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PRÉFACE.

lui mériter ce titre, nous devons chercher à la rendre aussi riche, aussi complète qu’elle est claire et facile. Nos idées, nos mœurs ont eu d’abord la tendance méridionale, espagnole, italienne ; elles se rapprochent aujourd’hui du nord ; le langage a suivi les mêmes traces. Les origines helléniques jouent aussi un grand rôle dans la langue technologique ; une moitié de notre Vocabulaire est devenue grecque.

La mythologie ancienne a été traitée avec un soin judicieux ; elle a fait en quelque sorte partie de nos mœurs, après la renaissance des lettres en Europe. Toutes les créations, toutes les figures de la superstition grecque et romaine ont été adoptées parmi nous. Le christianisme resta long-temps banni de la poésie française, tandis qu’une foule de termes mythologiques passèrent même dans le langage du peuple.

L’auteur a étudié avec soin les divers attributs que les peintres et les écrivains ont donnés aux figures allégoriques, comme l’Amitié, l’Amour, la Constance, la Clémence, la Fureur, la Colère, l’Injustice, la Patience, la Religion, la Théologie, la Vérité, la Violence, etc., etc.

Une espèce de langue politique a encore été créée depuis 1789 : les diverses formes de gouvernements qui se sont succédés ont fait naître une foule de mots nouveaux qui tous ont été recueillis avec fidélité dans ce Dictionnaire. Les articles Écoles militaires ou autres, Saints-Simoniens, Saint-Simonisme, Saints-Simonistes, etc. (Voyez Simoniens (Saints-), etc.), sont neufs ; ils ont été traités avec toute la concision et la vérité que l’on peut désirer.

Enfin, l’on a cru devoir admettre un grand nombre de locutions qui, pour n’être usitées que dans certaines localités, ne sont pas dépourvues de tout intérêt. Sous le rapport des lettres et du commerce, les provinces méritent une attention particulière, aujourd’hui que, moins perdues dans la centralisation, elles peuvent avoir leur propre sphère d’activité.

La série des mots nouveaux, oubliés, ou introduits dans ce Dictionnaire, est considérable. On ne peut les énumérer tous dans cette Préface ; en voici quelques-uns qui viennent à la mémoire : Ablateur, Ablepsie, Absorptif, Acridothète, Actualiser, Aérivore, Aiguiserie, Allumetier, Allumière, Amadouerie, Amatelottement, Angiorragie, Angiorrhée, Antimonane, Archinavachie, Archine, Astromanie, Aumônière, Autoclave, Azoture, Baculomètre, Balnéographie, Barodrôme, Cantonnal, Daller (verbe), Fumivore, Mâchonnement, Main artificielle, Main de justice, Mamelliforme, Manuduction, Marcescible, Margarate, Margaritifère, Moteur, Matité, Mécanographie, Mélanaugide, Mélanique, Métateurs, Métation, Modelage, Momification, Momifier, Mulljenny, Mulage, Nagement, Navarchie, Nervimoteur, Nervimotilité, Onguicure, Orthophonie, Rainer, Sécuriclave, Sylvestrine, Trôner, Yatagan, etc., etc., etc., de même que beaucoup de noms de plantes, d’insectes, de poissons, de coquilles, de pierres précieuses, de pétrifications, et de beaucoup d’animaux quadrupèdes dont les noms étaient inconnus, et qu’on ne trouve guère que dans les ouvrages nouveaux d’histoire naturelle.

Plus de cinq cents mots, tels que Dansomane, Dansomanie, Monomane, Monomanie, Perdable, Percepteur, Tourbillonnement, Tourbillonner, Tourbier, Tourdelle, Treizièmement, Vocifération, Vociférer, etc., etc., que tous les Vocabulaires ne donnent pas, ou plutôt qui ne sont réunis dans aucun, se trouvent dans celui-ci.

Une amélioration que nous ne devons pas omettre de signaler, c’est que ce Dictionnaire rappelle quelques sobriquets et surnoms qui, bien que n’étant pas français, sont devenus des noms appellatifs. Par exemple, Bobèche, ustensile, ou espèce de garde-suif, nous rappelle le nom que la gaieté parisienne