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constellations, parmi lesquelles le Scorpion et les Poissons[1]. Mais nous n’avons conservé aucune image du zodiaque qui soit antérieure à l’époque romaine[2]. Avant Alexandre, la Grèce resta presque inaccessible aux religions orientales et repoussa l’astrologie ; le zodiaque demeura un système scientifique, confiné dans l’école, mais dont le public se préoccupait peu. La situation changea après la conquête de l’Asie, quand le stoïcisme eut reconnu la divinité de ses astérismes[3] et que la généthlialogie chaldéenne commença à trouver des adeptes parmi les Hellènes. Au début du IIIe siècle,
Fig. 7590. — Le zodiaque sur un bas-relief d’Argos.
Démétrius Poliorcète se fit faire un vêtement royal à l’orientale ; dans sa chlamyde était tissue en fils d’or une image du ciel étoilé avec les douze signes[4] : il indiquait ainsi qu’il était le maître du monde. Vers la même date, le philosophe cynique Ménédème d’Érétrie, se déguisant en Furie, plaçait le zodiaque autour de son bonnet[5]. On sait qu’Homère, décrivant le bouclier d’Achille, dit qu’il portait tous les astres qui couronnent le ciel[6] ; les artistes qui tentèrent, d’après le poète, de représenter ce bouclier fameux, y firent figurer le zodiaque en guise de bordure[7], motif de décoration qui servit aussi pour le bouclier attribué à Alexandre[8]. Toutes ces reproductions prouvent combien, à l’époque hellénistique, les images du zodiaque étaient devenues populaires. Mais le monument le plus remarquable où celui-ci apparaisse est le calendrier liturgique d’Athènes, sur lequel nous reviendrons[9]. Un curieux bas-relief d’Argos figure Sélènè, ou peut-être la Vierge de Lumière des gnostiques, entourée des douze signes et des sept planètes, accompagnées d’une inscription magique de sept noms barbares (Fig. 7590)[10]. Les monnaies impériales de Thrace et d’Asie Mineure, où Zeus est figuré de même dans le cercle du zodiaque, sont un autre indice de la diffusion de la religion astrale dans le monde hellénique à l’époque romaine[11].

Rome. — Les Romains adoptèrent le zodiaque lorsqu’ils se mirent à l’école des savants alexandrins. Dès la fin de la République, nous l’avons vu[12], Nigidius Figulus composait deux livres sur la sphaera Graecanica, et Varron dans ses Res rusticæ s’intéresse aux rapports du zodiaque avec l’agriculture[13]. Les Phénomènes d’Aratus furent traduits ou paraphrasés par Cicéron[14] et par Germanicus, qui y introduisit (v. 520 sq.) une description particulière du zodiaque. Sous Tibère, Manilius, dans son poème astrologique, traite avec détail de l’influence des douze signes. Leurs plus anciennes images de date certaine sont contemporaines de ces auteurs : elles sont placées en tête des douze mois dans les « calendriers rustiques » de la fin de la République et du commencement de l’Empire[15]. Avec le triomphe des cultes orientaux et de l’astrologie [mathematici], leurs représentations se multiplient en Italie comme dans les provinces. Ces signes apparaissent partout, réunis ou isolés, sur les bas-reliefs, les mosaïques, les monnaies, les pierres gravées, les bijoux[16]. Nous ne pouvons songer à décrire ici toutes ces figures, mais nous énumérerons les principales, en les classant d’après leur signification, qui peut être astronomique, astrologique ou religieuse.

II. Les représentations du zodiaque. — Monuments astronomiques. — Un globe céleste tournant autour de son axe était un des instruments d’études des plus nécessaires aux astronomes anciens[17]. Peut-être les Orientaux en avaient ils déjà façonné en terre cuite ou fondu en métal[18], et certainement leur usage s’introduisit en Grèce depuis une haute antiquité : nous avons vu qu’Eudoxe était l’auteur d’une sphère où il avait disposé dans une bande oblique les signes du zodiaque[19]. Hipparque est figuré sur une curieuse monnaie de Nicée, sa patrie, tenant en mains le globe céleste, dont il avait catalogué les étoiles[20]. Une sphère exécutée par Archimède fut rapportée à Rome par Lucullus[21], et Ptolémée, dans l’Almageste, a un chapitre Sur la construction de la sphère solide, qui montre que celle-ci faisait partie du mobilier ordinaire de l’école[22].

La plus importante des sphères qui nous ont été conservées est celle que porte sur ses épaules le célèbre Atlas Farnèse [atlas, fig. 615][23]. Elle semble être une copie,

    mois et des douze dieux, cf. infra, p. 1055.

  1. Alexis ap. Athen. II, 60 a ; cf. infra, p. 1059.
  2. Une amphore attique, trouvée à Ruvo, où l’on voit Atlas portant un globe avec la bande zodiacale [atlas, fig. 617]. est probablement restaurée (Furtwängler dans Roscher, Lexikon, t. I, p. 710), mais un fragment d’une sphère de marbre trouvé à Larissa est décrit par Thiele, Himmelsbilder, p. 171.
  3. Cicer. De nat. deorum, I, 14, 36.
  4. Douris ap. Athen. X, 535 f : ὁ πόλος ἐνύφαντο χρυσεῶς ἀστίρας ἔχων καὶ δῶδεκα ζῷδια.
  5. Diogen. Laert. VI, 102 : ὁ πόλος ἐνόφαντο χρυσεῶς ἀστέρας ἔχων καὶ τὰ δῶδεκα ζῴδια. Suidas, s. v. ζῴδια, attribue par erreur ce vêtement à Ménippe.
  6. Hom. Iliad. XVIII, 485 ; cf. Bethe, Rhein. Museum, LV, 1900, p. 422.
  7. Nous ne connaissons cette composition que par des reproductions d’époque romaine. Peinture de Pompéi ; Graeven, Genethliacon Götting. pl. ii, p. 128 sq. ; Helbig, Wandgemälde, p. 289, no 1316 sq. ; fragments de marbre découverts à Rome : Helbig, Führer Samml. Rom. : 3e éd., no 800. Cf. Bienkowski. Rom. Mitt. 1894, p. 197 sq. et supra, fig. 3951.
  8. Médaillon d’Aboukir, Dressel, Abhandl. Berl. Akad. 1906, p. 26 ; Thiersch. Jahrb. Instit. 1908, p. 1113. On distingue sur le bord le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancre, le Lion. L’original reproduit remonterait à Lysippe, mais l’authenticité de ce médaillon a été contestée. (Comparer l’umbo reproduit plus haut, fig. 4417. Bouclier avec les têtes du Soleil et de la Lune entourées par le zodiaque sur un médaillon contorniate de Trajan ; cf. S. W. Stevenson, A dictionary of Roman coins, 1889, p. 928.
  9. Infra, [{{{1}}}]1054.
  10. Smith, Catal., sculptur. British Mus. III, no 2162, fig. 20 ; Delatte, Musée belge, 1913. p. 323 sq. ; Strong, Apotheosis and after life, Londres, 1915, p. 220, 283 et pl. xxviii.
  11. Amastris : Babelon et Th. Reinach, Recueil monnaies d’As. Min. I. 1904, p. 155, no 168 ; Nicée ; ibid., p. 407, no 68 ; Tium : ibid. p. 633, no 130. Périnthe : Head, Hist. numm. 2e éd. p. 271 ; cf. supra, p. 1048, no 10, et sur le sens religieux, infra, p. 1057.
  12. Cf. supra, p. 1050.
  13. Varr. Rer. rust. lib. I, 28 ; II, 1, 7.
  14. Cf. surtout De nat. deorum, II, 43-44.
  15. Cf. infra, p. 1053. Zodiaque à Pompéi, cf. supra, p. 1031, n. 7 ; balieus, fig. 770.
  16. Un catalogue de ces représentations a été dressé par Gädechens, Der marmorne Himmelsglobus zu Arolsen, 1802, p. 34 sq. Il comprend quatre-vingt-treize numéros, mais est aujourd’hui très incomplet.
  17. Tannery, Mém. scientif. publiés par Heiberg et Zeuthen, II, 1912, p. 247 sq. ; Rehm dans Hermes, t. XXXIV, 1899, p. 271 sq. ; Hultsch dans Pauly-Wissowa Realenc. s. v. « Astronomie », col. 1834 ; Bouché-Leclercq, Astrologie gr. p. 265, n. 1 ; p. 552.
  18. Cf. supra, p. 1049, n. 9.
  19. Cf. supra, p. 1050. Les textes relatifs aux constructeurs et possesseurs de sphères célèbres ont été réunis, par Fabricius-Harles, Biblioth. Graeca, t. V, p. 298 sq.
  20. Babelon et Th. Reinach, Recueil des monnaies d’Asie Mineure, 1, p. 413, no 143, pl. lxix, 5.
  21. Cicer. Rep. I, 14 § 22 ; cf. supra, astronomia, p. 492.
  22. Ptolem. Synt. VIII, 3 : Περὶ καταστευῆς στερεᾶς σφαῖρας. Cf. Nonnus, Dion. VI, 64 sq. et Ann. soc. archéol. Bruxelles, XIV, 1900, p. 403 — S. Reinach, Rép. rel. II, p. 164, 1.
  23. L’Atlas Farnèse a été étudié en détail par Thiele, Himmelsbilder, 1898, p. 19 sq. ; pl. iii-vi. — Sur l’Atlas Albani, cf. infra, p. 1057 n. 10. Statue de bronze d’Atlas avec la sphère, dans une ville de France, au moyen âge, cf. Boll, Sphaera, p. 440, n. 2. Atlas et la sphère étoilée sur des pierres gravées : Mariette, Recueil de pierres gravées, I, 78 = S. Reinach, Pierres gravées, pl. 90 = Chabouillet, no 1769. À côté de la Terre : Gori. Mus. Flor. IV, 13 = Müller-Wieseler, II, pl. LXII, 797, etc. Cf. mes Mon. myst. de