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CLXXXIII
QUATRIÈME ÉPOQUE.

Cependant, la bataille de Dreux, où les calvinistes furent battus, et le prince de Condé fait prisonnier par le duc de Guise, offre une circonstance propre à distraire agréablement l’esprit de ces nombreuses séries de cruautés. Le duc de Guise et son prisonnier couchèrent dans le même lit, le soir de la bataille, et le lendemain matin Condé raconta qu’il n’avait pu fermer l’œil de la nuit, mais que le duc de Guise avait dormi à côté de lui, aussi profondément que s’ils avaient été les meilleurs amis du monde. C’est ce même duc François de Guise qui, peu après, au siège d’Orléans, fut assassiné par Poltrot, à l’âge de quarante-quatre ans : son pouvoir était si grand, que le connétable Anne de Montmorency le traitait de Monseigneur dans ses lettres, qu’il souscrivait de la formule votre très-humble et très-obéissant serviteur, tandis que celles du duc ne portaient que Monsieur le Connétable, et au bas votre bien bon ami. Quoiqu’il n’eut d’autre grade militaire que celui de capitaine de gens d’armes, et qu’il dut, à ce titre, obéir aux maréchaux de camp, de Guise avait pourtant commandé à plusieurs reprises des armées, été deux fois lieutenant-général du royaume, ce qui lui donnait le commandement sur le connétable même, de sorte qu’il fut pour ainsi dire toujours le général de ses généraux. « Nul, dit Hénault, n’a tant ressemblé à Pompée, qui commanda les armées, et qui eut les honneurs du triomphe, n’étant que simple chevalier romain. »

La paix fut faite avec les huguenots et donna lieu à l’édit de pacification du 19 mai 1563, qui leur accordait beaucoup plus que celui de janvier, puisqu’il leur permettait de se construire des temples, leur accordait l’entière absolution du passé, les rétablissait dans leurs biens, charges et emplois ; « de sorte que l’on vit au Mans, dit Morand, s’asseoir sur les fleurs-de-lys, tel dont l’effigie était attachée à un gibet quelque temps auparavant. » Cette paix, fruit de la ruse de Catherine de Médicis, lui avait paru nécessaire par la crainte