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des traces à Nicée ’ et Nicomédie-, dans le Pont à Kausa, près d’Amasée ^.

C’est la Carie, avec toute la côte jusqu’au nord, pri- mitivement carienne, qui se révèle comme la plus imprégnée par le culte du feu souterrain. Là encore il suffit de reprendre le relevé soigneusement établi par Malten ; le dénombrement d’ailleurs ne peut prétendre encore à être complet. Kaunos ’, Théangéla (Halicar- nasse)’, Mylasa’^ sont les villes principales de Carie, où Héphaistos est connu ; on ajoutera la région de Moughla, siège du xoivbv tùjv Tap(ii.tavû>v ’. Malien nomme encore, d’après les monnaies ou les noms théophores, Antio- clie», Nysa’, Aphrodisias ’°, la ville d’Aga-Tchitlik ". Milet"’,Did’mes",Cnide", Magnésie du Méandre ’=. Dans cette ville, deux monnaies du temps de Gordien III prou- vent pour l’époque romaine Texistence d’une corporation d’ouvriers habitant autour de l’IIéphaisteion (llg. 7573) ". Sur la côte, à Colophon ", à Smyrne ’*, à Myrina ", puis au nord à Pergame-",à Antandros-’, à Assos’", àllion ■-^ à Sidonia’-*, divers vestiges du culte ont été repérés ; Abydos-* el Cyzique^* paraissent jusqu’ici les stations les plus éloignées au nord du centre lycien. Ainsi peut être constitué un catalogue de plus de cinquante villes". Les documents recueillis pour ces centres sont de dates diverses ; à côté de la mention de V Iliade pour Darès, prêtre d’Héphaistos -*, on a des monnaies qui vont du in« siècle av. J.-C. à l’époque impériale la plus tardive -’. Mais cette dernière époque, si récente qu’elle soit, ne doit point faire croire à une difïusion tardive du culte du feu ; en Asie, c’est une règle commune que les mon- naies les plus récentes reprennent les types des idoles cultuelles les plus arcliaïques.

On voit assez que nulle part ailleurs Héphaistos n’est chez lui comme en . atolie ’*. C’est la Lycie qui présente le mieux, avec les vestiges les plus abondants du culte, les mystérieux phénomènes propres à faire naître d’abord l’adoration du feu sou- terrain. De là la religion d’Héphaistos se répand dans toute la presqu’île de r.sie antérieure ; c’est,

1 . .iccc, H. debout forgeant ; Commode, Cat. gr. coins^ Pontus, Paphlag, Bi- «Aynia./Jospor. 158,45 ; H. assis, forgeant : . loiiinusPiu8. C’«(o/. 181,1*. —2 Mon- naie d’Aulouinus Plus, a^ec H. forgeant, ffimret’ian coll. I, 253, 3 = Babelon-Uei- oacti, liec.gén. des monnaies grecques d’Asie Mineure, ,ÔH, 57, pl..xc, 16. — 3 Cf. Uuhensohn, Berl. philol. Wochenschr. 1893, 3’JO, 603 (épigramme aui .ymphes, date tardive : H. est le dieu du feu souterrain, qui récliauffe les sources) ; Malten, op. l. p. 3il (rapprocliemeuts) — * Inscr. gr. Xil, 8. 170. • — •'> Oesterr. Jahresh. XI (1008), 63. — 6 H. forgeant un bouclier qui porte linscript. A.KI.^.VE ; Maii- minus, cf. Imlioof-Blumer, Kleinasiat. i/iinz. 146, 13, pi. v. 26 ; Head, Bist. riii/,1. 2, 6J2. —7 Bull. corr. hell. X (18S6), 487 ; Athen. Mitt. XI (1886), 203.

— S H. assis ; monnaie de Gallien, Rev. numism. 1851, p. 235, pi. 12 ; cf. Babelon- Waddington, n* 2176. — 9 H. assis, monnaie de Gallien, Cat. gr. coins, Lydia, 183, 74, pi. XI, 14. — 10 Jtev. él. gr. XIX (1906), 1Ï2 ; Irahoof-Blunier, J/onn. gr. 305 : Cat. greek coins. Caria, Jntrod. ixxtv. — H Entre Apbrodisias el Nysa, Bull. corr. hell. XIV (1890), 234. — 12 Un nom tliéopliore à Odessos, colonie miKsiennc (Varna) ; cf. Athen, JJitl. X (1885), 318 ; un aulreàEuxinograd, pris de là : cf. Kalinka. Ant. Denkm. in Bulgarie», no 134 ; un autre à Apollonie- dii l’onl, colonie miU-siennc : Kalinka, l. I. 223. — 13 Le Bas-Waddinjrion, 222 = Journ. hell. tt. VI I1SV5 ;, 352 ; Corp. inscr. gr. 2879 = Hei’. philol. XXVI If.’ii]. 132. — It Athen. Mltl. XXI (1890), 153, n« lit sq. ; 157, u» 144 ; 174, no 264 (anses d’amphores cnidicnncs, à Athènes). — 15 H. forgeant des armes devant Alhina ; Maximinus, /Itr. numism. 1840, p. 311, pi. xii, 3 ; Imhoof- Blumer, Mann, grecques, 292, ni. U. assis ; Olacilia, Bahclon-Waddinglon, n’ 1759 ; î’umism. Zeilschr. XXIII, 189, pi. i, C ; rcprod. dans Malien, lig. 2.

— 1» Cf. pour l’une Schlosser, JVumism. Zeitschr. XXIU (1891), 9, n» IV (4 ouvriers portant une statue d’H. assis) ; un 2* exemplaire, acquis en 1907 par le musée de Vienne (Griechenl. a’ 32979i est reproduit par Malien, fig. 3, à la p. 240 (procession d’ouvriers) = notre lig. 7673 (cf. une peinture murale do f’ompèi, procession d’une sociiM<i de menuisiers ; Malien, lig. 4, à la p. 241). Nom théopliore à MagnC’Sie, 0. Kern, /nschr. v. Magnesia, 162, 4. — 17 Athen. Mut, XI (1886), 426 ; Oesterr. Jahresh., XV (191Î), n» M, I. 6 ; pour Éphèse, cf. à propos des files, p. 992. — H Corp. inter.gr. 3141 sq. ; .Mou». «. ptSu., r’,

de la côte carienne à la Troade, comme une zone continue, dans laquelle se retrouvent les traces de l’ado- ration du feu. Puis de là encore le culte, connu déjà en Phrygie au temps d’Homère, émigré à l’époque ancienne à Lemnos, où la flamme du Mosychlos évoquait la com- paraison avec le feu des Hephaisti montes lyciens. Quelques traces sporadiqties, en quelques-unes des îles de l’Archipel, suffisent aussi à attester une dirtusion qui diminue vers l’ouest. Dans la Grèce continentale, au nord, et dans le Péloponnèse, Héphaistos est presque un inconnu. On ne peutsiguaHer que le feu souterrain de la colonie corinthienne .Vpollonie^’, et ce qui est connu du culte pour Trapézonte, pour Mégalopolis d’Arcadie’^ Si, dans l’.Argolide, Héphaistos incarne les forces volca- niques du sol, c’est déjà par une transposition de son caractère originel, transposition qui n’est pas de date ancienne : en ces lieux aussi les liens généalogiques se corrompent plus facilement ; Ardalos, à Trézène, est devenu d’abord, semble-t-il, par un jeu de mots étymo- logique, « le Xoir de fumée », puis de là’ seulement, fils d’Hépliaistos ^^ A Épidaure, c’est tantôt Héphaistos, tantôt Poséidon, aïeul commun de toute la race de Thé- sée, qui est cité comme père de Périphétès, héros lui- même de création tardive, figure très incertaine’*. Ce n’est guère qu’à Athènes qu’on trouve un culte déve- loppé. Mais le dieu n’avait sur l’.Vcropole aucun siège primitif ; tardivement, artificiellement, on fit effort pour le mettre en rapport avec la déesse poliade, ou pour faire son fils de l’ancien dieu local Érechtheus-Érich- thonios^’. L’Héphaistos d’Athènes n’est qu’un forgeron, habitant la ville basse, dans le quartier des artisans : il n’a aucun rapport essentiel, ce semble, avec le dieu du feu de Lemnos ou de Lycie. Est-ce de Lemnos qu’il était venu à Athènes, ou d’Asie directement ? La question sera reprise plus loin. Solon est, en tout cas, le plus ancien témoin qui le mentionne’^ Les légendes qui relient Athènes à Lemnos n’apparaissent qu’au temps des Pisis- tratides et n’autorisent aucune conclusion pour l’âge antérieur. Le rapport avec Prométhée, spécial à l’At-

lS4 :Mionnet, Suppl. VI, 305. — ’9 Poltier-S. Reinach, .Xécrop. de Myrina, 115.

— 20 Alhen. Mitt. XXXII (1907), 462 ; Frankel, Jnschr. v. Pergatnon, 98 ; Athen. il/i«. XXVIl (1902), 127 ; Frankel, (. (. 504, 46 a. —21 H. debout ; monnaie de Faustiue la Jeune. Cat. §r. coins, Troas, Aeolis, Lesbos. 34, 12, pi. tu, 8 ; cette monnaie est à joindre, remarque Malien, à celles de Imhoof-Blumcr, Lyd, Stadtmùnz. 154 (Hephaestia, Corinlhc, Mothona, Mkaia), où se Irouve H. debout.

— 22 Papers of the Americ. school at Athens, 1 (ISS5), 34. — -•’ lliad. V, 10 ; Ch. Michel, Recueil d’inser. gr. 667, B. — 2» Il faut sans doute rapporter à Sidonia troyenne le ’Hsatffrt’w* StSOivio ; d’une inscription de loulis de Cos (Inscr. gr. XU, 5, 396) ; Sleph. Byi. s. v. : cf. Malten, p. 242, note 2. — ’2S Cat. gr. coins, Troas, 3, 16 (c. 320-280 av. J.-O.) = Uermes, VII (1873), 49. — 26 Cat. gr. coins, Mysia. 45,204(253-270 apr. J.-C). — 27Sitlig.flc graec.nomin. iheoph. n’en comptait que 23. Pour Éphèse, cf. ci-après, p. 992. —28 Cf. ci-dessus, note 23. — 29 Malleu.p. 242-243. —30 Peu de traces en Egypte ; cf. Ilerodot. III, 37, àpropos de m. de Mcmphis, qui ressemble aui Patèr|ucs phéniciens (Phlah). Lue ville ’Hqaii^ii ;, entre Coplos et Albus Portus (Kosseir), Corp. inscr. gr. Addenda, 4716» ! ; article CAH1B1, p. 774. — 31 Le feu souterrain d’Apollonie s’appelle N(i|«- oaio^i : les phénomènes rappellent ceux de Lycie : cf. Theoporap.ap. l’Iin. A’. A. II, 106 (237) ; Poseidonios, «p. Sliab. VII, 316 ; Dio Cass. ,XLI, -ta ; Pseudo-Aristot. De mira*, auscult. 127 ; Aeliau. Var. /iis(. XIII, 16 (où se rencontre l’expres- sion i(ldva- :ov Tïp) ; Plutarch. Sylla, 27 ; une monnaie avec rcpre^enlalion du feu souterrain, Svorooos, Journ. d’arch. numism., XIII(1911J, 278, n» 479.

— 32 Trapcius, Pausan. VIU, 29, 1 ; MiSgalopolis, Pseudo-Aristot. /)e mirnb. aus- cult. 127 ; Plin. A’, h. 11. 100 (537). — 33 Malien, Arch. Jahrb. l. c. p. 243, d’après VVilamowiu, op. I. p. 230, 29. D’après son origine, Ardalos se reliait aux MoBoai ’A(.SaM’5i ;. — 3» Cf. ci-dessus, p. 9S3, note 16. La lutte de Péri- phétès avec Thésée est racontée pour la première fois dans une amplilicalion des aventures du héros, datant du v« siècle ; C. Robert, Henws, XXXIII (1898), 149. — îo Ces idées sont empruntées à Malien, Arch. Jahrb. I. c. p. 243-5, qui

es a développées par ailleurs, en ce qui concerne Érichthonios, dans Kyrvne. 8j, el /leal..t :ncycl. de Pauly-Wissona, VIII, p. 350 sq. — 36 12, 49 ; cf. Wilamowiii, Glitling. Xachr. 1898, p. 232-3.