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souvent l’octave, celles des M. plagaux ne dépassent pas ordinairement le tétracorde. Les théoriciens latins n’admettent pas le M. de ré aigu pour tetrardus plagal, à cause de la rareté des chants qui lui appartiennent et ils donnent de préférence ce nom à la position au grave du M. de sol. L’exécution du chant liturgique exige une transposition de presque tous les M., qui les fasse correspondre à l’ambitus moyen des voix ; cette transposition s’effectue en prenant les finales dans l’ordre contraire à celui de la notation et en donnant à la note ou ton sur lequel on termine le même nom qu’au M. transposé :

Finale notée, ton d’exécution du M.
  mi  
mi
ut fa
si sol


pour les M. en hypo, on prend leurs dominantes sur le ton de la dominante du M. authente correspondant :

Dorien, finale mi, dominante si = transposé ré, finale ré, dominante la.

Hypodorien, finale la, dominante ut = transposé, finale fa , dominante la.

Mais sur quelque degré de l’échelle qu’un M. puisse être transposé, il conserve le nom qui définit sa constitution :

M. de Ré (ton dorien ; M. phyrgien et éolien transposé ; protus authente ; 1e ton ecclésiastique).

, mi, fa, sol, la, si, ut, ré. Exécution dans le ton noté, ou un ton plus haut mi, fa , sol, la, si, ut , ré, mi.

M. de La (hypodorien et éolien ; protus plagal ; 2e ton ecclésiastique).

La, si, ut, ré, mi, fa, sol, la. Exécution finale fa , dominante la, avec 3 dièses ou finale sol, dominante si bémol, avec 2 bémols :

Ut , ré, mi, fa , sol , la, si, ut .

Ré, mi , fa, sol, la si , ut, ré.

M. de Mi (ton phrygien ; M. dorien normal ; deuterus authente ; 3e ton ecclésiastique).

Mi, fa, sol, la, si, ut, ré, mi. Exécution un ton plus bas : , mi , fa, sol, la, si , ut, ré.

M. de Si (ton iastien ; M. mixolydien ; deuterus plagal ; 4e ton ecclésiastique).

Si, ut, , mi, fa. Exécution finale sol, dominante si , avec 4 bémols :

(Mi , fa,) Sol, la , si .

Autre forme : Dorien relâché ; deuterus plagal ; 4e ton ecclésiastique (très peu employé).

Ut, ré, Mi, fa, sol, la, si, ut. Pas de transposition.

M. de Fa (ton Lydien ; M. hypolydien ; tritus authente ; 5e ton ecclésiastique).

Fa, sol, la, si , ut, ré, mi. Exécution, finale ré, dominante la, avec 3 dièses.

, mi, fa , sol , la, si, ut , ré.

M. de Ut (M. lydien et hypolydien intense ; tritus plagal ; 5e et 6e tons ecclésiastiques).

Ut, ré, mi, fa, sol, la, si, ut. Exécution, finale ré, dominante la, avec 2 dièses :

, mi, fa , sol, la, si, ut , ré.

Ou :

Ut, ré, mi, fa, sol. Exécution finale fa, dominante la, avec 1 bémol :

Fa, sol, la, si , do.

M. de Sol (ton mixolydien ; m. iastien normal ; tetrardus authente ; 7e ton ecclésiastique).

Sol, la, si, ut, , mi, fa, sol. Exécution, finale mi , dominante si , avec 4 bémols.

Mi , fa, sol, la , si , ut, ré , mi ou finale , dominante la, avec 1 dièse.

, mi, fa , sol, la, si, do, ré. (iastien relâché ; tetrardus plagal ; 8e ton ecclésiastique) :

Sol, la, si, ut, ré. Exécution un ton plus bas, finale fa, dominante si , avec 2 .

Fa, sol, la si , do ou Mi, dominante la, avec 3 dièses

Mi, fa , sol , la, si (do ).

Le nombre de 8 M., admis dans la pratique du chant liturgique, n’épuisait pas les combinaisons produites par l’interversion des tétracordes dans la double division, harmonique et arithmétique, de l’octave. À plusieurs reprises, les théoriciens et les compositeurs essayèrent donc d’augmenter le nombre des M. — Glaréan écrivit dans ce but son grand traité latin, intitulé d’un mot grec, Dodecachordon (1547). Il y expose la formation de 14 M., dont deux sont rejetés et laissent le nombre fixé à 12. Notés dans le sens descendant, ces modes sont :

Dorien, -la-ré et hypodorien, La -ré-la ; Phrygien, Mi-si-mi et hypophrygien, Si-mi-si ; Lydien, Fa-ut-fa, et hypolydien, Ut-fa-ut ; Mixolydien, Sol-ré-sol, et hypermixolydien, -sol -ré ; Éolien, La-mi-la, et hypoéolien, Mi-la-mi ; Hyperéolien, Si-fa-si (rejeté), et hyperphrygien, Fa-si-fa (rejeté) ; Ionien, Ut-sol-ut, et hypoionien, Sol-ut-sol.

C’est pour mettre en pratique cette théorie, exposée, après Glaréan, par Zarlino (1558) et par Salinas (1577), que Claude Le Jeune composa son recueil de psaumes huguenots, à plusieurs voix, publié sous le titre de Dodécacorde (1598) et G. Guillet, un livre de 24 fantaisies instrumentales à 4 parties disposées selon l’ordre des 12 M.