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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/234

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CRO

On traita long-temps les réclamations de ces bonne gens, avec l’indifférence qu’elles méritaient ; et l’on était bien éloigné de croire qu’il viendrait jamais des temps de ténèbres assez profondes, et d’un étourdissement assez grand dans les peuples et dans les souverains sur leurs vrais intérêts, pour entraîner une partie du monde dans une malheureuse petite contrée, afin d’en égorger les habitants et de s’emparer d’une pointe de rocher qui ne valait pas une goutte de sang, qu’ils pouvaient révérer en esprit de loin comme de près, et dont la possession était si étrangère à l’honneur de la religion.

La première Croisade eut lieu en 1096 ; elle se fit pour ainsi-dire, pour venger les avanies qu’un hermite picard, nommé Pierre, avait essuyées en Asie, et dont il rapportait en Europe le ressentiment le plus vif. Cette Croisade fut très-heureuse pour les armes des chrétiens, qui étaient sous les ordres de Godefroi de Bouillon, lequel s’empara de Jérusalem ; mais elle ne le fut pas autant pour les autres corps d’armée, qui la plupart furent détruits avant d’arriver au rendez-vous, qui était à Constantinople.

La seconde Croisade se fit en 1148, sous le roi Louis VII, et ne fut que funeste aux chrétiens, qui y périrent prèsque tous.

La troisième Croisade eut lieu en 1188, sous Philippe Auguste ; la quatrième fut entreprise en 1195, après la mort de Saladin ; la cinquième eut lieu en 1199 ; la sixième en 1217 ; la septième en 1248, par les Français, sous le roi Saint-Louis ; et la huitième et dernière en 1270, sous le même roi.

Ces diverses Croisades, où ne sont point comprises celles qui se firent contre les Français hérétiques de l’Albigeois et contre les huguenots des nations du nord, coutèrent à l’Europe environ deux millions de ses habitants, et plus de deux cents millions en espèces.

Les Croisades, selon M. l’abbé Fleury, servaient de prétexte aux gens obérés pour ne point payer leurs dettes ; aux malfaiteurs pour éviter la punition de leurs crimes ; aux ecclésiastiques indisciplinés pour secouer le joug de leur état ; aux moines indociles pour quitter leurs cloîtres ; aux femmes perdues pour continuer plus librement leurs désordres. Qu’on estime par là quelle devait être la multitude des croisés !

Croisé, adject., se dit d’un globe surmonté d’une