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CCCXCIII
CINQUIÈME ÉPOQUE.

le pont Perrin. Le général Simon, au bruit de la fusillade, se rend à ce poste, où il a placé la veille une garde de quinze hommes, est assailli d’une grêle de balles, au-delà de ce pont, a son cheval tué sous lui, est renversé sur la place, dépouillé et laissé pour mort, ayant plusieurs balles dans le corps et un bras cassé, qu’il fallut lui amputer. Cette colonne se rend sur le marché St-Pierre, cerne la municipalité et l’arsenal, désarme la garde composée de gardes nationaux et de soldats de la 40.e demi-brigade ; pille, bouleverse, ravage tout ce qu’elle rencontre ; jette papiers et registres par les fenêtres et les livre aux flammes, et allait faire subir le même sort aux actes civils, lorsque Bourmont les sauve de cet incendie, en fermant le bureau où ils se trouvent et y appose son cachet. L’arsenal est envahi par les soldats de cette colonne, qui s’emparent des armes en état de servir, brisent les autres, enlèvent canons, caissons, fusils et munitions. La seconde colonne, sous les ordres de Châtelain surnommé Tranquille, ancien garçon meunier des environs de Chollet, aujourd’hui général de brigade, se partage entre Arnage et Pont-lieue, et pénètre dans la ville, une partie par les rues Basses et par le Greffier ; l’autre, après avoir passé l’Huisne, au pont de Noyers, coupe la route de Paris par Yvré, et gagne l’ancienne route dite chemin du Légat, par les Arènes et la promenade des Jacobins[1]. Ce second corps se porte au département et à la caserne des gendarmes, qui se réfugient dans la tour de l’église de la Couture. Les mêmes désordres ont lieu dans les bureaux de l’administration départementale. Les papiers et registres, les caisses, et un dépôt d’argenterie qui se trouvait dans les bureaux, la bibliothèque, les médailles, le musée, tout est lacéré, volé, enlevé, brisé et bouleversé. Voitures, chevaux, harnois, sont également spoliés dans la caserne de la gendarmerie, chez le général

  1. Tranquille fut arrêté à la Flèche, le 21 janvier 1801, et amené dans les prisons du Mans : il en sortit après la pacification.