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CXVII
QUATRIÈME ÉPOQUE.

3.e, en 1190. Il est resté un document précieux pour le pays, relatif à cette troisième croisade, à laquelle un grand nombre de gentilshommes manecaux prirent part. Cent-huit seigneurs et chevaliers de la province, sans compter leurs vassaux, servans d’armes, etc. s’assemblent à Mayenne, en 1158, prennent la croix rouge des mains de Guillaume, évêque du Mans, et parlent pour la Palestine, ayant Geoffroi IV de Mayenne à leur tête : ils n’en revint que trente-cinq, trois ans après. Un moine bénédictin du prieuré de S.-Mars-de-la-Futaie, proche Ernée, a donné l’histoire de cette croisade et la liste de ceux qui en firent partie : l’on n’y trouve qu’un petit nombre de seigneurs du Haut-Maine ; presque tous étaient des environs de Mayenne et de Laval. On voit, par la couleur rouge de l’étoffe dont était faite la croix qu’arborèrent ces croisés, que la province était sous la domination française alors : les Anglais la portaient blanche ; elle était verte pour les Flamands.

C’est pendant cette troisième croisade, qu’on commence à parler de la dignité de maréchal de France. Ce dignitaire ne commandait pas l’armée alors : il ne commença à le faire qu’à la bataille de Bouvines, gagnée par Philippe-Auguste, en 1214. Louis VII, en instituant un de ces maréchaux, exigea de lui une déclaration par laquelle il reconnut que cette charge n’était point héréditaire, voulant éviter ce qui était arrivé pour celle de sénéchal, qui s’était perpétuée dans la maison d’Anjou, depuis le règne de Lothaire, associé au trône dès 817. Ces sénéchaux avaient, sous un autre nom, les mêmes fonctions qu’étaient, dans l’origine, celles des maires du palais, major domûs. Ils tenaient le premier rang à la cour ; c’était la première dignité du royaume ; ils commandaient les armées, rendaient la justice, administraient les revenus de la maison du roi. Dans la suite, cette dignité fut effacée par celle de chancelier, et ses fonctions partagées entre le connétable et le grand-maître de France.