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CXCIV
PRÉCIS HISTORIQUE,

vinistes[1], s’étendît partout le royaume, à l’exception cependant de quelques villes et d’un petit nombre de provinces, que de sages gouverneurs, des magistrats humains en préservèrent. Odolant Desnos nous fait connaître avec quelles précautions Matignon, gouverneur d’Alençon, sauva cette ville du massacre ; mais quoiqu’il ne reste aucun indice qu’il ait été exécuté dans le Maine, on ignore complètement à qui cette province dut son salut. Peut-être est-il permis de conjecturer que ce fut à la sagesse des seigneurs de Rambouillet, du nom d’Angennes, frères de l’évêque Charles d’Angennes, alors absent, dont l’un était gouverneur du comté et l’autre vidame du Mans. Quoiqu’il en soit, un autre manceau, célèbre alors, le Barbier de Francourt, qui avait été député par les calvinistes du Maine auprès du prince de Condé, pour lui offrir leurs services ; qui s’attacha ensuite à Jeanne d’Albret, devint son chancelier, puis celui de son fils ; fut enveloppé dans le massacre et tué presque sous les yeux de ce prince[2]. Le Vasseur, seigneur de Cogners, dont nous avons parlé précédemment, fut aussi égorgé pendant cette fatale nuit[3].

1573 — 1574 — Ce coup hardi, aussi inutile que froidement atroce, fut le signal d’une quatrième guerre civile : les protestans, d’abord intimidés, reprennent sur tous les points les armes : le siège de la Rochelle que fait le duc d’Anjou, frère du roi, se termine par un accord favorable aux habitans ; et celui de Sancerre, par une nouvelle paix, qui mit à découvert la faiblesse du gouvernement. Les événemens se précipitent :

  1. On estime à plus de 70 milles, le nombre de ceux qui furent égorgés dans tout le royaume, dont 5 milles à Paris ; et à plus de 100 milles, le nombre de ceux que perdit la France, par ce massacre, en y comprenant les fugitifs, qui périrent de faim et de misère, ou qui cherchèrent un asile chez l’étranger.
  2. Voir à la Biographie, l’article de le Barbier de Francourt, à qui l’on attribue l’un des écrits publics sur les premiers troubles du Maine, à cette époque.
  3. lacrételle, Hist. des Guerr. de religion, 11 - 345.