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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/106

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le ton roulé et le ton de vénerie ou « tayauté » qui est celui que les musiciens ont imité dans leurs ouvrages descriptifs, comme Philidor, dans Tom Jones (1765), Méhul, dans l’Ouverture de La Chasse du jeune Henri (1797), Haydn, dans Les Saisons (1801). Des fanfares pour trois et quatre trompes ont été composées dès le xviie s. ; celle que Rossini a écrite en 1828 pour le baron de Schickler est devenue populaire. Le cor simple ou trompe de chasse fournit les harmoniques 2 à 16 du son fondamental.

On le construit habituellement, de nos jours, pour la chasse, en et quelquefois en mi bémol. Son origine française est si bien reconnue qu’il a conservé dans la langue anglaise le nom de French horn ou cor français. Cependant, c’est comme une importation étrangère qu’il s’introduisit dans l’orchestre. Deux cornistes allemands, engagés par le fermier général La Pouplinière pour sa musique particulière, en jouaient au Concert Spirituel vers 1750, dans des symphonies de Guignon, de Stamitz, de Touchemolin. L’invention des corps de rechange, ou plutôt leur adaptation au cor, et la découverte des sons bouchés, datent à peu près de la même époque. Pour permettre au cor de jouer dans plusieurs tons, les facteurs en divisèrent le tube en deux parties, dont l’une s’étend de l’embouchure au boisseau, et l’autre, du boisseau au pavillon ; entre les deux s’introduit le fragment de tube supplémentaire, appelé corps ou ton de rechange ; l’instrument étant construit en si bémol, onze corps de rechange, qui s’échelonnent en le faisant baisser chacun d’un demi-ton, portent graduellement la longueur théorique du tube à 5 m. 90 et mettent à la disposition de l’exécutant autant de séries nouvelles d’harmoniques. À ce perfectionnement essentiel, le corniste Hampel ajouta, dit-on, par une découverte fortuite, l’emploi des sons bouchés. Cherchant le meilleur moyen d’obtenir des sons en sourdine, par l’introduction d’un tampon d’ouate dans le pavillon, Hampel s’aperçut qu’en produisant avec sa main gauche une fermeture partielle, il abaissait à volonté chaque son d’un demi-ton. Les sons ainsi obtenus, qui furent appelés sons bouchés, s’intercalant entre les sons naturels de l’instrument, dits sons ouverts, vinrent en augmenter considérablement les ressources ; leur sonorité voilée fut en même temps mise à profit pour des oppositions de coloris. L’échelle du cor, notée dans le ton d’ut, se trouva constituée ainsi qu’il suit, les notes blanches représentant les sons ouverts, harmonique 2 à 16 du son fondamental, fournis par l’instrument naturel, et les notes noires les sons bouchés :


\language "italiano"
melody = \relative do, {
  \override Staff.TimeSignature.color = #white
  \override Staff.TimeSignature.layer = #-1
  \clef "bass"
  \time 43/4
  do2^1 si'4 do2^2 fad4 sol2^3 si4 do2^4 
  \clef treble
  red4 mi2^5 fad4 sol2^6 la4 sib2^7 si4 \bar " " \break
  \once \override Score.Clef.break-visibility = ##(#f #f #f)
  do2^8 dod4 re2^9 red4 mi2^10 fa4 fad2^11 sol^12 sold^13 la4 sib2^14 si^15 do^16 \bar "||"
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel" { \autoBeamOff \melody }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff 
               \RemoveEmptyStaves 
             }
    indent = 0\cm
    line-width = #120
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}

En raison de ses perfectionnements, on s’accoutuma à désigner le cor simple, muni de corps de rechange, par le nom de cor d’harmonie, qui le distinguait du cor de chasse, ou trompe.
Cor d’harmonie.
C’est pour lui qu’ont été écrites les parties renfermées dans les œuvres de l’époque classique, les deux Concertos de Haydn (1762), ses Symphonies et celles de Mozart, les trois Concertos de Mozart (1782), la Sonate de Beethoven, op. 17, et son Septuor, op. 20. Gevaert a fait remarquer que Beethoven réservait d’ordinaire les sons bouchés pour les passages en solo. Il a donné au cor un rôle admirable et souvent difficile dans le scherzo de la Symphonie héroïque et celui de la Symphonie en fa et dans l’adagio de la Symphonie avec chœur. Ainsi que l’on fait à la même époque ou immédiatement après lui Cherubini, Spontini, Weber, et autres, Beethoven emploie dans son orchestre 4 cors en deux groupes, accordés en deux tonalités, qui permettent de les combiner pour combler les lacunes particulières à chacun. Vers 1815 se produisirent les premiers essais de cors omnitoniques ou chromatiques, à cylindres ou à pistons, dus au facteur allemand Stœlzel, au facteur belge Sax père, et que l’on commença par associer au type ancien, en réservant à celui-ci le premier pupitre. L’adoption de trois pistons, s’ajoutant à l’emploi des corps de rechange, rendait les tons aigus aisément accessibles et permettait l’exécution de passages et de gammes chromatiques d’une homogénéité parfaite, dans une étendue