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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/161

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CHE

nous suivons, les éperons en commençant par la gauche, le haubert ou la cotte de mailles, la cuirasse, les brassards et les gantelets ; puis on lui ceignait l’épée. Quand il avait été ainsi adoubé, c’est-à-dire, revêtu, il restait à genoux avec la contenance la plus modeste. Alors le seigneur qui devait lui conférer l’ordre, se levait de son siège ou de son trône, et lui donnait l’accolade ou l’accolée ; c’était ordinairement trois coups du plat de son épée sur l’épaule, ou sur le col de celui qu’il faisait chevalier ; c’était quelquefois un coup de la paume de la main sur la joue ; on prétendait l’avertir par là de toutes les peines auxquelles il devait se préparer, et qu’il devait supporter avec patience et avec fermeté, s’il voulait être fidèle à ses engagements. En donnant l’accolade, le seigneur prononçait ces paroles, ou d’autres semblables : Au nom de Dieu, de Saint-Michel et de Saint-Georges, je te fais chevalier ; auxquelles on ajoutait quelquefois ces mots : soyez preux, hardi et loyal.

Il ne lui manquait plus que le heaume ou casque, l’écu ou bouclier, et la lance qu’on lui donnait aussitôt : ensuite on amenait un cheval qu’il montait, et pour faire parade de sa nouvelle dignité autant que de son adresse, il caracolait en faisant brandir sa lance et flamboyer son épée. Ensuite il se montrait dans cet équipage au peuple, qui témoignait sa joie par des acclamations, et par des danses autour du nouveau chevalier.

En temps de guerre, on conférait la chevalerie d’une manière plus expéditive et plus militaire. On présentait seulement son épée, par la croix ou la garde au Prince ou au Général de qui on voulait recevoir l’accolade ; c’était tout le cérémonial. La célérité des entreprises, et le grand nombre de chevaliers que l’on créait à la guerre, ne permettaient pas de suivre avec exactitude toutes les lois établies pour la création d’un chevalier.

Les chevaliers jouissaient de plusieurs avantages extérieurs, qui réhaussaient l’éclat de cette profession par des prérogatives honorables, et donnaient à ceux qui l’exerçaient, une prééminence marquée sur tous les écuyers, et sur tout le reste de la noblesse. Ces distinctions consistaient dans l’armure, dans l’habillement, dans les titres, etc.

Une lance forte et difficile à rompre, un haubert, un haubergeon, c’est-à-dire, une double cotte de mailles tissue de fer à l’épreuve de l’épée, étaient les armes assignées aux chevaliers exclusivement ; la cotte d’armes faite d’une