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Page:Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France - volume 1 - Nicolas Viton de Saint-Allais.djvu/67

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Par une lettre de Philippe-le-Bel, datée du 20 janvier 1303, au bailli d’Orléans, il était ordonné que ceux qui avaient 500 livres de revenu dans ce royaume, en terres, aideraient d’un gentilhomme bien armé et bien monté d’un cheval de 50 livres tournois, et couvert de couverture de fer ou couverture de pourpointe. Et le roi Jean dans les lettres du mois d’août 1353, écrit aux bourgeois et aux habitans de Nevers, de Chaumont en Baussigni, et autres villes, qu’ils eussent à envoyer à Compiègne, à la quinzaine de Pâques, le plus grand nombre d’hommes et de chevaux couverts de mailles qu’ils pourraient, pour marcher contre le roi d’Angleterre. Depuis, on se contenta de leur couvrir la tête et le poitrail de lances de fer, et les flancs de cuir bouilli. Il est fait encore mention de cette armure dans une ordonnance de Henri II. « Ledit homme d’armes sera tenu de porter arme petit et grand, garde bras, cuirasse, cuissots, devant de greves, avec une grosse et forte lance, et entretiendra quatre chevaux, et les deux de service pour la guerre, dont l’un aura le devant garni de bardes avec le chamfrain et les flancois ; et si bon lui semble aura un pistolet à l’arçon de la selle ». C’étaient ces flancois, c’est-à-dire, ce qui couvrait les flancs du cheval, qui étaient de cuir bouilli. Les seigneurs armaient souvent ces flancois de leurs écussons ; nos rois les semaient souvent de fleurs de lys, et quelquefois de quelques pièces des armoiries d’un pays conquis.

Le chamfrain qui était de métal ou de cuir bouilli, servait encore d’arme défensive au cheval ; il lui couvrait la tête pardevant, et c’était comme une espèce de masque qu’on y ajustait. Il y en avait un de cuir bouilli au magasin d’armes de l’Arsenal de Paris. Il y avait dans le milieu un fer rond et large, et qui se terminait en pointe assez longue ; c’était pour percer tout ce qui se présenterait, et tout ce que la tête du cheval choquerait. L’usage de cette armure du cheval était contre la lance, et depuis contre le pistolet. Les seigneurs français se piquaient fort de magnificence sur cet article. Il est rapporté dans l’histoire de Charles VII que le comte de St-Pol, au siége de Harfleur, l’an 1449, avait un chamfrain à son cheval d’ames, c’est-à-dire, à son cheval de bataille, prisé trente mille écus. Il fallait qu’il fût non seulement d’or, mais encore merveilleusement travaillé. Il est encore marqué dans l’histoire du même roi, qu’après la prise de Bayonne par l’armée de ce