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ZOMÈRYSIS (Zo)(Aiipu<7i ?) ’. — Insirument mentionné par Polliix 2 parmi les ustensiles du cuisinier, et par Aniiphauès lo comique ’■' à la lin d’une nomenclature de récii’ients ; on le trouve aussi dans uiie liste de biens vendus à l’encan (Sri[x.tûi :paTa) ’. Seul, un V( !rs d’épi- gramme semble en définir la destination : enlever l’écume de la graisse^ ; mais il n’a dû servir à cet usage qu’accessoirement. Le mot, formé comme oîvvîpuGiç, indique qu’on employait l’objet à puiser dans le jus, la sauce ou le bouillon (Çwulô ;), ou à y opérer quelque mélange ^ C’est donc une variété de tkulla, qui a pu ressembler à nos cuillères munies d’un long manche vertical ". Victor Ciiai-ot.

ZO.XA (ZiôvT)). — Il a été traité à cingulum des divers types de ceintures. Ce terme, en efTet, est le plus compréhensif et Isidore de Séville ’ cite, comme ; variétés decinr/ula, le balïeis, le sthopuium, lacALTUULA, et le bracliilis, ces deux derniers peu reconnaissables sous des noms dont le sens a dévié. Quant aux gloses, elie donnent ÇcoityiD, î^iûv»), zona pour des équivalents de cingulum. Ces formes grecques, qui sont les expres- sions propres à la langue homérique, nous fournis- sent l’occasion d’apporter, en ce qui concerne les temps les pins anciens de la Grèce, de brefs renseigne- ments complémentaires, que nous devons aux fouilles récentes et à une étude plus approfondie de l’épopée.

Les découvertes de Crète montrent que, durant la longue période dite «minoenne », le vêtement très pri- mitif de la plupart des hommes consiste en une sorte de pagne, parfois assez collant-, mais plus généralement lâche et flottant, surtout par derrière, où il a d’ordinaire plus de longueur que par devant. Ce rudiment de cos- tume parait commun à toutes les peuplades égécnnes de la préhistoire, et son origine africaine est très probable •. Le pagne ne s’appliquant pas au corps, il était tout indi- qué de le soutenir par une ceinture. Mais une autre raison la rendait nécessaire : tant chez les hommes que chez les femmes, par une mode que font ressortir les monuments, « la taille mince devint une marque d’élégance et, les artistes exagérant cette tendance, nombre de person- nages peints ou sculptés donnent l’impression d’être disloqués ^. » Aussi la ceinture se voit-elle même en l’absence de tout vêlement ; par exemple, sur des gemmes qui représentent des acrobates" ou un marinier’, et, malgré la petitesse de l’objet, il n’y a pas à présumer une négligence, car sur d’autres pierres gravées le pagne est nettement indiqué. Elle ne permet pas de distinguer cependant comment cette ceinture était faite ; on la figure en général par un simple bourrelet à la taille ; en quelques cas, elle semble avoir une certaine hauteur : celle d’un acrobate *, bordée en haut et en bas par un gros cordon renflé, est vraiment la ceinture

ZOMÈRYSIS. — 1 Antres formes : Go«tz, Ghss. lat. Il, 5il. 54 : ;„|tàç,uc !-ç^- (ou ^i*ii.dVi(r=çov selon les mss.) truUaria, cattia ; 32 ;i, 1 et ll, 20, 54 : ^<o[*â>.toTooç trulla ; ill, Oi, 28 : zomariatros : 4i0, 24 : zomarislon ; 321, 57 ; ! :„j,«oi,(t !; ; 198, 4 : zimiris truUe. — 2 Onom. VI. 88 ; X, 98. — 3 H, (19 Kock ; Athen. II, 71 f. Cr. Philcm. com. II, 540 Kock ; Athen. VII, 291 e. — 4 Corp. inscr. (jr. IGl, 1. 3. — 5 Anth. Paint. VI, 101, I. 5 : X.^’^i,,j, :; -i tt.v iiriou ; 4 ?or.- iivo,. _ 6 Micand. Coloph. op. Athen. III, 120 d. — 7 Voir les gloses de la note 1 ; cf. Goeli, op. cit. 111. 3CC, 30 : popia ;™|..ioui. ;. — 8 J. H. Krausc, Angtioloiiie. llallc, Iï.i4, p. 382.

ZONA. — 1 Orig. XIX, 33, 1. — 2 Voir le porteur de vase d’une fresque de Cnossos : Dussaud. Les civilisations prélielléniques dans le bassin de ta mer Égre^, Paris, 1914, p. 77, fig. 55. — 3 Cf. les trois vases en stialite d’Hagbia Triada, ibid. p. 04 à 69, lig. 43 et 46-iS. — 4 Mackenzie, .innual of the Urit. schoolat Athens, XII (1905-06), p. 233 sq. — S Dussaud, op. cit. p. C5. — 6 Ibid. p. 396, lig. Ï91-29Î. —TJbid.p. 417, lig. 307 ; cf. encore p. 344, fig. 231. —i Ibid.

pour e.vercices gymniques. Sur l’un des vases de stéa- tite d’Haghia Triada’, le jeune ciief, appuyé sur son sceptre, a une ceinture beaucoup plus haute et, semblc- t-il, plus ornée que le subordonné « au port d’armes » en face de lui. Une nguriuo en bronze de Tortose (Syrie) est aussi pourvue d’une large ceinture, visiblement agrafée par devant". La statuette de Tylissos (Crète), depuis peu découverte (fig. 7G01) ", mérite une attention toute spéciale : ce personnage, dans l’atlitudi’ de l’ado- ration et sans armes, est vêtu d’une pièce d’étoffe serrée à la taille à l’aide d’une Jû’

ceinture, par-dessus laquelle la pièce re- f.jH, tombe en deux pans, devant et derrière, laissant au-dessus des hanciies un inter- valle oii la ceinture apparaît. Elle ne de- vait pas être en métal et semble avoir fait deux fois au moins le tour du corps. Près de la fourche le pan accuse un gonfler ment, qui, peut-être recouvre un étui ou une gaine renfermant les parties viriles, comme celui qu’on a cru voir ’^ au bas- ventre de chaque personnage, sur le vase dit « des moissonneurs » ou « des van- neurs» ’^ En ce cas, la gaine aura été sans doute suspendue à la ceinture. Tout ceci nous ramène aux usages égypto-libyens.

C’est par contre un rapprochement avec les modes assyriennes que suggè- rent les ceintures placées sur longues Fig. 7001.— ceinture robes talaires ou sur tuniques, comme " ’"'*’^'

on en observe sur d’autres monuments de Crète ’* ou de Chypre ’^

Pour les femmes aussi la ceinture est une pièce ordi- naire du costume ; elle est marquée même sur une sil- houette de déesse nue ’° et sur une idole informe de terre cuite ". On hésite cependant à la reconnaître dans cer- taines représentations peintes" ; car la bande de couleur qu’on remarque à la taille, de même que sur d’autres parties du vêtement, pourrait être aussi bien le vestige d’un simple galon. Néanmoins le costume des femmes égéennes doit avoir été à l’origine une sorte de jupon ou panier à ceinture, qui plus tard se sera développé en robe à volants". Sur les gemmes, la ceinture est nette- ment soulignée par un ou plusieurs renflements 2".

La majorité des monuments ici considérés sont antérieurs à la période de civilisation que dépeint l’épopée homérique ; de là certaines différences. Le poète ne mentionne la ceinture pour les hommes -’ que lorsqu’ils vont entreprendre un travail pénible --, s’exercer à la lutte ou au pugilat ^’, ou quand ils endossent l’équipement de guerre. Son nom habituel est alors Çouot/iÇ -’ ; citée avec la [xÎTpvi, elle soulève des

p. 394, fig. 290. — 3 Ibid. p. 09, fig. 48. — "0 Ibid. p. 324, fig. 234. — " Hatzi- dakis, Esr.fi. 4 ?/.. 1912. p. 223, pi. xvn ; Dussaud, p. 58. lig. 37. — 12 Fougères, C. r. d<i congrès internat, d’archéoi. classig. 2« session. Le Caire, 1909, p. 232 sq.

— 13 Dussaud, op. cit. p. I, fig. 1. — li Jbid. p. 383, fig. 2S.H (robes) ; p. 159, fig. 119 (tunique). — liJbid. p. 273 et 309 ; fig. 194 et 221 (robes) : p. 311 et 315, fig. 222 et 225 (tuniques). — 16 /bid. p. 305, fig. 270. Cf. Fritze, Jahrbuch des Instit. XII (1897), p. 202 sq. — 1’ Ibid. p. 331, fig. 240 (Gournia). — !« Sarco- phage dllaghia Triada, ibid. pi. d ; fresque de Tirs-nlbe, p. 160, fig. 120.

— 13 Mackenzie, /oc. cit. — 20 Dussaud, up. cit. p. 275 cl 377, (ig. 280 et 282. Cf. la slalucUe criloise du musée de Bostou : /(ci ;, d. et. <jr. XXVllI (1915), p. 212. — 21 Helbig, L’épopée homérique, trad. Trawinsky, Paris, 1894, p. 218 sq. — 22 Od, XIV, 72 (Eumiîe allant saigner des porcs). — 23 ]l. XXIII, 685, 710 ; Od. XVllI, 30, 67, 70 ; XXIV, 89. — 24 Terme ionien qui se retrouve dans llérodolc, I, 215, 2 ; IV, 9, 5 : 10, 1 : IX, 74, I. plus rarement