercesvasesqui, dans leur forme, ne diffèrent pas de ceux de l’époque impé- riale romaine -.

XI. Verres grâces ^ (fig. i852, 4915). — La gravure sur verre était déjà connue Fig. 7346. — Verre gravé, à moiif dcs Égvptiens au temps delà païen. xviii» dynastie’, mais, jus-

qu’à l’époque romaine, elle ne se distingue pas de la gravure en pierres fines. Pour trouver des verres gravés proprement dits, qui ne cherchent pas spécialement à pasticher les gemmes, et sur lesquels se développent des sujets importants, il faut arriver au m’ siècle de notre ère’. Les plus simples sont ornés de cercles, de motifs géométriques, de feuillages, d’inscriptions. D’autres por- tent des courses de chars", des scènes de chasse % des vues de villes*, même des parcs à huîtres (fig. 3194, 7539, 7560). Les plus dignes d’attention sont ceux qui racon- tent les vieux mythes de la Grèce et les légendes orientales propagées en Occident par les premiers chrétiens. Sur une coupe du musée de Berlin "dite « coupe de l’Anthro- pogonie », Prométhée est occupé à modeler une figure humaine en présence d’Épiméthée el d’Atlas (fig. 380oj ^ Sur un vase découvert à Reims ’", .talante combat contre Hippomène. Sur un bol du musée de Cologne, Hyper- mnestre refuse de tuer son mari, Lyncée, l’un des cin- quante fils d’Aegyptus". Sur une phiale trouvée à Cobern-sur-Moselle’-, Poséidon est entouré de poissons et de fauves à queue de dauphin (fig. 7546’^ Sur un fragment de vase de la collection Pierponl-Morgan, Héraklès terrasse l’Hvdre de Lerne’*.

  • Skorpil, Compte rendu de fouilles /mies à Kertch et à Sainl-Tamaiiskaîa en

19(0 {Bull, de la Comm. archéol. de Saint-Pétersbourg, liv. 47, p. 42-72), p. 38, pi, i.

— 2 Od trouvera un bon dessin au Irait du verre peint de Kertchdans le Bull, de la Soe. des antiquaires de France, 1913, p. 380-1. Kertch est aussi le lieu de trouvaille d’une admirable œnocbo6 publiiie par M . Rostovlsew {Descript. des tases de verre de la basse époque hellénistique et historique de leur omementationion russe), Pétro- prad, 1914, p. 14 et pi. v, n*’ 1 à 4) -, le sujet peint et doré se rapporte à la légende de Daplinè ; des inscriptions grecques, &àsvr„ ■l>oTêiiî, Aât»., n<Uo ;, accompagnent les personnages, dont le style appartient aux écoles d’Alexandrie et d’Antiocbe.

— 3 Uorin-Jean, Op. l. p. 234 à 248. — 4 Klinders Pétrie, Les arts et métiers de l’ancienne Éfijpte, p. 142. — » Les verres gravés antiques sont travaillés tantôt au tour, tantôt à la pointe. — 6 A . Kisa, Op. /. p. 6 IG. — ’ Jbid. lig. 203 ; Morin- Jean, Op. l. p. 237, fig. 323. — 8 Trois flacons découverts, le premier à l’iombino, le second dans les catacombes de Rome, le troisième à Odemira en Portugal, sont ornés de monuments que l’on pense être ceux de T’utcoli tPouzzoles). Cf. Kisa, Op. t. p. 04o. .’Notre lig. 3l9t itome II, î’ partie, p. 1251) représente les frag- ments d’un plateau de verre publiés par M. Klein dans les lionner Jahrh. de 1891, tome C, p. 12, fig. I ; sur ce nioiiunicnt, la peinture d’émail et la dorure

Il n’y a pas lieu de faire une place à part aux verres gravés des chrétiens, car, au point de vue du travail, ils ne diffèrent pas des précédents. Le plus célèbre d’entre eux est la « coupe de Podgoritza », au musée de l’Ermi- tage, à Pétrograd ’°. C’est une œuvre très barbare, mais précieuse par la richesse de son iconographie ; on y reconnaît Jonas et le monstre, Adam et Eve, le Christ ressuscitant Lazare, Moïse frappant le rocher, Daniel et les lions, les trois jeunes Hébreux dans la fournaise, Suzanne et les vieillards ; ces sujets rayonnent autour d’une scène centrale qui représente le sacrifice d’isaac. Les inscriptions qui accompagnent ces grossières images sont les termes mêmes des plus anciennes liturgies funéraires. La coupe d’Homblières au Louvre ", avec ses sujetsbibliques et son monogramme (fig. 7547) ’^ celle du

Fig. 7347. — Verre gravé, à motifs chrétiens.

musée de Saint-Quentin, trouvée dans la célèbre nécro- pole de Vermand et sur laquelle est gravée la résurrection de Lazare ’", celle enfin du cimetière du Vieil-Atre à Bou- logne-sur-Mer, conservée dans la Collection Bellon", résument, elles aussi, de la façon la plus instructive, l’imagerie populaire des chrétiens du iv« et du v« siècle. XII. Verres dorés. — On a vu que la dorure des pâtes vitreuses était connue des Égyptiens au iv« siècle av. J.-C. et que l’or entrait parfois dans la fabrication des verres-mosaïques de l’époque alexandrine. Plus tard, à partir du m’ siècle de notre ère, une des richesses les plus singulières de l’art archaïque chrétien consiste en médaillons et en fonds de coupes qui retiennent entre deux lamelles de verre incolore une feuille d’or travaillée

se joignent au procédé de la gravure : cf. plus loin, Xll. — Cf. l’article piuuik- TUECs, p. 683, lig. 5803 ; Welcker, Bonner Jahrb. IS60, fasc. 28, p. 54, pi. xvni.

— 10 Th. Habert, Catal. du musée nrchéol. de Beims, n» 2281, p. 72, pi. rr.

— " Kamp, Die epigraphischen Antikaglien in Kôln, 1869, p. 16. — ’2 Bonner Jahrb. 1880, p. 52, pi. v. — 13 D’après Kisa, Das Glas, fig. 262 (musée de Berlin). — ’* Froehner, Collection Julien Créau, Verrerie antique appartenant à .M. John Pierpont-Morgan, n" 1094. pi. 188, 2. — 15 t’.clte coupe a été trouvée, en 1873, à Podgoritza trAlbanie, après un combat entre les Turcs et les Monténé- grins, en creusant des tombes pour ensevelir les morts. Elle faisait autr^^fois partie de la collection Basilcvvski. On en trouvera un bon dessin au Irait dans Pératé, L’archéologie chrétienne, p. 331, fig. 241. — 16 Gazelle archéol. 1884, pi. xiiu ; MorinJean, Op. l. p. 243. — i" Moriu.Jean, Op. l. fig. 326 = notre fig. 7347. — 18 Th. Eck, Les deux cimetières gallo-romains de Vermand cl de Saint-Quentin, p. 94 et 173, pi. m, 1. On voit aussi la résurrection de Lazare sur une belle coupe du musée de Bonn ; cf. Bonner Jahrb. LXlll, pi. v, 4 a ; LXIV, 128. — 13 Vaillant, .oles boulonnaises. Épigraphie de la Morinie, p. 210 el pt. L’ne coupe û peu près seiid>lable est au musée de Trêves : cf. .us’ m Weerlli, Bonner Jahrb. IsSO, p. 53, pi. vi.