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CCCLI
CINQUIÈME ÉPOQUE.

étaient des visirs et des despotes ; » eux-mêmes y avaient exposé plusieurs de leurs compatriotes les plus estimables. Chefs et meneurs de la société populaire du Mans, une dénonciation est rédigée par eux contre un nombre d’hommes moins exaltés, moins à la hauteur de leur civisme, qui, par cela même, sont accusés de fédéralisme, accusation alors bannale, comme celle de modérantisme, mais qui, après les journées des 1.er et 2 juin 1793, suffisait pour conduire à l’échafaud. Thirion en mission dans la Sarthe, s’empare de cette dénonciation, fait arrêter ceux qu’elle accuse, et le 6 octobre, les dirige sur Paris. Jetés à Chartres dans les prisons, Thirion paraît, les interroge, leur reproche un style brissotin, des expressions qui ne sont point marquées au coin de la Montagne, et les laisse ainsi languir dans l’ignorance de leur sort. Ils étaient dix aussi, tous membres de l’administration départementale ou des autres autorités de la ville du Mans. La société populaire, aussi surprise qu’indignée de voir ses adversaires restés à Chartres, au lieu d’être traduits à Paris, afin que justice en fut faite, adresse une nouvelle dénonciation le 12 février 1794 : Bazin, à qui on en attribue la rédaction y dit : « Si par un hasard que je ne prévois pas, ils échappent au supplice, je les désignerai sans cesse au peuple, comme des bêtes féroces qui ont voulu boire son sang. » Cent-cinquante-deux membres de la Société populaire adhèrent à cette adresse et la signent : parmi eux on lit une foule de noms antiques, des Brutus, des Aristides, des Scévolas, des Régulus, etc., etc.[1].

Enfin, la liberté fut rendue successivement à chacune de

  1. Nous évitons le plus possible de citer les noms des acteurs de ces funestes querelles, parce que, simple narrateur des faits, notre but n’est pas de réveiller des haines probablement éteintes, ou au moins assoupies pour toujours. Mais cette pièce qui existe imprimée, ailleurs que dans l’énorme Moniteur, est bien faite pour rendre circonspects et tolérans aujourd’hui, les hommes qui ont à regretter