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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/317

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ÉCU

portée, même depuis que les boucliers ne sont plus en usage à la guerre.

La qualité d’écuyer ne se donnait cependant pas indifféremment à tous les nobles, et jusqu’au commencement du quinzième siècle, elle dénotait un ancien gentilhomme. Les barons, les plus grands seigneurs et même des princes du sang se sont qualifiés écuyers dans leur jeune âge, jusqu’à ce qu’ils fussent parvenus à l’ordre de chevalerie ; ils étaient dans une subordination si grande à l’égard des chevaliers, qu’ils ne faisaient point de difficulté, non-seulement de leur céder les places d’honneur en tous lieux, de ne se point couvrir en leur présence, de n’être point admis à leur table, et de leur obéir, mais encore de porter leur écu ou bouclier. Cette grande subordination servant à les exciter d’un violent désir de se rendre dignes de la chevalerie, non-seulement par des actions de valeur et de bonne conduite, mais aussi par celles de la vertu, qui était essentielle pour faire un parfait chevalier.

Les écuyers ne pouvaient sceller leurs actes comme les chevaliers, qui pouvaient être représentés à cheval, armés de toutes pièces. Il y a des exemples des treizième et quatorzième siècles, par lesquels des écuyers remettaient à autoriser des actes de leur sceau quand ils seraient parvenus à la chevalerie.

L’écuyer ne pouvait porter d’éperons dorés, ni d’habits de velours ; mais il portait des éperons argentés et des habits de soie. Il n’était jamais qualifié de messire, ni sa femme madame ; on l’appelait seulement demoiselle ou damoiselle, quand même elle aurait été princesse ; mais dès que son mari était devenu chevalier, elle pouvait se qualifier dame ou madame, et lui-même messire ou monseigneur.

Il y avait des écuyers qui n’avaient pas assez de biens pour parvenir à la chevalerie ; c’est ce qui obligeait souvent les rois à établir une pension à ceux qu’ils créaient chevaliers, quand ils n’avaient pas de quoi soutenir cette dignité.

Les écuyers n’avaient, en temps de guerre, que la demi-paye des chevaliers, à l’exception des écuyers-bannerets ; ces derniers se trouvant seigneurs de bannière, et en état de mener leurs vassaux à la guerre, parmi lesquels il y avait quelquefois des chevaliers, avaient la paye de chevaliers-bacheliers, qui était la demi-paye des chevaliers-bannerets.