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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/391

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FLE

environ cent médailles d’or des premiers empereurs ro- mains, deux cents autres médailles d’argent toutes rouil- lées, un javelot, un graphium avec son stilet, et des ta- blettes ; le tout garni d’or : une figure en or d’une tête de bœuf avec un globe de crysta !, et des abeilles aussi toutes d’or, au nombre de trois cents et plus. Cette riche dé- pouille fut donnée à l’archiduc Léopold, qui était pour lors gouverneur des Pays-Bas, et après sa mort, Jean- Philippe de Schonborn, électeur de Cologne, fit présent à Louis XIV, en 1665, de ces précieux restes du tombeau d’un de ses prédécesseurs : on les garde à la Bibliothèque du Roi.

M. Chifflet prétend donc prouver, par ce monument, que les premières armes de nos rois étaient des abeilles et que des peintres et des sculpteurs mal habiles, ayant voulu les représenter, y avaient si mal réussi, qu’elles devinrent nos FLEURS DE LYS, lorsque, dans le dou- zième siècle, la France et les autres états de la chrétienté prirent des armes blasonnées ; mais cette conjecture nous paraît plus imaginaire que fondée, parce que, suivant toute apparence, les abeilles de grandeur naturelle et d’or massif, trouvées dans le tombeau de Childéric I, n’étaient qu’un’un symbole de ce prince, et non pas ses armes ; ainsi dans la découverte qu’on a faite en 1646 du tombeau de Childéric II, en travaillant à l’église de Saint-Germain- des-Prés, on trouva quantité de figures du serpent à deux têtes, appelé par les Grec amphisbène, lesquelles figures étaient sans doute également le symbole de Childéric II, comme les abeilles l’étaient de Childeric I.

Au surplus, Chifflet, dans son ouvrage à ce sujet, intitulé lilium francicum, a eu raison de se moquer des contes ridicules qu’il avait lus dans quelques-uns de nos historiens, sur les FLEURS DE LYS. En effet, les trois couronnes, les trois crapauds, changés en trois FLEURS DE LYS par l’ange qui vint apporter à Clovis l’écusson chargé de ces trois fleurs ; ce qui a engagé les uns à imaginer que les rois de France portaient au com- mencement, de sable, à trois crapauds d’or ; les autres d’or, à trois crapauds de sable ; et d’autres enfin, comme Trithème, d’azur, à trois grenouilles de sinople ; tout cela, dis-je, ne peut passer que pour des fables puériles, qui ne méritent pas d’ètre réfutées sérieusement.