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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/299

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DUE

il sera payé douze deniers, quand même la querelle s’accommoderait ensuite sans combat ; que si dans la dispute il y a eu du sang répandu, et que cela donne lieu à une contestation devant le juge, on payera douze deniers pour la première plainte ; que si on soutient qu’il n’y a pas eu de sang répandu, c’est le cas du Duel, que le vaincu payera cent neuf sous d’amende ; que si, après le Duel, la dispute se renouvèle, le coupable payera soixante livres d’amende, ou qu’il aura le poing coupé ; que les mêmes peines auront lieu lorsqu’on renouvèlera d’anciennes inimitiés. Il était permis au créancier d’appeler en Duel son débiteur qui prétendait ne lui rien devoir. L’engagement de se battre devait être répété le troisième jour devant deux témoins. Quand on faisait un serment, on mettait une obole sur le livre sur lequel on le faisait, et quand ce serment pouvait être suivi d’un Duel, on mettait quatre deniers sur ce livre.

On trouve encore plusieurs autres lettres ou priviléges semblables accordés aux habitants de différentes villes et autres lieux, qui règlent à peu près de même les cas du Duel et les amendes et autres peines qui pouvaient avoir lieu.

Sous Charles VI, on se battait pour si peu de chose, qu’il fit défense, sur peine de la vie, d’en venir aux armes sans cause raisonnable, comme le dit Monstrelet ; et Juvénal des Ursins assure aussi qu’il publia une ordonnance, en 1409, portant que personne en France ne fut reçu faire gages de bataille, sinon qu’il y eût gage jugé par le roi ou par sa cour de parlement. Il y avait même déjà long-temps que le parlement connaissait des causes de Duel, témoins ceux dont on a parlé ci-devant ; et entre autres celui qu’il ordonna, en 1386, entre Carouge et Legris. Celui-ci était accusé par la femme Carouge d’avoir attenté à son honneur. Legris fut tué dans le combat, et partant jugé coupable ; néanmoins dans la suite il fut reconnu innocent par le témoignage de l’auteur même du crime, qui le déclara en mourant. Legris, avant de se battre, avait fait prier Dieu pour lui dans tous les monastères. Voyez Champion.

L’église souffrait aussi que l’on dit des messes pour ceux qui allaient se battre ; et l’on trouve dans les anciens Missels le propre de ces sortes de messes, sous le titre, missa pro duello. On donnait même la communion à ceux qui