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CCLXXVIII
PRÉCIS HISTORIQUE,

clergé, s’opposeraient à la réforme désirée, d’un grand nombre d’abus. On crut que la réunion des ordres préviendrait ces inconvéniens ; que les justes réclamations des communes, seraient soutenues par les nobles et les ecclésiastiques les plus éclairés ; que les exagérations seraient combattues, par les hommes modérés des trois différentes classes ; et qu’ainsi la majorité serait constamment en faveur de la prudence et de la justice : ce système fut adopté par une partie des nobles, et par beaucoup d’ecclésiastiques très-pieux et très-attachés à l’autorité royale. »

Cependant, telle ne fut pas l’opinion des députés de la noblesse du Maine : soit qu’ils se crussent liés par les termes de leur mandat, soit qu’ils voulussent empêcher de tous leurs efforts, ou au moins retarder la réunion des trois ordres, ils députèrent deux d’entre eux près de leurs commettans, pour en obtenir de nouveaux pouvoirs.

Mais la fermentation qui, en juillet 1789, agitait la capitale, se faisait ressentir dans toute la France depuis plusieurs mois. Quelques propos indiscrets et offensans pour l’ordre du Tiers, qu’on disait avoir été tenus par M. le marquis de Montesson, l’un de ces deux députés, avaient aigri les esprits contre lui ; son retour dans le Maine, le rendit victime, ainsi que son collègue, M. le vidame de Vassé, de ces torts réels ou prétendus. Assaillis, avant même leur arrivée au Mans, par une émeute populaire, leur chaise de poste fut brisée ; eux-mêmes coururent risque de la vie, et ne s’échappèrent que difficilement de ce danger : forcés de se tenir cachés aux environs de la ville, où ils ne purent se rendre, ils obtinrent, conformément à un règlement du 27 juin, des pouvoirs plus amples, avec lesquels ils retournèrent à Versailles, où la réunion complète des trois ordres s’était opérée le 7 juillet, d’après l’invitation qu’en avait faite le roi, et après de nombreuses défections, dans l’un des deux premiers ordres, dont beaucoup de membres s’étaient rendus dans la chambre du Tiers.