tehude († 1707) composa sa belle Passacaille pour orgue sur un thème répété 28 fois à la basse. Le même procédé était de règle pour la Chacone, que Brossard, en 1703, définissait « un chant composé sur une B. obligée de quatre mesures, qui se répète autant de fois que la chacone a de couplets ou de variations, c’est-à-dire de chants différents composés sur les notes de cette B. ». Sous une forme assouplie, la B. contrainte fut appelée à servir l’expression dramatique. Lulli déroule pendant 28 mesures, dans Roland (1685), un dessin de B. contrainte sous un récitatif mesuré.
Gluck, dans Armide
(1777), marque par la persistance
d’une B. implacable le désir obstiné
de vengeance qui inspire l’invocation
d’armure aux dieux infernaux.
Les exemples de B. contrainte ne sont
pas rares chez les modernes. Le trio
du menuet, dans la Suite de V. d’Indy,
op. 24 (1886), est tout entier développé
sur un dessin de 4 notes à la B., et
l’on peut rattacher au même procédé
le thème de 4 notes des cloches du
Graal, dans Parsifal de Wagner
(1882). || 8. B. fondamentale. Principe
théorique proposé par Rameau dans
son Traité de l’Harmonie (1722) et
développé dans ses écrits postérieurs,
pour l’étude des accords. Il est tiré
de la résonance du corps sonore, telle
que la connaissait Rameau, et consiste
à regarder chaque accord comme
produit des harmoniques
d’un son fondamental, réel
ou sous-entendu. L’identité
des diverses positions de
l’accord en découle, et le
même son demeure la « B.
fondamentale » d’un accord
à l’état de renversement et
dans lequel il ne joue pas
forcément le rôle de B.,
c’est-à-dire de partie grave.
Aussi Rameau ne donnait-il, en fin
de compte, la B. F. que comme « un
moyen de vérification de la régularité
de l’harmonie » d’un emploi
limité aux accords les plus simples,
et ne constituant pas, dans la composition
harmonique, une B. véritable.
Basse-contre, n. f. Ancien nom de la voix de basse profonde. (Voy. Basse.)
Basse danse, n. f. Titre général donné, vers la fin du moyen âge et jusque dans le xvie s., à une ou plusieurs sortes de danses d’où les sauts étaient exclus. Le plus ancien et le plus précieux recueil de B. D. que l’on possède aujourd’hui est un ms. de la bibl. royale de Bruxelles, exécuté à la fin du xve siècle pour Marie de Bourgogne. Il ne fournit que des indications musicales incomplètes, les mélodies étant notées en valeur égales, sans précisions rythmiques. Vers la même époque, la B. D. comportait en Italie quatre mouvements successifs d’une rapidité croissante. Le livre de Danceries, de Gervaise (1554), contient plusieurs jolis airs de B. D., qui portent des titres de chansons et le signe de la mesure binaire : mais l’Orchésographie (1588) déclare que toutes les danses de ce genre, celles dites communes ou régulières, et celles dites irrégulières, suivent le rythme ternaire ainsi battu par le tambourin : . La B. D. régulière était formée de reprises de seize mesures ; elle se divisait en trois parties appelées B. D., Retour de la B. D., et Tordion. On la regardait déjà