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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/329

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1562, détruit par les huguenots. Quantité de beaux instruments périrent de la même façon en Angleterre, à l’époque du puritanisme. En Allemagne, les différentes communautés depuis le xvie s., ont fréquemment varié dans leur réglementation de l’usage de l’orgue dans le culte. Cet instrument fut englobé dans la réaction qui se produisit après l’époque de floraison de la musique religieuse protestante et de la musique d’orgue au temps de Bach. Une décadence complète se fit déplorer au xixe s. À notre époque, une rénovation de l’usage de l’orgue dans le service religieux protestant en Allemagne fut entreprise et poussée activement. Comme dans l’église catholique, le rôle de l’orgue pour l’accompagnement du chant, attira depuis l’origine du culte protestant, l’attention des musiciens et des autorités ecclésiastiques, mais il n’y offrait pas les difficultés inhérentes à la modalité du plain-chant. Le principe de l’alternance du chœur avec l’orgue dans le Magnificat et divers psaumes fut adopté aussi comme dans l’église catholique. Les mêmes recommandations, critiques, etc., à l’égard du choix des préludes, interludes, postludes, se trouvent sous la plume des auteurs des deux religions ; mais le caractère profane de certains morceaux paraît encore plus répréhensible dans le culte catholique, où le dogme de l’Eucharistie est plus formel. La composition d’un orgue, en Allemagne, au xviiie s., différait profondément des usages français. Les jeux d’anche y étaient en nombre extrêmement petit. L’orgue de Weimar, vers 1740, comprenait au grand-orgue 9 jeux, au positif 8, aux pédales 7, ainsi dénommés :
G. O. 1. Principal, 8 pieds ; — 2. Quintaton, 16 p. ; — 3. Gemshorn, 8 p. ; — 4. Gedackt, 8 p. ; — 5. Quintatön, 4 p. ; — 6. Octave, 4 p. ; — 7. Mixture à 6 rangs ; — 8. Cymbale à 3 rangs ; — 9. Carillon.
Positif : 1. Principal, 8 p. ; — 2. Viola di gamba, 8 p. ; — 3. Gedackt, 8 p. ; — 4. Trompete, 8 p. ; — 5. Klein gedackt, 4 p. ; — 6. Octave, 4 p. ; — 7. Waldflöte, 2 p. ; — 8. Sesquialtera.
Pédales : 1. Gross Untersatz, 32 pieds ; — 2. Soubasse, 16 p. ; — 3. Violon-bass, 16 p. ; — 4. Principal-bass, 8. p ; — 5. Posaun-bass, 16 p. ; — 6. Trompeten-bass, 8 p. ; — 7. Cornett-bass, 4 p. ; = total, 24 jeux.

Il est intéressant de donner la composition de l’orgue de Saint-Thomas de Leipzig à l’époque même de Bach, telle que l’a publiée A. Pirro :
Grand orgue : 1. Principal, 16 p. ; — 2. Principal, 8 p. ; — 3. Quintatön, 16 ; — 4. Octave, 4 ; — 5. Quinte, 3 p. ; — 6. Superoctave, 2 ; — 7. Spielfeife (sorte de flûte) 8 ; — 8. Sesquialtera double ; — 9. Mixtur à 6, 8 et 10 rangs.
Récit : 1. Grobgedackt (gros bourdon), 8 ; — 2. Principal, 4 ; — 3. Nachthorn, 4 ; — 4. Nasat, 3 ; — 5. Gemshorn, 2 ; — 6. Cymbel à 3 rangs ; — 7. Sesquialtera ; — 8. Regal, 8 ; — 9. Geigen-Regal (viole-régale), 4.
Positif : 1. Principal, 8 ; — 2. Quintatön, 8 ; — 3. Lieblich gedacht, 8 ; — 4. Kleingedakt, 4 ; — 5. Querflöte (flûte traversière), 4 ; — 6. Violine, 2 ; — 7. Rauschquinte (double) ; — 8. Mixtur à 4 rangs ; — 9. Sesquialtera ; — 10. Spitzflöte, 4 ; — 11. Schallflöte, 1 ; — 12. Krumhorn, 8 ; — 13. Trompete. 8.
Pédale : 1. Subbass (de métal), 16 ; — 2. Psaume, 16 ; — 3. Trompete, 8 ; — 4. Schalmei, 4 ; — 5. Cornet, 2. Soit 36 jeux.

L’orgue de l’abbaye de Weingarten construit en 1750 par Gabler, fut célèbre par l’ornementation surabondante de son buffet en même temps que pour le nombre et la variété de ses jeux. Il comptait 66 jeux, 4 claviers à main, 2 claviers de pédales, 6,666 tuyaux. Ses jeux de cornet, de fourniture et de cymbale étaient particulièrement nourris. On y trouvait des jeux singuliers, un rossignol, un coucou, un jeu de timbales réellement battues par un automate d’ange surmontant le buffet, un carillon. || Dans l’histoire du jeu d’orgues en Angleterre, on peut distinguer 3 périodes : i, sans pédales, ii, avec pédales, musique notée à 2 portées, iii, avec pédales et musique sur 3 portées. La première période commence à l’origine de l’instrument, c.-à-.-d. au xe s., et se continue jusqu’à la fin du xviiie s. Des orgues sont mentionnées à Winchester en 957, Canterbury, 1114, York, 1419, Saint-Albans, 1450, Magdalen College, Oxford, 1597, etc., tous à un clavier manuel seulement. Les orgues du King’s College, Cambridge, en 1605, ont 2 claviers manuels. En 1642, la Révolution et la domination des puritains marquèrent l’interruption de l’usage des orgues et la destruction de beaucoup d’entre elles. Ce fut une phase de « démence théologique ». Après la Restauration, on reconstruisit des instruments. Smith père établit en 1684 un orgue à 3 claviers manuels dans Temple Church, à Londres. Les facteurs du siècle suivant en firent de semblables, et l’étendue, ou ambitus, de l’instrument, fut portée, au grave, à l’équivalent de celle des orgues à pédales, sans que les mains suffisent à exécuter