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sliliianl un aliri soininairc. parfois même avec cliarpcnle rT.MSER.NAcauMj ’. Telle fui d’ailleurs, selon Semper -, la maison primitive : vue trop syslémalique, el ne distin- guant pas assez entre la demeure du nomade, qui peut bien avoir revêtu de tissus grossiers des murailles faites de pieux et déchalas, el celle de lliabitanl fixé, qui de très bonne heure aura tiré parti de la pierre el de la lerre durcie au soleil. Mais même celui-ci, agrandissant son domicile el voulant y établir des coiiiparlimenls. aura sans doute, à cet effet, très vile recouru aux élolTes. Presque dès l’origine, la maison antique se ferme à l’exlérieur et emprunte à la maçonnerie &a soli- dité : au dedans, elle participe encore de la tonte, réduit les cloisons à l’indispensable el les remplace souvent, ainsi que les portes el les volets, par quelque draperie.

On ne trouve rien de précis à ce sujet dans l’épopée homérique • el même les descriptions minutieuses, qui y fourmillent, de parois « bien polies », ou de leurs revê- tements en matières de luxe, bois, métal, enduits peints, supposent qu’on ne songeait guère à recouvrir les murs avec de l’étolTe ; mais rien n’interdit de penser que des tissus masquaient au moins les ouvertures. Les rela- tions avec l’Orient, manifestes el actives durant la période égéenne, ont dû vulgariser jusqu’en Europe l’usage des tapisseries : car là elles trouvaient un très large emploi. Ce n’est pas que les monuments l’attestent. On trouve bien en Egypte la représentation d’une leu- lure disposée verlicalemenl au fond d’une édicule* ; mais, en .ssyrie, les images de la tente royale" et du taber- nacle de campagne" n’y montrent pas d’étolTes, sauf peul-élre pour la toiture (et encore des peaux ont dil plutôt la constituer). On peut songer du reste à une omission volontaire de l’artiste, qui aura figuré ainsi la tente ouverte, pour en mieux rendre visible l’intérieur.

Il csl hors de doute, en elTel, que l’industrie du lis- sage, si prospère dans ces contrées, ne travaillait pas seulement pour l’exportation " ; c’est bien par une tra- dition héritée, cl non spontanément, que la Perse aché- niénide accumulait les tentures dans les appartements. Outre que les textes y font allusion*, <> la disposition même de la demeure royale, a-t-on justement remar- qué’, impliquait un très large usage de la draperie», el l’exemple a dû s’imposer à l’imitation des riches par- ticuliers. M Posées à plat sur le sol, attachées aux com- bles de façon à tomber entre les colonnes des portiques, suspendues devant les portes ouvertes, peut-être aussi appliquées, par endroits, contre les murs de briques ou contre les boiseries, les tentures contribuaient, au

  • Cic. err. 11, vu, li, 30 : labernaeuïa earbaseis intenta i-elis. — 2 ûer 5/17-,

Hiîiicheu, I8TS-79, 1, p. i*7 sq., i53 sq. — 3 |^es allusions sonl rrc<|iiciilessculcmcDt aux tissus posés à Icrrc ou sur les meubles [tapes, p. 43J. — ^ Pcrrot et Cliipiei, H,tt.d<Vart,, p.SOS, (ig. 540. — i/6id.ll. p. ÎOl.ng.CT. —6 tbid.yi. 20J,fig.68.

— ’• Les reliefs sculptes el peints iniil.iieul des tissus ; il était plus simple encore de garnir les intérieurs avec les t.ipi<scrics cllcs-mcmcs. — 8 Atlien. XII, 51* c ; cf. Arrian.AnnA. Vl,i5, 3 (dcscriplion du tombeau de Cyrusù Pasargadc).- sPerrotel Uiipiei. op. /ourf. V, p. SCS. — ii> Ibid. p. 55l-55i, et pi. vi un essai de rccousti- tulion en couleur, par Cbipici. — n Kslher, I, 5-7 : - Le roi donne à toute la popu- lation de Su«e un festin, dans le parvis du janlin de son palais. Des tentures de colon lilancli s el bleues étaient suspendues, par des cordons de tin blanc et pour* prc, 41 des anoeaui d’argent cl à des colonnes de tn.irbrr > (Il ne s’agit pas là, on le voit, do lissus alttraut les insectes, surtout dan^ les i-avs cbauds. connue la laine. Voy. CAaDisesj. Ou peut rapprocher le grand fcslin donné par Alciandre (y. Curt. IX. 7, i5 ; ledit eircitmdederat aulaea pui-inirn niirofiie ftdijeiitia).

— 12 l’i(. Apollon. I, iô. — 13 Cf. von Uutsclimid, Klein,- Seliri/lrn. III. p. Ci-fA.

— " l’errol, Hiit. de larl, IX, p. 43* sq. ; Pallier, Calalog. des inj. du Louvre, p. I4<^. — ■ ’^Aristot.j, Oe mirah. aiise. 46, éd. Didol. Rapprocher 1 inscriptiun des Brancbidcsitor ;) injei-.r ;.n,c jsS( ;>.s,i(i,,,Tr. ’Afiiniii ùLt]f«sifo ;««Tii :«f«5iT««i»«.

moins autant que les parties solides de la con.slriiclion, à l’elTcl d’ensemble ’". » Ce mode de décoration inté- rieure était tout indiqué dans les édifices où le gros œuvre consistait en matériaux médiocres comme la brique ; rien n’était plus facile que de la renouveler et tl’en varier les effets. L’auteur du Lirre d’Esl/icr avait vu quelque palais oriental, où l’aménagemenl des étolfes l’avait frappé ". Les Grecs étaient au courant de ces merveilles : de vieux récits, que Philosirate ’• a mêlés arbitrairement à une tradition authentique do la vie d’.Vpollonios ", rapportaient que les portiques royaux à Habylone étaient ornés d’étolfos brodées d’or, où l’on voyait représentés en tableaux des scènes des guerres médi([ues ou de la mythologie grecque.

Beaucoup de ces tentures alors si appréciées venaient de Lydie, el il est certain que la lirèce ionienne, si orientalisanle, en aura eu, elle aussi, la prédilection. Nous n’en avons plus Irace que par le décor <■ en tapis- serie » des œnochoés de Rhodes et di’s plats de Nau- cralis". Pourtant l’auteur d’une compilation mise sous le nom d’.rislole a décrit l’himation qu’.Mkiménès de Sybaris avait consacré dans le temple de la Héra Lacinienne, où l’ailmiraient les pèlerins’-' ; bien que désigné sous un nom de vêlement, il y jouait le rôle d’une tenture.

La Grèce classique a dû user plus modérément des tissus, étant moins soucieuse de luxe intérieur, el les témoignages, pour cette époque, demeurent très rares ; aucun n’est fourni par les vases peints. Une inscription du V’ siècle, où Kœhlor "’■areconnu l’inventaire des biens d’.Mcibiade, vendus après l’affaire dos Horniocopides, mentionne, parmi les objets de sa chambre, un ■Kr’fixy.i]- Tauj^iila [Xiv][oCivj (ou [iKX^oO[v]) ’". C’est SOUS ce nom qu’ha- bituellement les Grecs désignaient les éloffes étendues", notamment devant la porte d’une chambre à coucher". Hérodote ■- parle des -asa^tïTx^uiTa -oixiÀa de la lenle de Mardonios. Les maisons grecques avaient générale- ment des portes, au moins pour les locaux fermés au public-’ : quand il pouvait entrer librement, on les rem- plaçait par des portières--, el c’était le cas pour nombre de pièces ouvrant directement sur la cour (aùX-fJ. d’où le terme aussi fréquent d’aùXaia -^ [ArLAKAl. D’après un discours perdu d’Hypéride", les neuf archontes pre- naient leurs repas au milieu des tentures (aùÀaîai ;), dans le portique du Céramique. Les portiques d’.Mhènes, d’ailleurs, étaient de véritables galeries do peintures et de sculptures ; on ne peut guère douter que ces richesses ne fussent abritées, el au moyen d’étotTos on y parvenait

— 16 Hermès, XXIII (IS88), p. 397. — 17 Uiltenbcrgcr, Syll. inscr. jr.S 44 (= Michel, p. 439,n*3fi$|, 1.6. — i$tlii«sfTa«)>><>"" ;>">ii>'<tP’"l-’^--^l<3 ; llcracl.ap. Atben. IV. 143 6) : Pliolius, p. 3SS, 8 : Suidas ajoute :» ; ;» U- ;é^-,n ^i !liev. K«Ta<i- ■ztr/itL (llcliol. X, ÎS) pour les voiles qu’on «baissait. Pkotius, p. 388, 3, mentionne

T« se»z«Vu ;-LU«t t^> c»O^Mk. ô 70o6Jtik«v ?at, -j«tç’ ;»3 )&i>, ôsâotsi To-j ; i :9 :«v ;ft ;; cf. MalOis,

Le Palais de Scaiirits, Paris, tSiJ, p. 99 sq. — «9 Poil. Onom. X, îi : Hei i.i. • :.

TftC «itSvo ; ict ^«"4 •is»-. ; i :«o«xlT«ff,»àTMv ««i St, iTti «-’«-.« c’r, Viukôv il ôtô>r, ;, liTI xat T^-’^arT^v tt ,Sftir :9v, i}-t eoVj/^q-^-i. Etymol. Gud, 139 .10 : ea9a ?itK-T !iCT& ist Tft ?«  l’jsa :;. L’époque romaine connaît de même le veinm eubicitlare ^Lampr. V. Heliog. 14, 6). — *» Hist. IX, 8i. Cf. Aristopb. Ilan. S3S : lajasitïo.». :. .Mr.îi...

— SI Becker-Goell. Charikles. Il ils77), p. t»3. Cf. Aescb. .4sniii. IJ90-69I Didol : i, Tw* àGeoTÏuMv -«s«i(a’<k’.< ;jliiLT»v Te’iii-jffi (Hélène, quittant la chambre nuptiale pour re’oindre le vaisseau de IVtris, a soulevé le riche tissu qui recouvrait la porte).

— iJ Schol. Aristoph. //on. 938 : •-r.XM^t :. —23 Polyb. XXXIII. 3 : Theophr. Cka- met. il i» fin. Il désigne encore le rideau de théâtre, qui couvre la scène (Menand. fr. ÎOI). On trouve également j»«-rYiSi. lE. Miller. Jnurn. des Sur. 1870, p. 164) et spiKàïia. l’u invité grec, au courant des belles manières, donnait, avant de se mettre à table, un regard admiralif a >;i.<ii.s •iii’, ; (Arisloph. l’es/), lilô).

— SI Ade. t’alrocl. (Poil. IV, lii = Urat. ail. H, p. 4iO Didot).