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qu’il avait. Il fit l’acquisition des manuscrits de M. de la Marre et de ceux de Baluze, au nombre de plus de mille. En 1721, l’abbé Bignon demanda au régent que l’on plaçât la bibliothèque royale à l’hôtel de Nevers, rue de Richelieu, où avait été la banque du temps du système : sur les ordres du prince, on y transporta, sans délai, tout ce qu’on pût de livres ; mais les différentes difficultés qui se présentèrent furent cause qu’on ne put obtenir qu’en 1724 des lettres-patentes par lesquelles sa majesté affecta, à perpétuité, cet hôtel au logement de sa bibliothèque. Les vastes appartemens qu’occupe encore aujourd’hui cette bibliothèque, ont été décorés avec beaucoup de magnificence ; les livres arrangés avec beaucoup d’ordre et de soins, et le catalogue très-bien fait. Tout cela a été l’ouvrage de l’abbé Sallier, professeur en langue hébraïque, de l’académie des inscriptions et belles-lettres, nommé, en 1726, commis à la garde des livres et manuscrits, ainsi que de Melot, aussi membre de l’académie des belles-lettres. Pendant le cours de l’année 1728, il entra dans la bibliothèque du roi beaucoup de livres imprimés : il en vint de Lisbonne, donnés par les comtes d’Ericeira ; il en vint aussi des foires de Leipsick et de Francfort pour une somme considérable. La plus importante des acquisitions de cette année fut faite par l’abbé Sallier à la vente de la bibliothèque de Colbert ; elle consistait en plus de mille volumes. Mais de quelque mérite que puissent être de telles augmentations, elles n’ont pas l’éclat de celles que le ministère se proposait en 1728. L’établissement d’une imprimerie turque à Constantinople avait fait naître, en 1727, à l’abbé Bignon l’idée de s’adresser, pour avoir les livres qui sortiraient de cette imprimerie, à Zaib Aga, lequel, disait-on, en avait été nommé le directeur, et pour avoir aussi le catalogue des manuscrits grecs et autres qui pourraient être dans la bibliothèque du grand-seigneur. L’abbé Bignon l’avait connu en 1721, pendant qu’il était à Paris à la suite