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quête toutes pareilles, mais sur lesquelles nous ne sommes pas renseignés. C’est ainsi qu’à propos des zètètes les lexicographes nous parlent des μάστροι à Pallène[1], à Delphes[2] et à Andanie[3] ; ils nomment aussi les μαστῆρες[4] qu’ils comparent à des limiers, mais sans nous dire où ils fonctionnaient[5] [logistae, p. 1299]. Par contre, une inscription de Zéléa[6] très détaillée nous montre à l’œuvre, dans cette ville, neuf commissaires désignés sous le nom de ἀνευρεταί τῶν χωρίων τῶν δημοσίων, élus occasionnellement parmi les citoyens qui n’occupaient aucune partie du domaine public, pour rechercher et revendiquer au nom de l’État les terrains qui lui appartenaient, retenus indûment par des particuliers. S’il y avait procès, ils remplissaient l’office de juges et trois d’entre eux se partageaient le rôle de ministère public. Tous assermentés, ils décidaient en dernier ressort. Comme cette inscription date de l’époque d’Alexandre le Grand, peut-être n’est-il pas téméraire de supposer que certains des renseignements qu’elle nous donne sur ce qui se passait au ive siècle, à Zéléa, peuvent s’appliquer aussi aux ζητηταί d’Athènes.  Adrien Krebs.

  1. Harpocr. l. c. : Müller (Fr. hist. gr.), II, p. 139).
  2. Bull. corr. hell. V, p. 162 ; Dittenberger, Syll. 1, 233, 22 sq.
  3. Dittenberger, l. c. 388, 31 sq. ; Gilbert, Handbuch, II, p. 335, 1.
  4. Harpocr. s. v. ; Photius, p. 248 ; C. Müller, (Fr. hist. gr.). II, p. 139.
  5. Avec Gilbert, l. c., 12, p. 294, n. 5. Nous ne croyons pas que ce soient des magistrats athéniens.
  6. Dittenberger, l. c. I, 113 ; P. Guiraud, La propriété foncière en Grèce, p. 358. — Bibliographie : Beauchet, Hist. du droit privé de la république athénienne, III, p. 35, 712 sq. Paris, 1897 ; Perrot, Essai sur le droit public athénien, p. 282 et 283, n. 1, Paris, 1867 ; P. Guiraud, La propriété foncière en Grèce jusqu’à la conquête romaine, p. 358 sq., Paris, 1893 ; Boeckh-Fränkel, Die Staatshaushaltung der Athener 3, p. 192 ; II, p. 40, n. 247 ; Hermann-Thumser, Lehrb. der griech. Antiq. I, Staatsaltertumer, p. 535, n. 4 ; 620, n. 8 ; 621, n. 1, Freiburg, 1892 ; Meier-Lipsius, Att. Process2, p. 126, 310, 331, 738, 939, n. 562, Leipzig, 1905 ; R. Schoell, Quaest. fiscales juris attici ex Lysiae orationibus illustratae ; Meier, De bonis damnatorum, p. 506, n. 157 ; Schoemann, De comitiis Atheniensium, p. 136. Cf. aussi les manuels de Schoemann, trad. Galusky. I, p. 451, 476, et de Gilbert, Handbuch2, p. 294, n. 5.

ZODIACUS. — Le zodiaque est la zone de la sphère céleste où paraissent se mouvoir les planètes connues des anciens et qui s’étendait à 6 degrés[1] — en réalité plus de 7 — de chaque côté de l’écliptique, route du soleil. Cette bande oblique (λοξος κύκλος) c’est-à-dire inclinée sur l’équateur, est divisée en douze parties égales « ou dodécatémories » (δωδεκατημόρια), qui répondent approximativement chacune à une constellation, et c’est à ces douze signes, signa ou ζῷδια, que doit son nom le zodiaque (ζῳδιακός κύκλος, signifer orbis, zodiacus)[2] [astronomia, p. 484. Les astronomes plaçant le début de l’année à l’équinoxe du printemps dans le Bélier, celui-ci fut généralement considéré comme le premier de ces douze signes, qui sont :

♈︎ Bélier (Κριός, Aries, ♉︎ Taureau (Ταῦρος, Taurus), ♊︎ Gémeaux (Δίδυμοι, Gemini), ♋︎ Cancer (Καρκίνος, Cancer), ♌︎ Lion (Λέων, Leo), ♍︎ Vierge (Παρθένος, Virgo), ♎︎ Balance (Χηλαί ou Ζυγός, Libra), ♏︎ Scorpion (Σκόρπιος, Scorpio), ♐︎ Sagittaire (Τοξότης, Sagittarius), ♑︎ Capricorne (Αἰγόκερως, Capricornus). ♒︎ Verseau (Ὑδροχόος, Aquarius), ♓︎ Poissons (Ἰχθύες, Pisces)[3]. Leurs noms ont été réunis en deux vers mnémoniques[4] :

Sunt Aries, Taurus, Gemini, Cancer, Leo, Virgo,
Libra, Scorpio, Arcitenens, Caper, Amphora, Pisces.

Origine. — Lorsque l’expédition de Bonaparte en Égypte amena la découverte, dans les temples de la vallée du Nil, notamment à Esnéh et à Dendérah, de représentations zodiacales accompagnées de figures énigmatiques, on attribua d’abord à ces bas-reliefs une antiquité fabuleuse, les faisant remonter jusqu’à 15 ou 17 000 ans avant notre ère[5]. En 1821, le zodiaque de Dendérah fut transporté à Paris comme le monument le plus vénérable de l’astronomie des anciens. Mais, après une controverse célèbre, la critique de Letronne dépouilla ces zodiaques égyptiens du prestige mensonger dont on les avait entourés et prouva, en même temps que leur caractère astrologique, leur date tardive, qui pour aucun d’eux n’est antérieure à l’époque romaine[6]. « Au lieu, concluait Letronne, de receler, comme on se l’était promis, le secret d’une science perfectionnée bien avant le déluge, ils ne sont plus que l’expression de rêveries absurdes et la preuve vivante d’une des faiblesses qui ont le plus déshonoré l’esprit humain. »

Il est aujourd’hui établi que l’origine du zodiaque ne doit pas être cherchée en Égypte, mais en Babylonie. Parmi les figures gravées dans ce pays sur les bornes (kudurru), dont la date remonte jusqu’au xive siècle avant notre ère, on a identifié avec certitude celles du Scorpion, du Sagittaire (fig. 7600), du Poisson, du Capricorne, de la Vierge, et plusieurs autres signes. Bélier, Lion, Verseau, Gémeaux, ont été reconnus avec une probabilité suffisante sur ces bornes ou sur les gemmes provenant de Mésopotamie[7]. Les monstres dimorphes qui apparaissent encore sur nos cartes célestes, comme le Capricorne, mi-chèvre mi-poisson, ou le Sagittaire, centaure tirant de l’arc, sont donc des produits de l’imagination orientale, qui crut les apercevoir, avec celles de dieux ou d’animaux sacrés, dans les dessins compliqués que forment les étoiles sur la voûte du firmament. D’autres astérismes, comme Ophiuchus, l’homme tenant un serpent, se rencontrent sur les kudurru à côté de ceux du zodiaque, mais l’astrologie donna à ces derniers une importance spéciale, parce qu’ils étaient ceux où se mouvaient les planètes. En effet, parmi les nombreux présages qu’elle tirait de l’aspect ou de la position des astres, ceux que fournissait la course des planètes au milieu des constellations que traverse l’écliptique, étaient déjà regardés comme particulièrement significatifs. C’est ce qui ressort d’une quantité d’observations notées sur les tablettes de la bibliothèque d’Assourbanipal (viie siècle)[8].

  1. Manil. I, 682 : Bis sex latescit fascia partes.
  2. Lucret. V, 690 ; Cicer. De divin. II, 42, 89 : Signifero, in orbe qui graece ζωδιακὸς dicitur ; Cicer. Arat.[illisible] 317. On trouve aussi circulus zodiacus ou signifer (Gell. XIII, 9, 6 ; Apul. Met. XI, 26), signorum circulus (Manil. III, 225, etc. ; cf. le Thes. ling. lat. s. v. « Circulus », col. 1109-55) ; Balteus stellatus, cf. infra, p. 1057, note 2. Le grec dit aussi ζωδίων κύκλος (Arat. Phaen. v. 544) et même ζωοφόρος κύκλος, par suite d’une fausse étymologie stoïcienne, qui y voyait le cercle de vie, ζωή (Bouché-Leclercq, Astrol. gr., p. 125, 2 ; 408, 3 ; Maas, Die Tagesgötter, 1902, p. 122 sq.). Ζώδιον, comme στοιχεῖον, désigne toute constellation, qu’elle fasse ou non partie du zodiaque (Maas, l. c.), et paraît traduire le chaldéen et syriaque « dmù », « dmùthà », « forme, figure, astérisme ».
  3. Les signes graphiques, ♉︎, etc., usités encore de nos jours pour les constellations du zodiaque, sont déjà employés dans les papyrus et remontent au moins à l’époque hellénistique.
  4. Ces vers souvent cités ne sont pas antiques ; cf. Ausone, p. 413, 7e éd. Peiper.
  5. Jollois et Devillers, dans la Description de l’Égypte, Antiquités, Mémoires, I ; Dupuis, Mémoire explicatif du zodiaque, 1806, et appendice à son Origine de tous les cultes, 3e éd. 1834.
  6. Letronne, Recherches pour servir à l’hist. de l’Égypte pendant la domination des Grecs et des Romains, Paris, 1823, p. 450 sq. et Observations critiques sur l’objet des représentations zodiacales, Paris, 1824, Biot, Mém. sur le zodiaque circulaire de Dendérah (Mém. Acad. Inscr. XVI, 2, p. 1 sq.), 1846, prétendit encore le placer au viiie siècle av. J.-C. Letronne répliqua immédiatement par son Analyse critique des représentations zodiacales de Dendérah et d’Esnéh (Ibid. p. 105 sq.).
  7. Boll, Sphaera, 1903 p. 197 sq. ; Jastron, Die Religion Babyloniens, II, 1915, p. 437 sq. ; Jeremias dans Roscher, Lexikon der Mythol. s. v. Sterne ». col. 1446-1469 (interprétations souvent douteuses). Pour la Balance, cf. infra, p. 1030, note 18.
  8. Jastrow, op. cit. II, p. 679 sq.