Aller au contenu

Page:Dictionnaire des Apocryphes collections de tous les livres apocryphes de l’Ancien et du Nouveau Testament tome 1 1856.djvu/351

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
621
622
PART. I. — TEXTES DE L’ANCIEN TESTAMENT. — ESDRAS IV.

14. De même que vous avez enfanté dans la douleur, ainsi la terre, dès le commencement, donne son fruit à l’homme qui la cultive[1].

15. Maintenant donc, réprimez l’excès de votre douleur, et supportez avec courage les malheurs qui vous accablent.

16. Car si vous reconnaissez combien Dieu est juste dans tout ce qu’il fait[2], vous vous soumettrez aux desseins qu’il a résolu d’exécuter dans les temps marqués, et cette soumission fera votre véritable gloire.

17. Rentrez donc dans la ville, et retournez vers votre mari ; alors elle me dit :

18. Je ne le ferai point et je mourrai ici.

19. Je lui parlai encore, et je lui dis :

20. N’agissez point ainsi, mais déférez à mes conseils ; considérez dans quels malheurs Sion est tombée, et apprenez par les maux que souffre Jérusalem, à supporter les vôtres.

21. Car, comme vous le voyez, notre sanctuaire est abandonné, notre autel est renversé, et notre temple est détruit[3].

22. Nos instruments de musique[4] sont sans voix, on n’entend plus nos saints cantiques, les jours de fêtes et de réjouissances nous sont interdits, la lumière de notre chandelier est éteinte, l’arche de notre alliance a été pillée[5]. Les choses les plus saintes ont été souillées, le nom de notre Dieu a été sur le point d’être profané, nos enfants sont tombés dans l’opprobre, nos prêtres ont été brûlés, nos lévites ont été menés en captivité, nos vierges ont été déshonorées, nos femmes violées, les gens de bien ont été ravis, nos enfants ne sont plus, nos jeunes hommes sont captifs, les braves d’Israël ont perdu leur force.

23. Et ce qui met le comble à nos maux, Sion, la fameuse Sion, a vu toute sa gloire anéantie, et elle a été elle-même livrée à ses ennemis.

24. Sortez donc de la profonde tristesse où vous êtes, et modérez l’excès de votre douleur, afin que le Très-Haut vous rende ses miséricordes, et qu’après avoir mis fin à vos maux, il vous rétablisse dans un repos parfait.

25. Pendant que je lui parlais, son visage devint tout à coup éclatant, ses yeux brillaient comme le feu ; j’en fus saisi de frayeur, et comme je pensais à ce que ce pouvait être,

26. Elle fit entendre une voix terrible, et toute la terre en fut émue ; je regardai au même instant,

27. Et je ne vis plus cette femme ; mais du lieu où je l’avais vue, s’élevait une ville[6]

dont l’enceinte paraissait fort spacieuse je fus saisi de crainte, et élevant la voix, je dis :

28. Où est l’ange Uriel[7], qui m’a été envoyé au commencement de cette vision ? car c’est lui qui a fait naître dans mes pensées le trouble et l’agitation où je me trouve, mes espérances ont été vaines, et ma prière retournera à ma honte.

29. Comme je parlais ainsi, il vint à moi et me regarda.

30. Je portais sur mon visage l’image de la mort, et je n’avais plus de connaissance ; alors il me prit par la main droite et me remplit de force, et m’ayant relevé sur mes pieds, il me dit :

31. Que t’est-il arrivé, et pourquoi ton esprit et ton cœur sont-ils ainsi dans le. trouble et dans l’agitation ? Et je lui répondis :

32. Parce que vous m’avez abandonné ; cependant je suis venu dans ce champ,. comme vous me l’aviez ordonné : j’y ai vu et j’y vois encore des choses que je ne puis raconter, et il me dit :

33. Reprends tes forces, et je te dirai ce que tu dois faire. Je lui répondis :

34. Parlez, mon Seigneur, et ne m’abandonnez point, de peur que je ne meure sans secours[8].

35. Car j’ai vu des choses toutes nouvelles, et j’en entends dont je n’ai jamais ouï parler.

36. Mes sens sont-ils abusés, ou est-ce l’effet de quelque songe ?

37. Et maintenant je vous conjure d’expliquer ces prodiges à votre serviteur. Alors il me dit :

38. Écoute-moi, je t’instruirai et je te parlerai des choses qui t’ont jeté dans la frayeur ; car le Très-Haut t’a déjà découvert plusieurs mystères.

39. Il a vu la droiture de ton cœur. Il sait que tu n’as cessé de t’affliger pour ton peuple, et que tes pleurs n’ont point été interrompues à cause de Sion.

40. Voici donc le sens de la vision que tu viens d’avoir :

41. Tu as vu d’abord une femme éplorée, et tu t’es approché d’elle pour la consoler.

42. Tout d’un coup, tu as cessé de la voir, et en sa place a paru une ville que l’on bâtissait.

43. Elle t’a ensuite entretenu de la mort de son fils : Voici le sens de cette vision.

44. Cette femme est la figure de Sion que tu vois à présent comme une ville bâtie.

45. Quant à ce qu’elle t’a dit qu’elle avait
  1. C’est-à-dire : De même que le laboureur fatigue et travaille longtemps pour cultiver la terre, dans l’espérance qu’il a d’en recueillir la moisson, ainsi il exhorte cette femme à supporter les maux présents, dans l’attente de la récompense.
  2. Autre. Si vous reconnaissez la justice des vues et des desseins de Dieu.
  3. C’est la description des maux que les Israélites souffrirent sous Nabuchodonosor. L’auteur a supposé, III, 1, qu’il écrivait ceci la trentième année de leur captivité en Babylone.
  4. Litt. : Notre psalterion est humilié, c’est-à-dire ne se fait plus entendre.
  5. Autre enlevée.
  6. Présage de son établissement et de sa gloire future. — Voy. le verset 50 ci-après.
  7. Voy. la deuxième note sur le vers. 1 du chap. iv, ci-dessus.
  8. En vain, c’est-à-dire sans consolation et sans espérance.