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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/387

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Rebarrer, v. a. Placer une nouvelle barre d’harmonie dans un instrument à cordes détablé. (Voy. Barre d’harmonie.) Cette opération est souvent nécessitée, dans les violons anciens, par la fatigue des tables qui ont légèrement cédé sous le tirage des cordes.

Rebec, n. m. Instrument à cordes, à archet, usité à la fin du moyen âge. À travers l’obscurité et la confusion des documents, plutôt littéraires que musicaux, qui le mentionnent, on peut le croire identique à la rubèbe et l’une des meilleures raisons de croire à cette synonymie, est que les poètes qui aiment à dresser des listes d’instruments, ne nomment pas à la fois le rebec et la rubèbe. (V. ce mot.) Sous l’une ou l’autre appellation, l’instrument était une sorte de réduction de la vièle à archet, mais dans laquelle le manche n’était qu’un prolongement de la table.
Rebec.
Le dos était bombé et allait en s’aplatissant jusqu’au cheviller. On tenait l’instrument, pour le jouer, comme le violon. Il était monté de deux ou de trois cordes, et rendait, selon un texte d’Aymeric de Peyrac (xiiie s.) rapporté par du Cange, des sons aigus imitant les voix de femmes. Une particularité du rebec, révélée par ses représentations figurées du xve siècle, est que la touche, aussi large que la caisse, s’avançait assez loin pour former presque une double table. Le rebec jouit d’une grande faveur jusque dans le xvie siècle. Il était joué par les menestriers dans les fêtes populaires, et dans les bals et concerts de cour par les musiciens ordinaires du roi. L’invention et l’adoption du violon, du xvie s., le firent tomber dans un complet discrédit. Les joueurs de rebec sont nombreux dans la musique des princes depuis la fin du xve s. Lancelot Levasseur était « rebec ordinaire du roi » François Ier, en 1523-1535.

Récit, n. m. 1. Nom donné à tout morceau à voix seule, jusqu’à ce que la locution ital. solo ait prévalu dans l’usage. On disait un récit de basse comme on dit aujourd’hui un solo de basse et l’on appelait voix récitantes les solistes d’un concert. || 2. Nom donné à l’un des claviers de l’orgue, auquel sont affectés un certain nombre de jeux originairement destinés à être joués en solo, accompagnés par les jeux d’un autre clavier. Dans l’orgue moderne, ce clavier est aussi développé que les autres. Le clavier de récit, à Saint-Sulpice, comprend les 12 jeux de Quintaton, Bourdon, Violoncelle, Prestant, Doublette, Fourniture, Cymbale, Basson-hautbois, Voix humaine, Cromorne, Cor anglais et Voix céleste ; plus 10 jeux de combinaison : Flûte harmonique, Flûte octaviante, Dulciana, Nasard, Octavin, Cornet, Trompette, Trompette harmonique en chamade, Bombarde et Clairon.

Récital, n. m. d’origine anglaise. Terme moderne signifiant un concert où un exécutant se fait entendre seul. Récital d’orgue, de piano, de chant, etc.

Récitant, n. m. Dans les anciennes Passions, Histoires sacrées, Oratorios, le chanteur chargé de la narration et qui cède la parole à chaque personnage de l’action, ou au chœur, dès que le texte prend la forme personnelle ou collective. Au xviiie s., toute voix détachée du chœur, dans une composition d’église ou de concert : les « voix récitantes » sont celles des solistes. Les maîtres modernes ont conservé en ce sens une partie de Récitant ou d’Historien : Exemple : Berlioz, L’Enfance du Christ (1854), Pierné, La Croisade des enfants (1904), d’Indy, la Légende de saint Christophe (1914).

Récitatif, n. m. Déclamation musicale du texte, dans les parties d’un opéra ou d’une autre composition vocale qui servent à relier l’un à l’autre les airs et les morceaux d’ensemble, et à maintenir le sens de l’œuvre littéraire dont ceux-ci sont le développement musical. « Le récitatif n’est pas, chez Lulli, une partie accessoire de l’œuvre, une sorte de lien factice qui rattache les différents airs, comme une ficelle autour d’un bouquet : c’en est vraiment le cœur, la partie la plus soignée et la plus importante… Dans ce siècle de l’intelligence, le récitatif représentait la partie raisonnable de l’opéra, le raisonnement mis en musique… » (R. Rolland). Le récitatif de Lulli et ses premiers successeurs est, selon Le Cerf de la Viéville, « un juste milieu » entre la déclamation de la tragédie et le dessin mélodique. Il se modelait sur le vers, et repoussait toutes les additions d’ornements mises à la mode dans les airs de cours ou acceptées de la main des Italiens. Lulli exi-