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(fig. 7572) ’. Le coiTret de Kypsélos lui donne, le premier à notre connaissance, un serviteur qui l’accompagne en portant les tenailles, emblème du métier-. On suit au moins, par la tradition littéraire, les allusions qui préparent l’association d’Héphaislos aux Cyclopes ^ ; cette réunion n’est explicite que dans la poésie hellé- nistique et romaine, au plus tôt*. Dans l’art l’appari- tion des Cyclopes auprès d’Héphaistos est encore plus récente ; un des plus anciens documents est une Table iliaque, de la première moitié du i" siècle avant .I.-C.

572. — Thètis chez Héphaistos

(fig. 3948j’. Ce sont là des avertissements prouvant com- bien tardive a été la localisation d’Héphaislos et de son atelier dans les volcans de la Méditerranée occidentale (voir plus bas, sect. II, p. 999).

Trois héros se trouvent principalement associés à la vie légendaire du dieu forgeron. : Prouiéthée, Philoc- tète et Dédale. Mais pour les deux derniers, les rapports sont superficiels ; pour Philoctète, ils ne semblent même répondre à aucun syncrétisme antique. Les relations avec Prométhée sont surtout locales et d’origine atlique : héros ravisseur du feu, chargé, suivant certaines tradi- tions, de l’office spécial « d’accoucheur à la hache » lors de la naissance d’Athéna, Prométhée se trouvait naturellement rapproclié d’Héphaistos. Il est fort pro- bable que la mythographie altique l’a considéré comme le plus ancien des deux et lui a attribué, autant comme promoteur de la civilisation humaine que pour son rôle

  • Cf. les représcntalions des vases, Gerhard, Trinkschal. 9, 2 (r= notre

Ils- 7572) ; Mus. Borbonico, X, iS ; Fuilwaenfrler, Vasenkalal. ÎS94- ; am- phore de Snessula, Rôm.Mitt. Il (1887), p. 242. — SPausanias, V, 19, 8. — 3 Par exemple Euripid. Cycl. 297, 559, où Héphaistos habite pr6s de lllna et a pour méchant voisin le Cyclope. — » Callimach. III, 46 sq. ; Virgil. Aeneid. VIII, 418, 4i5 ; Horat. Carm. I. IV, 7 ; Apollon. Rhod. III, 41. — » Brûning, .ârcA. Jahrb. IX(I8’.U|, p. 141 sq. Les représentations se multiplient à l’époque romaine ; cf. un sarcophage du M’iseum Capitol. 4, 25 ; G. Robert. Arch. Jahrb. III, 1888, p. 49 ; Sarcoph. II, pi. 21, n" 43 ; fronton du temple de Jupiter Capiloliu, cf. les reliefs du Palais des Conserv.iteurs. Helbig, Fùhrer, 561-587 ; Baumcistcr, Denkm. lis-. 820 ; Bruning, 152 sq. ; sarcophage de Promclbéc, llclbig, Fahrer, 457 ; relief Jlullett. corn, munie. VI, pi. x ; peintures pompéiennes, Helbig, /’iiArcr, 1316-1318. — 6 Héphaistos et Prométhée rapprochés ; Douris, Hchol. ad Apoll. Rhod. Il, 1249, attribue à Prométhée la passioupour Athéna ; iuKs Béphaintuia eWes Pi’ométheia, cf. ci-après, p. 991-992. .Malien, p. 359, observe une différence entre le feu dudicu forgeron et celui que Prométhée était censé avoir dérobé : feu symbolisant le pro- grès de l’intelligence civilisatrice ; cf. Plat. Poii/ic. 274 c. Sur l’antériorité et la prééminence de Prométhée en Altique, cf. Wilamowilz, p. 229 ; Prolt, Alhen. ilill. XXIII (1898), p. 16S ; Marx, JJer. tûchs. Geiell$eh. 1900, p. 12l ! Au fronton est du Parthénon, la naissance d’Athéna était représentée, avec t’aide de Prométhée (Paos. I, Î5, 5) ; le torse dit d’Héphaistos (Welcker, Aniike Uenkm. I. S9 sq. ; Mommsen, Fette d. Stadt Atlieii, 346, I ; Rapp, dans le Lexic. de Koccher, III, 3085) serait un torse de Prométhée : l’avis contraire est eiprimé

IX.

dans la naissance de la déesse poliade, le rôle princi- pal «. Un épisode célèbre d’Eschyle donne à Héphaistos mission d’enchainer Prométhée puni Peut-être faut-il mettre cette tradition en relation avec celle d’après laquelle le héros rebelle aurait volé à l’atelier même du dieu forgeron le feu révélateur’. Là encore, dans l’apprêt du supplice, Héphaistos n’a que son rôle d’artisan ordinaire. C’est aux temps modernes qu’on a essayé d’établir, entre Philoctète et Héphaistos, une assimilation contre laquelle déjà de sérieuses objec- tions ont été présentées’. Cette identification, qui ne trouverait à se justifier que par la comparaison entre deux boiteux, dont l’un d’ailleurs boitait à la suite d’une blessure accidentelle, n’est pas plus vraisemblable que l’équivalence Héphaistos-Typhon ’". Le principe du rapprochement tenté entre lui et Dédale [daedalus] est la curieuse représentation d’un vase à « phlyaque », où l’on voit Ényalios (Ares) et Daidalos combattre à la lance devant une Hèra enchaînée". Par comparaison avec les versions légendaires (ci-dessus p. 980) où, dans la délivrance d’IIèra, une tentative inutile d’Ares est spécifiée, on a été amené à voir dans cette peinture de vase, d’intention comique, l’expression d’une légende parallèle, substituant Dédale au dieu forgeron. Entre les deux personnages, pourtant, les analogies ne sont guère que locales ou superficielles : on trouve trace, en Attique, des confusions qui préparèrent ce syncré- tisme’- ; il est facile de comprendre aussi que le rôle commun d’IIépliaistos et du héros Cretois, tous deux initiateurs des arts humains, préparait l’assimilation " ; encore semble-t-il douteux quelle se fût jamais faite complètement.

III. Le culte. — On voit ainsi combien du faisceau des légendes il y a peu à tirer pour Héphaistos. Les thèmes fantaisistes conçus par l’imagination grecque ne laissent soupçonner que par instants la nature pri- mitive du dieu. Si l’on perçoit l’importance qui lui est donnée comme artisan et forgeron, et si l’on peut aussi fixer comme secondaires des syncrétismes qui sont la traduction d’influences localisées, principalement à Athènes et dans les iles, rien n’indique encore, après examen de toutes les sources poétiques, ce qu’était Héphaistos ni d’où il apparut. Il faut interroger une seconde série de documents, moins littéraires qu’histo- riques et épigraphiques, en indiquant ici ce qui nous

par Pelersen, ïiurgteinpel d. Athena, S7. I. — 7 Aeschyl. Prometh. -50. — * I.’lat. Protag. 321 c ; cet atelier aurait été celui du Mosychlos, Aeschyl. Prometh. Nauckî, 193 ; cf. le furtum lemnimn dont parle Cicéron, Tuscul. Il, 10, 23. — 8 L’hi-pothèse est de F. Marx {Neue Jahrb. XIII, 1904, 673 sq.) ; cf. les objec-_ lions de P. Corsscn, Pldlol. XX (1907), p. 316 sq. : OldfatbiT, ibid. XXI (1 ;mi6),’ 463 s’|., et tlalten, p. 361. — ’" Malien, ibid. Philoctète est mordu par un ser|ient dans l’île de Chrysè ; de là sa claudication accidentelle et temporaire, qui n’a rien À voir avec l’indrmilé congénitale d’Héphaistos. Il est inutile d’entrer ici ilans le détail de l’argumentation ; cf. Malien, p. 361. Sur l’identincalion proposée cntio Héphaistos et Kadmilos, cf. l’etlaioni, Riv. rfi fdol. e d’iulr. cims. XXXVll (1909), 170 sq.. combattue par Wiinsch, Arch. f. Itetifjionsvisscnsch. XIV (1911), p. 577 ; cf. aussi Malien, ibid. p. 361. Sur les rapports entre Héphaistos et Ptah, Malien, p. 362, citant Djllenberger, Orient, f/raec. inscr. selecl. 00. adu. 0. — *’ liritish Mus. Calai. IV, F, 269 ; Élite céramogr. I, 36 ; Millier Wieseler, Denkm. ait. Kunst, M 18, 193 ; cf. Wilaraowili, 222 sq. ; et contrairement C. Robert, IV, p. 1995, avec la bibliographie ; l’atlitude d’Héra encliainée est àcomparer avec celle de la déesse sur le vase François, Furtvvaengler-Reichhold, Gricch. Vasenmal. I, 12, et sur lo cratère de Bologne tAnt. Denkm.l, 36). — 12 Uédai.- est considéré à Athènes comme fds de Palaemon (Pausan. IX, 3, 2). qui, dans la poésie mystique altique, est idenlilié à Héphaistos (Mousaios, Schol. ad Pind. Olymp. VU, 66 ; Eumolpos, dans Philodem. De pielale, p. 31 G.) — ’3 Héphaistos et Dédale paraissent déjà comme tels, ensemble, dans Ylliade, XVIII, 590 sq. ; Finsler, Homer, p. 93 sq.

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