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mentionne des ceneflci parmi les partisans de Catilina ’ ; ses plaidoyers renferment plusieurs affaires d’empoison- nement". Ce crime parait avoir été encore plus fréquent à Home, aux deux premiers siècles de l’Empire, dans toutes les classes de la société, surtout pour procurer des héritages, supprimer des maris, quoiqu’il faille faire la part des exagérations de Juvénal et de Tacite ^ On connait le rôle du poison à la cour impériale, les em- poisonnements de Drusus*, de Claude, de Britannicus’, le procès de Pison accusé d’avoir tué Germanicus par des maléfices et du poison % les meurtres commis ou tentés de la même façon pariNéron, Agrippine ^Caliguia, Domi- tien, Commode, Caracalla, Elagabal ’. C’est la crainte du poison qui a fait créer au palais impérial, comme chez les rois de Perse, pour goûter avant l’empereur les plats et les boissons, les praegustatores, esclaves et alïrancliis groupés en un collège, avec un procurntni’ praefjK.’f/alorum^. L’empoisonnement est fréquemment mis en cause dans les Controveî’xesde SénèqueetdeQuin- tilien ’". Un chef des Chattes ofTril d’empoisonner Armi- nius si on lui envoyait du poison de Home". Sous le Bas- Empire Firmicus Maternus énumère parmi les métiers ceux des malefîci et des venenarii ’-.

On ignore la disposition de la loi des Douze Tables sur Tempoisonnement ’^ Puis pendant longtemps la poursuite de ce crime est une mesure d’ordre public", contiée spécialement à des magistrats supérieurs [.ii- Dici.A l’LBLii-.A, p. 653, col. Bj. Enfin en 81 la loi de Sylla, lex Cornelia de sirariis et rene/lcis, distingue le meurtre’" ordinaire et l’empoisonnement par le vei^e- num malnm [lex, p. 1140-11-41J ; elle frappe non seule- ment l’empoisonneur, mais ceux qui ont préparé’, vendu, détenu, aciieté, pour causer la mort d’autrui, des sub- stances vénéneuses. Après Sylla ces procès vont devant la f/iiaeslio spéciale veiw/icis"’. La loi Cornelia a été appliquée ensuite par sénatus-consulte à la mise en vente, même sans intention coupable, de substances vénéneuses, de remèdes contre la stérilité, quand ils ont amené la mort"*, de pliiltres d’amour". La peine est, sous la République, l’interdiction de l’eau et du feu ; sous l’Empire la mort pour les honesliores, la crucifixion ou l’exposition aux bêles pour les liuml- liores-" ; sous le Bas-Empire les empoisonneurs sont généralement exclus, comme les meurtriers, des amnis- ties et de l’appel-’. On a aussi appliqué la loi Cornelia à

I Jn Cal. i, t, 7.-2 Pro Coel. 13, 30 ; 21. :A ; i5, 61 à 20, 70 ; pro Ciu. lu ; Il ; 10-20 ; Pkit. Il, 6, 13. .ulrcs telles : l’iiil. /. C. 27, i ; 35, 12 ; Val. Mai. 9, I, 9 ; Sali. Cat. 15. — 3 Juv. .So^ 1, 71, I.ï8 ; 3, U ; U, 133, C2U-Ciil : 13, 25, loi, 173, 250-25i ; Scncc. Ep. ii9,l) ;Ve benef. 3, 6 ; )lartial. 4, 69 ; 0. 19 ; Horal. Od. I, 22 ; Epnil. 3 ; 3 ; Sat. I. 6, 19-21 : 2, «, 95 ; 2, 1. « ; 2, 3, 13 ; Epiât. 1, 5, 9 ; Uionvs. Hal. 4, 2i ; Dio Cass. 67, Il ; 61, 7 ; Suct. Octav. 56. — l Suel. Tib. 62 ; Tac. Ann. 4, 8 ; Dio Cass. 37, 22. — ’• Suel. naiid. 44 ; .Ver. 33 ; Tac. Ann. 12, 06-67 ; 13, 15 : Juv. S,il. 6, 020 ; Dio Cass. Cl. 7. — 6 Tac. Ann. 2,09-73 ; 3, 12-14. —7 Ibid. 13. I ; 14, 3, 63 ; 15, 00 ; Suct. .Ver. 3i ; Dio Cass. 61, 3. — 8 Tac. Ai/ric. 43 ; Dio Cass. 39, 14 ; l’i7a Comm. 9, 2 ; 14, S ; Carac. 3, 4 ; Uetiofi. 13, 8 ; Did. Jul. 8, 7. Tcnlalivu- contre Commode illerodiau. I, 17 ; Vitti Coi/im. 17, 2) ; imputations caloninieusts contre Livic, Hadrien. Vérus, Faiistine, Marc-Aurèlc (Dio Cass. 53, 33 ; Scntc. Oiill. 6, 2, 3 ; Vit. Uadr. 23, 9 ; Ver. 9, 2 ; 10, I ; 11, 2 ; Jyorc. Anton. 15, 5) ; craintes d’Agrippine à Icpard de Tilièrc (Tac. Ann. 4, 54 ; Suet. Tib. 53). Soupçons sur la mort de VespasieQ (Dio Cass. 60, 17). — 9 C. i. l. 0, 002, 1956, 5335, 9003-6005 ; Xcn. Cyrop. 1, 3, 10 ; Plin. i. c. 21, 9, 1 ; Suct. Claud. 44 ; Tac. Ann. 12, 06. — )0 Senec. Contr. 2, 13 ; 3, 7, 9 ; cf. Sencc. De henef. 3. 21 ; Juv. Sat.-i, 109 ; Quinlil. Decl. 17, Il ; 281 ; Apul. Apol. 10, 9, 23-28 ; Met. 2, 27. — Il Tac. Ann. 2, 28. — i’iM,ilhes. 1, 3, 11 ; 3, 7, 2>. Un cas dans Cod. ^iisf. 6, 35, 9. — 13 Oig. .70, 10, 230. — >'• Haute I rruc. 702) r^-uiiit la quadniplaiio el le reneficium. — 15 Cic. pro Clu. 54, 148 ; Paul. Sent. 5, 23, I ; Dig. 4», ». il f- §1,3 j"*. § 1-3, 3 ; Mos. et rotn. leg. coll. 1,2 1-i ; 8, i, I. V. MomniseD,

l’avorlement volontaire [ahigeme pakti’m] et à la castra- tion [CASTRATTO, p. 9S9J .

A toutes les époques, à Rome, le poison a aussi servi au suicide-- ; très souvent, sous l’Empire, au suicide de prisonniers el d’accusés’^'. L’emploi de la ciguë comme mode d’exécution a été exposé à l’article kÔiVEIO.^.

Cii. Lécrivvin.

VEXTI ("Av£[x&t). — Pour l’étude des questions scien- tifiques et météorologiques relatives aux vents, voyez l’article geograimiia, p. io^-1. Nous n’examinerons ici le sujet que dans ses rapports avec la littérature, la mytho- logie et l’art.

1. Grèce. — 1. Les dieux des vents. — Les œuvres d’Homère et d’Hésiode ont conservé le reflet de croyances très anciennes, antérieures aux temps homé- riques, où les phénomènes de l’atmosphère, vents ou tempêtes, apparaissent déjà comme • des puissances divines. Leur personnalité n’est pas encore déga- gée : ils forment alors un groupe de génies encore indistincts, animés d’une double nature : les uns sont favorables aux hommes ’, les autres ne pensent qu’à détruire leurs travaux et déchaînent sur terre et sur mer les pires catastrophes-. Les premiers sont issus d’une race divine (èx OE’Jiiv yevey])’ ; les seconds, fils de Typiion, sont perpétuellement en révolte contre les divinités du ciel ’. Ils habitent à l’intérieur de la terre % d’oii ils jaillissent au dehors par ses gouffres.

V Iliade., VOdijssée el la Théogonie marquent une pre- mière étape dans la voie de la diflérenciation ; on y trouve en germe les traditions el les croyances qui se développeront dans la Grèce classique. Homère distingue déjà les av£[AO’. des OûeXXat et des âoTruiat ° ; Hésiode a connu l’existence de nombreux vents ’. Pour la première fois se dessinent les ligures mythiques de Borée el de Zéphyr ’, de Nolos ’ el d’Euros ’". Ceux-ci ne sont encore qui ; des forces de la nature divinisée : les dieux du vent du sud et du sud-ouest. Hésiode ne nomme pas Euros parmi les fils d’Astraios el d’Iîos, ancêtres de Borée el de Zéphyr. C’est peut-être un compagnon de Typiion ". l’un de ces mauvais génies qui hantent la partie orien- tale du monde ’^

Borée et Zéphyr ont déjà une personnalité mieu ?v (h’finie. Dieux du vent, ils sont aussi des oaîaovsi ;, inter- médiaires entre le monde supérieur el l’IIadès. Dans ’ Iliade, ils viennent, à laprière d’Iris, ranimer la flamme

SlrafreM, p. r,35.C’,39. — "> C. i. l. U, p. 2110 ; Cic. He d, :or. mit. 3, 30, 71.

— 17 Dig. 48, 3, 3 § 3 ; Inst. 4, 18, 3. On condamne niùmc, soit ï la mort, soit il la relégation, celui qui a causé une mort par l’administration d’un médicanient (l’aul. 5, 23, 19). — ’» Dig. 48, 8, 3 « 2 (peine de la relégalion). — 19 l’aul. Sent. 3, 23, 14 (pour les /lumiliores envoi aux mines ; pour les honesliores la relégation et la confiscation partielle ; la mort, s il y a eu mort). — 20 Cic. Pro Clu. 54, I Ks ; Dig. 48, 8,3 § 3 ; Paul. 5. 23, 1. — 21Co/. Tlieod. 9,38, I, 3, 1,6 ; 1 1, 30, 1, 7. Il y a cependant amnistie dans Joliann. Cl.rys. Ve . n. IV (Migne Patr. Gv. 54, C6V).

— 22 T. Liv. 26, 14 (27 sénateurs cainpaniens) ; 30, 13 (Soplionislie) ; Firm. M.it. .Valh. I, 10, U ; Martial. 1, 78 ; Vit. Hadr. 23, 12 ; P.in. L c. 20, 70 ; 23, 7 ; Vit. Ileliog. 33, 3. — 23 Tac. Ann. 15, 0» (Séncque) ; 0, 40 ; 13, 20 : 2, 74 ; 3, 7 ; Suct. Tib. 6 ; nig. 48, 3, 8. — Bibt.iooiiaphi£. V. la bibliograpliic de l’art. kôxf.io :< et Thonissen, I.e Droit pénal de la lUpiibligne athénienne, Brujelles-Pariy, 1575, p. 190-192, 248-24’j : Mommsen, Wrtm. Slrnfrcchl. Leipzig, 1899,033-030 (trad. fr. Paris, 1907, II, p. 332-333, 307) ; Eiicli llarnack, /Jas Gifl in der dramaliscken Dichlung und in der anliken Literatur, Leipzig, 1908.

VEXTl. — f Hcsiod. Theog. 8C8-869. — 2 Ib. 873 sq. — 3 Jb. 800. — 4 Ih.

— 5 Papyrus de Berlin, Parlliey, 09, p. 122 : ’am-At.-.u iviuov ; Viil ;. Cette croyance est encore répandue cluz certaines populations : à Kagarlik les lialiitants pensent que les tempêtes de saWc viennent des profondeurs (cf. Sven llcdin, Dureh Asient

Wùsle, II. p. 11). — " Od. 1, 231 sq. ; XX, 03, 00, 07 — 7 Hcsiod. Theug. 809 st(.

— » 11. XXII, 101-2)0 ; Theog. l.c.-l Od. Xll. 233. — 10 Od. ib. — " Theog. 69. — )2 Berger, itglh. Kosmogr. p. 20.