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PRÉCIS HISTORIQUE,

Le jour même où cette capitulation fut signée, les bouchers du Mans, secondés de quelques gens de leur classe, se soulevèrent et firent révolter la ville en faveur de la Ligue, contre l’autorité du roi : quelques personnes du parti royaliste perdirent la vie dans ce tumulte ; le gouverneur de Fargis y fut blessé : les factieux l’envoyèrent à Paris où il fut retenu à la Bastille, en même temps que de Harlai, président du parlement, emprisonné par l’ordre des Seize. Urbain de Laval, que le roi avait fait arrêter à Blois, mais qui avait été relâché sur parole et sur la caution du duc de Montbazon et du seigneur de Larchamp, et qui n’avait recouvré sa liberté que pour passer dans le parti de la Ligue, était à la tête de cette faction dans la ville du Mans.

Ainsi qu’à Paris et ailleurs, une procession générale fut faite au Mans, « pour demander à Dieu victoire pour les catholiques sur l’impiété des hérétiques. » Bois-Dauphin et son épouse y assistèrent ; les rues étaient tendues en ciel ; les prêtres marchaient pieds nuds ainsi que beaucoup d’assistans, dont les plus dévots étaient en chemise : on y porta le Saint-Sacrement, qui fut exposé une octave entière, pendant laquelle ces processions furent renouvelées dans chaque paroisse et dans toutes les communautés.

Le duc de Mayenne qui, lors de l’entrevue des deux rois, avait fait une tentative sur Tours, avec l’intention de s’emparer de la personne de Henri III, ayant échoué dans ce projet, se porta sur Alençon pour en faire le siège : il arriva devant cette ville le 18 de mai, après avoir laissé au Mans, en y passant, sept pièces de canon, et mis la garnison en état de s’y maintenir. L’évêque Claude d’Angennes, dont le caractère et la conduite pacifiques ne convenaient pas aux ligueurs, fut obligé de sortir du Mans, pour se soustraire à leurs exactions, et de se retirer dans son château de Touvoye, où Gui de Saint-Gelais, surnommé Lansac, fut l’investir et le retint prisonnier, sous la garde de quatre curés ligueurs,