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vittae ferales ’). La tradition qui consistait à envelop- per de bandelettes le cadavre survit dans certaines céré- monies des cultes orientaux : les dendrophores de Cybèle et d’Âttis, après avoir coupé le pin sacré et avant l’exposition qui précède la mise au tombeau de Tarbre- dieu, l’entourent de bandelettes de laine pourpre-. En Grèce, on dépose des bandelettes rouges sur le lit du mort, pendant l’exposition^ ; on en suspend aux vases qui doivent servir à la cérémonie funèbre et suivre le défunt dans la tombe (fig. 3335)* ; on en dépose sur la tombe même et on en ceint la stèle funéraire [fini’S, sepll- crim]. Nombreux sont les vases peints qui représentent l’offrande de la taenia à la stèle (fig. 1123, 1478, 3333, 63-2-2)° ou à l’hérôon (fig. 6327) ^ A ces bandes de laine qui servaient au culte des morts, et que renou- velait la piété des vivants, on substituait parfois leur figuration plastique’ ou colorée’ ; sur une stèle peinte d’Athènes, dont une loutrophore constitue le motif cen- tral, sont reproduites quatre larges bandes en rouleaux, sorte de réserve toujours prête en l’honneur du défunt’. Nous retrouvons la bandelette en Étrurie, dans les fresques des tombeaux ’". . Rome, elle est généralement remplacée par la guirlande et la couronne ; cependant elle n’a pas cessé d’être un attribut funéraire. C’est à ce litre qu’elle subsiste entre les mains de la Victoire, quand l’image de cette déesse décore les chambres sépulcrales (fig. 4436) ". La vitta jetée sans art sur la chevelure éparse est une manifestation de grand deuil chez les femmes ’-, qui en font ensuite l’offrande au mort". Dans le relief du tombeau des Haterii, où la morte est figurée sur son lit de parade (fig. 3360), un personnage apporte une guirlande terminée par de longues vittae ; au pied du lit, une vitla s’enroule autour d’une torchère ". Un relief funéraire, de l’époque

I Oïid. Triit. Il, 103 ; Val. Place. Argon. VU, 57. — « Arnob. At/c. nat. V, 7 et 16, cf. 17 ; Hepdin^, AltU, p. 130 ; Graillol, Le culte de Cybèle, p. il ; cf. pour le culte d’A'Jonis : RoLerIson Smitli, Relig. d. Semiten, p. 146 ; Vellay, Le culte d’Adonis-T/iammou :, 1901, p. I3i. — 3 Slephaui dans C. r. i’omm. Saint-Pétersbourg, 1874, p. 138 ; Benildorf, Oriech. u. siciL Vasen- ititder, pi, xvu ; Potlier, Élude sur les técgthes blancs attiques à représen- tations funéraires, pi. i ; Collignon-Couve, Cat. vases p. mus. nat. d’Atbvues, no ùôi ; Pley, op. cit. p. 84 sq. — ^ Cf. supra, p. 954, D. Il ; dans S. Kcinacli, Répert, vases peints. II, p. i96, G, et p. 299, 4, les deux femmes avec ampliore ornée d’une bandelette fout une offrande à la st^^le funéraire ; Le Bas, £-d. S. Reinach, Voyage arch. en Grtce et en Asie m., Mon. fig. pi. nxix, bande- lette suspendue à la volute d’une loutropliore : CoUignon. op. cit. n** 1651, bande- lettes violacées ornant deux lécylbes dans la scène de l’exposition. — ^ Tiscbbeiu, Coll. of engravings, 1791-1795, II, pi. xï et xxi ; III, pi. XI. ; V, pi. ix, xvi, XTiu, III, cil (= S. Reinach, Répert. rases peints, II, p. S9C, G, p. i99, i, p. 318, 4, p. 336, 9, p. 338, 16. p. 339, 18 et 19, p. Î6Î) ; Millingen, Peint, ant. de rases grecs, pi. iTui, xiiii (= notre fig. 1478) ; Coll. Coghill, pi. xxvi (= S. Reinach, .op. cit. II, p. 8, 5) ; Millio, Peint, de vases ant. I, pi. xv ; II, pi. i.i ; Tombeaux de Canosa, pi. xit et xiii ; Stackelberg, Die Grâber der Hellenen, 1836, pi. xuv, 1-2 : Lenormant et de Witte, Elite céramogr. IV, pi. lxxxviii-lxxxix ; Annali, 1S4Î- pi. L (= S. Reinacb, op. cit. I, p. 264, 2) ; Fanofka, Bilder ant. Lebens, 1843, pi. IX, 4 ; Jabn, Yasensammt. zu Slùnchen, 1854, pi. cxxxv, n" 996 ; Welcker, Alte Denkmàler, III, p. 311 et toute la dissertation ; Stephani, loc. cil. 1875, p. 16-31 ; Benndorf, Gr. u. sicil. Vasenbilder, pi. xtr, xvi-xxit, xxiv-xxvi, xxsit ; ColIigDOD, Catal. vases p. musée Soc. archéol. d’Athènes, 1878, n« 629 ; Pottier, op. cil. p. 18 ; ’£=,•,.. 4fi. 1886, pi. IV bis, 1893, pi. m, et 1894, pi. il (= S. Reinach, op. cit. I, p. 512, 1, p. 518, 3 et 4) ; Collignon-Couve, Catal. vases p. mus. nat. d’Athènes, index, p. 707 (76 vases où sont figurées des stèles avec bandelettes) ; de Ridder, Cat. vases p. Biblioth. nat. Paris, n»» 497, 50i (bandelettes sur le gr^±ai et sur le tertre), 502-505 (stèlesj ; Jiev, éludes grecques 1908, p. 366, lécythe de Bonn ; Journal of hellenic Studies, 1914, pi. xiii, lécylhe de Bruxelles ; S. Reinacb, Répert. reliefs. II, p. 257, 2, plaque en terre cuite au musée du Louvre : Electre au tombeau. — » Millin-Keinach, Peint, de vases ant. Il, 38 ; Tischbein, op. cit. V, pi. cv = S. Reinach, Répert. vases peints, II, p. 361, amphore d’Apulie : tombe italiote en forme de naiskos (sur l’autre face offrande à la stèle). — ’ Cf. tlichaelis, dans Uerichted. sâchs. Ces. d. ’Wissensch. iv.l, p. HT, et .rrh. Zeiluny, XXIX. 1872, p. 147 et pi. i.iii a 1 : stèles attiqucs avec bandelette sculptée en relief, — !» Arch. Ztitung, ibid. p. 147 et 14^ ;

romaine, nous montre le mort tenant des deux mains une large bandelette ; la présence d’Hermès psycho- pompe semble bien prouver qu’il s’agit d’un insigne de consécration aux dieux infernaux ’ Les bandelettes que l’on croisait parfois sur la poitrine des enfants défunts, dans certaines régions de la Gaule romaine, paraissent avoir également une destination religieuse ’^ Enfin le culte des Mânes explique la persistance de la ban- delette rituelle sur les monuments funéraires. Vir- gile dépeint l’autel des Dieux Mânes tout endeuillé de bandelettes d’un bleu violacé, à l’ombre des noirs cyprès ’ Guirlandes et vittae, si souvent associées dans les reliefs des cippes et des sarcophages (fig. 6342, 6381) ", ne sont pas de simples motifs d’ornementation ; en se substituant à un décor périssable de rubans de laine, enguirlandés de fleurs naturelles, elles perpé- tuaient le souvenir d’un rite funéraire. Jusque dans les catacombes chrétiennes les bandelettes ont continué à jouer leur rtîile de symbole mortuaire".

Comme nous l’avons dit, les traditions religieuses exigent que la xaivia ou vitta sacrée soit en laine [vitta lanea)^". Sous son aspect le plus fréquent, c’est une longue et étroite bande d’étoffe, généralement unie, quelquefois agrémentée de dessins qui reproduisent surtout des mouchetures, des rayures, des grecques, des rinceaux (fig. 443, 834, 2186, 594), 5990, 6728, 7070)^’. Les extrémités tombent droites ou bien s’élar- gissent et s’arrondissent en forme de palettes (fig. 443, 834, 1123, 6140, 6350, 6380, 6381, 6923, 7557) ; chaque bout se termine, soit par un rang de franges (fig. 2180, 5941) ^^ soit par une longue mèche ou corde- lette (fig. 6350, 6385, 6929j-% désignée en latin sous le nom de taenia-^, ou plus souvent par deux mèches (fig. 443, 834, 1074, 5941, 6140, 6322, 6923) ou par

c. inscr. ait. I, 488 ; Glotz, L’ordalie dans la Grèce primitive, 1904, p. 118 : stèles avec bandes peintes en rouge. — 9 Wollcrs, dans Jahrbuch d. Inst. 1909, pi. V et p. 59. Deux bandes sont rouU-es au pied de la loutrophore, près de deux alabastres ; deux autres bandes sont roulées dans le champ ilo la stèle, à gauche de la loutrophore ; l’une de ces dcrnicies est rouge. — ’0 Monumenti, VI-VII, pi. Lxxii ; IX, pi. xiii (= Martha, L’art étrusque, p. 434 el 430, fig. 287, 288), Xll, pi. xiu en couleur ; cf. un vase étrusque d’Orvieto avec scène» des Enfers, dans Monumenti, XI, pi. m. — " Bartoli, Antichi sepolcri, pi. lxix : pyramide de Cestius, à Rome ; cf. supra, victosia. — ’2 Senec. Medaea, 802

sq. 13 Cf. l’olTrande de boucles de cheveux ; voir supra, II, 2, p. 1391, s. v.

nisns. — ’4 Monumenti, V, pi. 6 = S. Reinach, Répert. reliefs, 111, ’p. 280, 1.

— 15 Arch.ep. Mitth. aus Oeslerreich, XV, p. )3ô = S. Reinach, op. cit. Il, p. 138, 7. Il est probable que le défunt était initié à des mystères. — ’6 Espc- randieu. Bas-reliefs de la Gaule rom. II, n" 1497,1310 ; cf. Re«. études anciennes, 1913, p. 277 ; voir aussi supra p. 952, n. 7. — n Virg. Aen. 111, 64 sq. Sur la tradition des vittae dans le décor des scènes de banquets funéraires, cf. un relief de la collection Giustiniaui à Rome : S. Reinach, op. cit. 111, p. 205, 2.

— 18 a. s. Reinacb, Réperl. reliefs, 11, p. 79, 198, 226, 513, 313 ; 111, p. 30, 72, 78, 107, 118, etc. ; Répert. statuaire, I (Clarac), p. 3, 10, 74, 79, 82, etc. — ’9 Uuruy, Hist. des Romains, VI, p. 216 ; bandelettes réunies par un nœud (catacomhc des SS. Ncréeet Achillée). — aOCatull. LXIV, 310 ; Ovid. Fast. 111, 30 ; fjeroid. Vil, 100 ; Propert. 111, 6, 30 ; Val. Flacc. Argon. VI, 64 ; Athcn. XI, 46, p. 473 (cf. supra p. 954, n. Il) ; Serv. ad Virg. Aen. VIII, 128 : « oves undc lana, e qua villa» ; Pbolius, Lex. p. 133 (éd. Naber, 1804, I, p. 353), s. v. »}o»o5v ; Isidor. Orig. IX, 7, 12. Sur l’emploi rituel de la laine, cf. Pley, De lanae in anliquorum ritibus usa, 1911. — 2’ Cf. Furtnaengler-Reichhold, Griech. l’o». pi. 124, n« 1 (sUmnos du musée de Londres = noire fig. 2186) ; Millin-Reinach, Peintures de vases ant. I, 15, 44, 51, 68, 69 ; II, 21, 30, 31, 66, 71, 74, etc. ; et S. Reinach, Répert. vases peints, 1, p. 15, S, p. 17, 35, p. 87, 2 (rinceaux el bordure), p. 367, 2, p. 467, 3, etc. ; Rpux-Barré, Berc. et Pompéi, 111, pi. cxCvii, vitta blanche avec stries et mouchetures roses. — 2’2 Cf. Millin-Reinacli, op. cil. I, 7, 44, 69 ; II, 53, 70, 71 ; S. Reinach, Répert. vases peints, 1, p. 13, 2, p. 13, 2, p. 31, 13,p. 32,4, p. 65, 2, p. 261, 284, 355, etc. ; II, p. 8, 5, p. 9,9, p. 121,4, etc. ; Roux-Barré, op. cit. V, pi. ixi, ivi. - 23 Cf. MiUin-Rcinach, I, 15,26, 68 ; U, 17, 30, 51, 73 ; S. Reinach, Répert. vases peints, I, p. 13, 19, 236, 251, 293, etc. ; II, p. 8, 16, 216, etc. ; Répert. reliefs. II, p. 39, 1 ; Monumenti XII, pi. xiii, rrtsc|uc de Coineto. — 2i Isidor. Urig. .X,