plus hardi sait prévoir un progrès à venir, et que Marchetto de Padoue, dès le xive s., aperçoit l’identité d’un intervalle et de son renversement, en général les auteurs de traités s’attachent à fixer comme d’une manière définitive les règles que le compositeur ne devra pas enfreindre. Tout un système de chaînes et de rets l’entoure, à l’époque même où prennent leur essor l’H. et le contrepoint : sévère classification des intervalles en consonances et dissonances, obligation absolue de la préparation et de la résolution des dissonances, défense de faire succéder 2 consonances parfaites semblables, interdiction de se servir d’intervalles mélodiques éloignés, réglementation du mouvement des parties qui doivent en chaque cas procéder en un sens déterminé : autant de principes, laborieusement déduits, qui sont demeurés le noyau de l’enseignement élémentaire de l’H. Au moyen âge s’y ajoutaient les règles du Modus, ou division rythmique de la phrase musicale d’après des formules métriques, dont les maîtres de la polyphonie vocale aux xve et xvie s. secouèrent le joug pour ne plus reconnaître d’autres lois que celles du développement musical.
nouvelle instruction familière, 1558.)
Héritiers directs
des déchanteurs, on désigne
de préférence ces
maîtres sous le nom de
contrepointistes parce
qu’ils excellent dans la
coordination de parties
mélodiques superposées qui
conservent chacune une
marche propre et une
liberté apparente et qui
se réunissent sans se subordonner
visiblement l’une
à l’autre. Mais il n’est
point de contrepoint sans
H., puisque des successions
d’accords résultent
de la rencontre voulue
des voix étagées sur des
plans parallèles.
Aussi l’antagonisme
de l’H. et du contrepoint n’a-t-il
jamais été absolu, et sans parler
du soin qu’ils ont pris constamment
de conformer le mouvement
des parties aux exigences de ce qui
passait en leur temps pour les lois
véritables de l’orthographe harmonique,
on voit souvent les plus habiles
contrepointistes se plaire à introduire
dans leurs œuvres le contraste d’épisodes
formés d’une succession d’accords
pleins, en contrepoint note
contre note, ou, comme l’on dit
aujourd’hui, en écriture verticale, qui
viennent interrompre le discours polyphonique
en écriture horizontale et le
tissu compliqué des réponses canoniques.
Des morceaux tout
entiers sont même composés
dans ce style, tels que
le célèbre O salutaris de
Pierre de la Rue, le Tu
solus qui facis mirabilia de
Josquin Després, certaines
chansons de Claudin de
Sermisy, de Jannequin, d’Orlando
de Lassus, et pres-