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Page:Dictionnaire des Apocryphes collections de tous les livres apocryphes de l’Ancien et du Nouveau Testament tome 1 1856.djvu/241

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PART. I. — TEXTES DE L’ANCIEN TESTAMENT. — LIVRE D’ENOCH.

emporte aucun livre hors de son enceinte, il fut obligé de faire tout son travail dans la bibliothèque même. C’est peut-être un motif suffisant pour expliquer et pardonner quelques légères imperfections.

Bruce affirme que Woide avait traduit tout le manuscrit de Paris, et avait emporté sa traduction en Angleterre, quoiqu’il ne l’ait jamais publiée. Nous croyons que cette assertion est le résultat d’une méprise. Woide en effet avait transcrit la version éthiopienne ; mais il ne l’avait pas traduite. On ne trouva rien qui ressemblât à une traduction, dans ses papiers, qui, depuis sa mort, sont devenus la propriété des délégués de l’imprimerie de l’université d’Oxford. Tout ce qui pouvait avoir rapport aulivre d’Enoch a été recueilli et conservé soigneusement ; mais on n’y trouva rien qu’un essai imparfait d’une traduction latine de quelques passages détachés ; essai, du reste, qui prouve suffisamment que la connaissance que ce savant avait de l’éthiopien était trop incomplète, pour qu’il pût entreprendre une pareille tâche[1]. Il semble qu’il ne faisait alors que commencer l’étude de cette langue, étude que ses recherches sur le copte, et ses autres publications interrompirent souvent, et qui fut fatalement arrêtée par la main de la mort.

Laurence avait terminé sa traduction du manuscrit d’Oxford, quand il apprit que les délégués de l’imprimerie possédaient une transcription de celui de Paris, faite par Woide. Il se mit donc à examiner cette transcription ; et il nota avec soin les nombreuses variantes que cette collation lui fit découvrir, Mais le travail de Woide était trop incorrect pour pouvoir servir de base à une minutieuse comparaison. Nous avons déjà remarqué que le public n’avait nullement profité du don fait par Bruce à la bibliothèque d’Oxford ; il n’en fut pas de même des deux autres manuscrits : car l’éditeur de la huitième édition des voyages de Bruce a donné un précis succinct du manuscrit que l’auteur s’était réservé pour lui-même[2] ; et le sa-
  1. Voir aussi le Magasin encyclopédique, an. VI, tom 1, pag. 375.
  2. La traduction du grec qui se trouve dans la bible éthiopienne, sous le nom de Metsahaf Etemec, est divisée en 90 chapitres. Elle commence par cette préface : Au nom de Dieu, plein de miséricorde et de grâce, lent à se courroucer, toujours prêt à la clémence et à la miséricorde. Ce livre est le livre d’Enoch, le prophète. Puissent sa bénédiction et ses faveurs descendre sur celui qui T’aime pour toujours et pour toujours, Amen ! » (Cette courte préface que l’on trouve dans ce manuscrits, manque dans l’exemplaire de la bibliothèque deux que d’Oxford.)
    Chap. 1.- Voici la parole de bénédiction d’Enoch, par laquelle il bénit les saints et les saintes qui étaient dans l’ancien temps. Or, Enoch éleva sa voix et parla ; c’était un saint homme de Dieu, ayant les yeux sans cesse ouverts, et il eut une vision dans les cieux que les anges lui révélèrent. Et j’entendis par eux toutes choses, et je compris ce que je vis. Après cette entrée en matière, vient l’histoire des anges, de leur descente du ciel, et de leur accouplement avec les filles des hommes, d’où naissent les géants ; des instructions qu’ils leur donnent sur les arts de la paix et de la guerre, et sur la luxure ; les noms des anges, chefs de l’entreprise, y sont mentionnés, et ces noms paraissent être d’origine hébraïque, mais corrompus par une prononciation grecque. Dieu révèle à Enoch la résolution qu’il a prise de les détruire. Tous ces sujets occupent environ dix-huit chapitres que M. Bruce a traduits, mais il n’a pas été plus loin, sans doute à cause du sujet. Du dix-huitième au cinquantième chapitre, Enoch est transporté par Urich et par Raphaël dans une série de visions qui ont peu de liaison avec ce qui précède. Il y voit la vallée de feu où sont précipités les anges coupables, le paradis des saints, les derniers confins de la terre, les trésors du tonnerre et des éclairs, des vents, de la pluie, de la grêle, ainsi que les anges qui président à ces météores. Il est transporté à l’endroit où doit avoir lieu le jugement dernier ; il voit l’Ancien des jours sur son trône, et tous les rois de la terre devant lui.
    Au cinquante-deuxième chapitre, on voit Noé alarmé de la corruption effrayante du genre humain, et redoutant la vengeance divine, il implore les conseils de son grand aïeul. Enoch lui révèle qu’un déluge d’eau doit détruire tout le genre humain, tandis qu’un déluge de feu punira les anges que l’eau ne pourrait atteindre.
    Chap. 59. — Le sujet des anges est repris. Semiaza, Artukafa, Arimeen, Kakabael, Tusael, Ramiel, Dandel, et d’autres, au nombre de vingt, apparaissent à la tête des esprits déchus, et donnent de nombreux exemples de leurs dispositions hostiles et rebelles. Au chapitre soixante-deuxième, Enoch fait à son fils Mathusala un long récit sur le soleil, la lune, les étoiles, l’année, les mois, les vents et les phénomènes physiques. Ces explications prennent huit chapitres, après quoi le patriarche fait une récapitulation de tout ce qu’il avait dit dans les premières pages. Les vingt chapitres restant sont consacrés à l’histoire du déluge. Les préparatifs de Noé, les succès dont ils sont couronnés. La destruction de toute chair, excepté de sa famille, et l’exécution de la vengeance divine sur les anges et leurs adhérents, terminent cet absurde et ennuyeux ouvrage. (Vol. II, pag. 424, 425, 426, note.) Le lecteur s’apercevra aisément que ce sommaire est très imparfait, et fait sans soins, surtout celui des vingt derniers chapitres. L’éditeur semble n’avoir parcouru le livre qu’avec un parti pris plein de haine et de préjugé. Cependant il en parle ailleurs plus favorablement ; et dans le catalogue descriptif des manuscrits de la bibliothèque orientale de Bruce, catalogue qui fut communiqué si généreusement au docteur Laurence, on lit les paroles suivantes : Le livre du prophète Enoch se trouve dans le quatrième volume des manuscrits ; il occupe à lui seul trente-deux pages du volume d’une très-belle et très-lisible écriture. Il vient immédiatement avant le livre de Job. Il est divisé en quatre-vingt-seize chapitres, et en dix-neuf sections, qui n’ont aucun rapport avec les chapitres, et semblent avoir été coupées arbitrairement, sans égard pour le sujet de l’ouvrage ; l’idiome est du plus pur éthiopien, et tout le livre a une dignité particulière de style et de manière, qui impose tout d’abord au lecteur, et fait naître dans son esprit des idées de la plus haute antiquité.
    C’est Bruce qui, le premier, a fait connaître à l’Europe savante le livre d’Enoch ; de trois manuscrits qui lui appartenaient, l’un est à Paris, l’autre à Oxford, et le troisième se trouve dans le volume dont je parle. Ces trois exemplaires sont tout ce