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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/163

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CHE

successivement, en commençant par le casque. Pendant ce temps, des prêtres récitaient les vigiles des morts, après lesquelles ils prononçaient, sur la tête du coupable, le pseaume 108, qui contient plusieurs imprécations contre les traîtres. Cela fait, le roi, ou héraut d’armes, demandait, par trois fois, le nom du coupable, et chaque fois, le poursuivant d’armes le nommait par son nom propre et par celui de sa seigneurie ; et ce héraut disait toujours que ce n’était pas le nom de celui qu’il avait devant les yeux, puisqu’il ne voyait en lui, qu’un traître déloyal, et foi mentie. Ensuite, prenant des mains du même poursuivant d’armes, un bassin plein d’eau chaude, il le jetait avec indignation sur la tête de cet infâme Chevalier, pour effacer le sacré caractère conféré par l’accolade.

Le coupable dégradé de la sorte, était ensuite tiré en bas de l’échafaud, par une corde passée sous le bras, et mis sur une claie ou sur une civière, couvert d’un drap mortuaire ; enfin porté à l’église, où l’on faisait sur lui les mêmes prières et les mêmes cérémonies que pour les morts. Ce cérémonial achevé, le dégradé était livré au juge royal, pour lui faire subir la peine de mort, ou telle autre qu’il avait méritée. Après l’exécution, les rois et les hérauts d’armes déclaraient les enfants et descendants du dégradé, ignobles, vilains et roturiers, incapables de porter les armes et de paraître à l’armée, aux joûtes ou tournois, sous peine d’être battus de verges, comme nés d’un père infâme.

Des fautes plus légères, mais toutefois déshonorantes, excluaient celui qui les avait commises, de la table des Chevaliers. S’il osait y prendre place, chacun d’eux était en droit de venir trancher la nappe devant lui. Les écuyers même pouvaient lui faire un pareil affront.

Aujourd’hui, la manière de révoquer l’ordre de la chevalerie, est de retirer à l’accusé le collier ou la marque de l’ordre, que l’on remet ensuite entre les mains du trésorier de l’ordre.

Le titre d’Écuyer ou de Chevalier, était d’abord affecté à la seule noblesse faisant profession des armes. La noblesse qui s’acquiert par les grands offices, et surtout par le service dans les cours souveraines, ne donnait point autrefois la qualité d’écuyer ou de Chevalier, qui paraissait incompatible avec un office dont l’emploi est différent de la profession des armes. Aussi les présidents et conseillers