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le nom (1)[1] ; une loi d’Athènes le leur défendait même formellement : usage qui fut depuis imité par les Romains. C’était le contraire chez les Lyciens ; le fils y prenait le nom de sa mère, parceque la succession passait aux filles. Le nom d’Athénée était interdit aux femmes, parceque c’était celui de Pallas, et que c’eût été manquer de respect à la déesse. Souvent les nouvelles mariées en prenaient un nouveau avant d’entrer dans la maison de leur époux.

On désignait aussi les individus par un nom patronymique ; c’est-à-dire par le nom de leur père, comme Pelides, Achille, fils de Pelée ; de leur aïeul ou bisaïeul, comme Acrisiades, Persée, petit-fils d’Acrisius, etc. : usage qui s’est reproduit chez les nations modernes, comme ou le verra au chapitre des Noms patronymiques.

Au reste, la terminaison en ides ou ades n’est pas toujours patronymique chez les Grecs ; elle a servi quelquefois à exprimer une grandeur ou une qualité plus élevée que celle qui serait désignée par le nom primitif. C’est à cet usage que Lucien fait allusion, lorsqu’il introduit dans son dialogue du Coq, un savetier qui, devenu riche, se fait appeler Simonide, de Simon qu’il était avant d’être enrichi, et qui se plaint amèrement de ceux qui ne l’appelaient que Simon, comme si ce n’eût été qu’une mutilation du nom de Simonide, faite à dessein de l’insulter ; en quoi il n’avait pas tout-à-fait tort. Il savait que l’on avait affecté, presque de tout temps, de ne donner que des noms d’une ou deux syllabes aux esclaves et aux autres personnes viles, et que ceux de quatre ou cinq syllabes n’étaient que pour les personnes d’un rang plus relevé. Aussi, dit Lucien, de dissyllabe qu’il avait été dans la bassesse de sa première condition, il devint quadrisyllabe après le changement de sa fortune (2) [2].

En effet, il paraît que cette abréviation de noms n’avait lieu qu’à l’égard des valets et des petits enfans. C’est au mépris pour les uns et à la familiarité caressante envers les autres, qu’Eustathe attribue la liberté que les Grecs se

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  1. (1) Cet usage n’avait pas toujours existé en Grèce. On voit dans Homère que les enfans recevaient leur nom de leur mère, au moment de leur naissance.
  2. (2) Démosthènes reproche à Eschine d’avoir métamorphosé en Atromite le nom de son père Tromès. On voit dans l’Anthologie une épigramme contre un homme qui, de pauvre devenu riche, voulut s’ennoblir par la même voie, et de Stephanus se transforma tout d’’un coup en Philostéphanus.