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banal, il suflîsait de lever le rideau ’ ; celle disposilion explique les termes de la conslilulion de Constantin : A’on sit rena/e jiulicis vehim ’-. Victor Ciiai-ot.

VELUM et VEKARIL’AI (napï-ÉTa( :fi.a). Vélum de théâtre. — Les théàlres grecs et romains, on l’a vu ail- leurs [theatkum étaient à ciel ouvert. Chez les Grecs il ne semble pas qu’on ail jamais songé à protéger, d’une

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Fig. 7330. — Vélum .fani|.hilliMl.e.

façon quelconque, l’assistance contre les ardeurs du soleil ’ ; ce n’est que tardivement, à Rome, que fut inau- guré le grand vélum de lin, destiné à cet usage -. Selon Pline, il aurait été introduit dans les théâtres par Q. Catu- lus, à l’occasion des fêtes magniliquesque celui-ci donna pour la dédicace du nouveau Capitole (69 av. J. -Ci ’. Mais bientôt cet objet d’utilité devint un objet de luxe. Aux jeux .Vpoliinaires de l’an IJO av. J.-C., le préteur Lentulus Spinlhcr abrita, pour la première fois, l’assistance sous un relitin, non de lin ordinaire, mais de ce lin fin appelé CARii.Asrs’. Vers le même temps, Lucrèce parle d’élolfes de couleur, jaunes, rouges, bleuâtres (/«/<•«, ?’ussa, fer- ruginca)^ déployées au-dessus des théâtres ^ Des spec- tacles scéniques l’usage du vélum s’était naturellement étendu à d’autres spectacles, également à ciel ouvert, en particulier à ceux de l’amphithéâtre [ampuitue.vtrlm, p. 2i7j et nous y constatons le même déploiement de luxe. C’est ainsi que, sous .Néron, on vit k ramphilliéà- tre un vélum d’une extraordinaire richesse : le pour- tour, couleur bleu de ciel, était semé d’étoiles d’or ; le ciiamp était de pourpre, et au milieu se détachait en broderie l’image de l’empereur guidant un char".

Quelles étaient la forme et la disposition de cette grande banne et comment se manœuvrait-elle ? La ques- tion est fort obscure. Pour la résoudre, nous disposons des sources suivantes : 1° quelques textes littéraires et épigraphiques ; -1" une peinture de Pompéi, décou- verte en 1869, qui représente l’amphithéâtre de cette ville avec son vélum ! lig. 7350) ’ ; 3° certains aména- gements matériels, visibles encore dans les monuments

< Joh. Chrvs. Bomil. 56 in ilallh. {Pair. gr. LV, 554) : Sixcrri ;, ôtav ir.f.,., ;,

leios, Ep. iil=ï9 iPatrol. gr. XXXU, 831) : ij^svT !; «a» iivi t.-.. ««xoOj ;.,. tï.iT-j lïTiSfi ;!-.. iir.loa» :., E-,t.x4i,Ti. Ti i :otj«5 !- :i5n«- :a ; Cod. Theod. XIII, 3,

6 = Cod. Jvst. XI, 6, 5 : De tubmersit naoiOus deeernimus ut levato vvlo istae eataae cognoscantur (a. 4li). — ^Cod. Theod. I. 16, 7. — BiBLioGhACmic. K. Buch- holi. De auiae :>rttm velorumque iisu, (ioellingac, 1 (1876) ; Scmper, Der Stil ’^^ Mûnchea. I87s-7ij. t. 1 ; BccUr-GocIi, Gaf/us. Il (1881), p. 253,310 si|. 357 si). ; L.de Roncliaiid, La Tapisserie dans Tantiquitê, Paris, liSi ; St. Beissel, Ditdtr aus der Gescftic/ite der alichristlichen Kunst and Liturgie in Italien, Kreiburg :, Isa». VtLAKIUM — < Sauf, Dalureliemeiil, à une basse époque et par iallucnrc de l’usige romaîD. — ^ Val. Max. 11, 4, 6. Gel écrivain nous apprend eu oulre que cclail une inicnlion eioprunléc à la Caoïpanie. — 3 Plin. Nut. hist. XIX, i3.

antiques ’ ; 4° l’analogie de maintes installations modernes ’".

Que nous enseignent les textes ? Ils nous font con- naître d’abord les instruments ou organes essentiels, à l’aide desquels s’opérait la manœuvre du vélum : mâts (wa//) ", ponlres {(rabe.f) ’-, cordages irudenie.’ !)^^, et machines [machinatio) ",par lesquelles il faut entendre sans doute des poulies etdes treuils. Ils nousapprennenl, en outre, que le vélum n’était pas déployé à demeure au commencement de la représentation, mais qu’on pouvait, au cours même du spectacle, le replier ’". Enfin il ressort encore de ces textes que l’installation d’un vélum était une opération très difficile et compliquée (Vitruve, par exemple, la met sur le même rang que l’établissement de gradins en bois) ’" ; que, pour celte raison sans doute, beaucoup de représentations s’en passaient  ; et que, même dans les théâtres ou ampliilhéâtres pourvus d’un vélum, le vent empêchait souvent qu’on le déployât". Passons maintenant en revue les dispositions archi- lectoniques qui, dans plusieurs monuments antiques, paraissent en corrélation avec le vélum. Il y a lieu, à ce point de vue, de distinguer les théâtres des amphithéâ- tres ; car, la forme de ces deux genres d’édifices étant diirérente, le problème se posait, pour chacun d’eux, dans des conditions distinctes. Au théâtre de Pompéi, le mur d’enceinte de la cavea présente, près de son som- met, et sur sa l’ace interne, une série de saillies en pierre perforées, auxquelles correspondent, en dessus, des entailles pratiquées dans la corniche [tiieatrum, p. I9i, fig. 680.") ’"]. D’où l’hypothèse toute naturelle que dans ces saillies et ces entailles passaient les mâts, destinés à supporter le vélum. Malheureusement, la partie supé- rieure de l’enceinte a été l’objet d’une réfection moderne, où il n’est pas certain que l’ancien état de choses ait été respecté-". Au théâtre d’Orange, le mur extérieur de la scène oll’re des dispositions très compliquées. On y voit deux rangées parallèles de corbeaux flig. t)867], qui, i’i l’exception des trois corbeaux extrêmes de l’angle gauche et des deux corbeaux extrêmes de l’angle droit, sont tous, à l’un comme à l’autre rang, percés d’un trou, vraisemblablement pour le passage d’un mal. Mais entre ces deux rangées, est interposé un bandeau-gout- tière arrondi, qui, chose étrange, ne présente d’échan- crures qu’à droite et à gauche dans la verticale des six premiers trous de corbeaux ; tout le reste de son déve- loppement est sans entaille. En sorte que, sauf ces six corbeaux à gauche et à droite, tous les autres, bien que perforés, ne pouvaient être d’aucune utilité. Celle ano- malie prouve à l’évidence que celle partie du mura subi, à une certaine époque, une modification, avant laquelle le bandeau-goullière qui sépare les deux lignes de corbeaux n’existait pas-’. Au théâtre d’Aspendos, un peu au-dessous du sommet de la façade externe de la

— t IhH. — ’- IV, 73. — 6 Plin. L. l. ; Dio Casa. I.Xlll, 0. — 1 Voir plus bas n. ll-ls. — 8 Uo Pclra, Giorn. degli scari diPompei, .Xuova série, vol. I,lav. 8, p. 1S3S’|. = Overbcck-Mau, Pompeji {i’ éd. 1884), fig. 3, p. 14 (iiolrc lig. 7330) = Mail, Pompeji in Lehen u. Kunst {i’ id.), p. 2iV = J. Durm, Die Dauslde, t. Il (/lie Buukunst der Etrusker und /lômer), î’ éd. 19J3, lig. 7411. p. 681 = ïhédenal, Pompri (Vie privée), pi. iv, p. 7. — 9 Voir noies l’J sq. el p. 678. — «0 p. 079.

— 11 Lucr. L. t. ; cf. T. Lie. XXXIX, 7. — 12 Lucr. L. i. Il s’a.’il, vraisenililable- menl, de poulres reliant eulre eui les sommets des niits. — 13 Pliu. L. (. — H Vilr. X, praefat. — ’■' Mari, â’pigr. XII, 29. 16 : vêla reducuntur : Suet, Calig. 26, 5 ; reductis inlerdum velis. — n Vilr. L. l. — >^ V. p. 679, notes 12-14. — is Mari. Epii/r. IX, 39, 6 ; XI, 21, 6 ; XIV, 28 ; XIV, 29. — <9 Sur celte figure on dis. lingue les saillies en pierre. — i" Ovcrbeck-Mau, 0. I. p. 104. — 21 A. Cariitie, Monum. antiques à Orange, 1846, p. 74-6.