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Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - I 1.djvu/212

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En cours

gauche à droite, suivant la direction nouvelle que les Grecs finirent par adopter.

L’alphabet grec primitif était composé de vingt-deux lettres, comme le phénicien.
Fig. 231. — Alphabets phénicien et grec cadméen.
Les caractères en sont presque identiquement semblables à ceux dont usaient les fils de Chanaan. Mais la forme paléographique du phénicien dont ils dérivent est bien manifestement celle que, d’accord avec M. Levy de Breslau et M. le comte de Vogué, nous regardons comme la plus ancienne de toutes celles que fournissent les monuments épigraphiques de la Phénicie, celle que nous appelons par conséquent archaïque par opposition à la paléographie sidonienne.

Les lettres α, γ, ε, υ, ς, η, κ, λ, ν, ο, π,Koppa archaïque minuscule, ρ, τ, sont semblables aux א, ג, ה, ו, ז, ח, ט, ך, ל, ן, ע, ף, ק, ר, ת du phénicien, ou du moins tellement voisines que notre tableau suffit pour ce qui les concerne, sans que nous ayons besoin de donner d’autres explications.

En revanche nous devons dire quelques mots sur la manière dont se sont formées les figures des caractères β, δ, ι, μ, σ, ς, et σάν.

1o Himjar mim. — L’origine de cette figure est facile à reconnaître ; c’est le 𐤁, dont la partie inférieure courbée s’est relevée de manière à former une seconde boucle. On a probablement imaginé cette déformation pour éviter toute confusion entre les lettres voisines comme figure 3 lettres phéniciennes qui se ressemblent, qui devenaient facilement, dans les textes écrits avec rapidité et sans soin, 3 lettres phéniciennes déformées à l'écriture, et dès lors pouvaient être prises l’une pour l’autre.

On eût pu enregistrer encore dans le tableau comparatif, à côté de Himjar mim, un autre type du β, Ͻ ou Ϲ, qu’offrent quelques inscriptions archaïques des îles de l’Archipel et qui doit être un dérivé parallèle et aussi ancien du prototype chananéen, conçu dans un autre principe.

2o Δ. — C’est probablement pour éviter la même confusion que l’on a de très-bonne heure supprimé toute espèce de queue du Delta phénicien avec jambe coupée lequel devenant Δ ne pouvait plus être pris pour le ρ resté .

3o Ζ. — Ici les Grecs ont procédé par voie de simplilication, en faisant de 𐤉. Le tracé de cette lettre s’abrégeant de plus en plus, nous verrons, dans les paragraphes suivants, que de elle a fini par devenir de bonne heure, dans certains pays, un simple trait vertical, Ι.

4o . — C’est encore par voie d’abréviation que ce caractère est sorti de 𐤌, le dernier trait de gauche étant supprimé. Une inscription archaïque de Mélos contient la lettre complète, 𐤌.

5o Σ. — Sorti de  ; même observation. La forme n’est pas abrégée.

6o . — C’est encore une abréviation de 𐤑 ; la moitié droite du caractère est tout à fait atrophiée.

7o Μ. — C’est le 𐤔 phénicien retourné.

Ce qui distingue surtout du phénicien l’alphabet que nous appelons cadméen, c’est premièrement le système adopté pour l’expression des sons vocaux, secondement le changement de direction de l’écriture.

Hérodote signale ces deux points comme les premières modifications introduites par les Ioniens ou Pélasges — les deux noms sont pour lui identiques — dans l’alphabet reçu des Phéniciens : « Les lettres furent d’abord communiquées aux Grecs telles que les Phéniciens en faisaient usage. Ensuite, au bout de quelque temps, on en modifia la valeur et la direction. » Οἱ Φοίνικες… ἐςήγαγον εἰς τοὺς Ἕλλνας… τὰ γράμματα… πρῶτον μὲν τοῖσι καὶ ἅπαντες χλέονται Φοίνικες· μετὰ δὲ, χρόνου προβαίνοντος, ἅμα τῇ φωνῇ μετέβαλον καὶ τὸν ῥυθμὸν τῶν γραμμάτων.[1].

L’adoption de l’alphabet phénicien ou de ses dérivés primitifs par certains peuples, présenta un problème embarrassant pour l’expression des voyelles, revêtues dans les idiomes de ces peuples d’un caractère essentiel et radical, et, au contraire destituées de signes chez tous les Sémites. Les Grecs, les Ibères et les peuples germano-scandinaves, quand ils reçurent la communication de l’écriture phénicienne, les Tartares lorsque l’alphabet Syriaque leur fut apporté par les missionnaires nestoriens, se trouvèrent également en face de ce problème. Quatre fois renouvelé, il eut quatre fois la même solution, la seule, du reste, qui pût être adoptée. Les gutturales douces et les demi-voyelles sémitiques, auxquelles était assigné par occasion le rôle de quiescenles, furent détournées dans une certaine limite de leur valeur primitive et devinrent de véritables voyelles.

Chez les Grecs

𐤀 devenu A grec archaïque, variante rendit le son a
𐤄 E grec archaïque, variante e
𐤅 Y grec archaïque, variantes y et ou
𐤏 𐤏 o
𐤉 I grec archaïque, variante i

Quant au ח devenu 𐤇, les inscriptions de Théra prouvent qu’il avait une double valeur, exactement comme le ו dans les langues sémitiques, et qu’on l’employait alternativement suivant la position comme voyelle longue ou comme signe d’aspiration.

Dans les premiers monuments de l’alphabet cadméen, le sens de l’écriture devait être celui du phénicien, c’est-à-dire de droite à gauche. Cette disposition s’est conservée

  1. Herodot. V, 58.