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PRÉCIS HISTORIQUE,

part des têtes. On peut dire que de ce moment l’esprit public prit, sous ce rapport, une marche rapidement décroissante, contre-révolutionnaire et même réactionnaire, que nous ne pouvons qu’indiquer ici. Cette constitution républicaine de 1793, dont l’action n’avait pas même été essayée, fut jugée et condamnée sans avoir été entendue, si on peut s’exprimer ainsi ; et celle dite de l’an III, proclamée le 23 septembre 1795, mise en activité le 28 octobre suivant.

De ces trois années de l’époque conventionnelle, pendant lesquelles tant de crimes furent commis, tant de victimes sacrifiées, par la haine et la férocité des partis, il restera de nombreuses pages pour la gloire militaire de la France. Mais il n’est point vrai, comme l’ont dit des esprits frondeurs, que pendant cette époque, l’honneur se réfugia tout entier dans les camps : trop de citoyens, dans la vie civile, donnèrent des marques, des exemples de générosité, de dévouement, de résignation et de courage, pour qu’il soit permis de flétrir ainsi d’un mot toute une nation, en n’exceptant que ses guerriers. Qu’on mette de côté les torts, les fautes, les crimes même de la Convention nationale et de ses comités, et qu’on se demande ensuite si jamais le sénat de Rome montra plus d’énergie pour conserver l’indépendance du pays ? N’est-ce donc rien que ces quatorze armées dirigées par des hommes qui, à un seul près, n’étaient point des gens de guerre ? Etaient-ce donc des lâches que ces représentans, qui, le pistolet et le sabre au poing, ralliaient les volontaires en déroute, malgré les généraux qui leur commandaient ou leur donnaient l’exemple de la retraite, et conduisaient ces jeunes soldats à la victoire, en se précipitant les premiers au milieu des rangs ennemis ? Ne fut-ce donc qu’une assemblée d’hommes ineptes et de vandales, celle qui établit le Conservatoire des arts et métiers ; la première et encore si célèbre École Normale, dont les élèves étaient eux-mêmes, pour la plupart, de