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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/336

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même a noté au cours de ses compositions des formules ornementales en toutes notes. Les graveurs des anciennes éditions sont responsables de certains doutes. Dans les Partitas de Bach, éd. 1726, les signes du mordent et du trille


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paraissent confondus. Danreuther signale la confusion et l’ambiguité qui existent dans toutes les éditions, relativement à la notation de l’appogiature. Il cite un fragment où la parenthèse qui figure dans l’édit. de 1731 semble une devinette, et s’explique par la connaissance que Bach avait des signes de d’Anglebert et Dieupart, chez lesquels cette parenthèse marque un mordent :

(Bach, Partita v, Sarabande.)

L’interprétation des ornements chez Bach et à son époque se règle par quelques lois principales, résumées en 5 articles : 1o les ornements sont diatoniques ; 2o les ornements appartiennent au temps de la note principale ; ils se prennent sur sa durée ; 3o les ornements, qu’ils soient notés en toutes notes ou en signes, sont soumis à la mesure ; 4o les trilles, courts ou longs, commencent sur la note supérieure ; la vitesse des battements est à la discrétion de l’exécutant ; la terminaison par un groupe peut être ajoutée ou omise au gré de l’exécutant ; elle est d’usage à la fin d’un air ou d’une pièce d’importance ; 5o les appogiatures sont plus souvent brèves que longues ; celles-ci, comparativement rares chez Bach, prennent la moitié de la valeur de la note principale, ou les deux tiers s’il s’agit d’un triolet. La traduction des ornements de Bach est donc un problème des plus délicats. Fuller-Maitland a donné l’Aria, de l’Air avec 30 variations, dans la notation de Bach et dans la traduction selon les règles de Türk (1789). On en jugera par le début de la 2e reprise (exemple ci-contre).

L’explication des ornements occupe neuf chapitres du livre de Ch.-Ph.-E Bach sur l’art de jouer du clavecin (1753, éd. nouvelle, 1759, éd. posthume, 1797). Il appelle les ornements des « Manières », les déclare indispensables, vante leur utilité pour lier les notes, les rendre agréables, retenir l’attention, aider à l’expression, ajouter à l’effet, mettre en relief le talent de l’exécutant, embellir des compositions qui autrement seraient indifférentes. Il les classe en 2 genres : les ornements qui sont indiqués par des signes conventionnels, et ceux qui font partie de la notation. Il admire les Français, qui ont été si soigneux dans la notation des signes d’agrément, et déplore que l’on se soit relâché de cet usage, en s’écartant de leur admirable méthode. Les Italiens brillent surtout dans l’art d’orner le chant, les Français dans celui d’orner la musique de clavecin. De l’ensemble des considérations de Emm. Bach, il résulte qu’à son époque, la théorie et la pratique des ornements s’étaient à la fois surchargées d’innovations et simplifiées quant aux signes et aux règles, chacun finalement ornant à sa façon et selon son goût. Emm. Bach s’applique à définir le bon goût et à classer les cas d’interprétation ou d’emploi de chaque ornement. D’ailleurs, le traité d’Emm. Bach montre qu’en remplaçant souvent les anciens signes d’ornements par une notation en toutes notes qui pouvait sembler claire et complète, les variantes d’interprétation ne se trouvaient pas supprimées, chaque exécutant restant libre ou se croyant libre de modifier à as guise l’ornementation. Emm. Bach fait encore un large usage