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PRÉCIS HISTORIQUE,

premier envol dans le bulletin des séances de la Convention nationale, du mercredi 30 mai. De toutes les autres parties du département, on imite le chef-lieu : bientôt on voit les citoyens donner leurs uniformes de gardes nationales et leurs armes, pour en équiper les volontaires qui se rendent à la frontière ; on les verra ensuite voter l’envoi de cavaliers recrutés, montés, armés et équipés à leurs frais ; et, plus tard encore, faire construire des vaisseaux, des bateaux plats pour la descente en Angleterre, de même que sept siècles auparavant, ils en fournirent pour l’expédition de Guillaume-le-Conquérant.

Cet état de choses, c’est-à-dire, les premières années de la révolution française, pendant lesquelles la régénération politique parut à chacun de ses partisans devoir assurer la liberté, la gloire et la prospérité de la France, et satisfaire aux vœux presque unanimes de ses citoyens, a trouvé son terme dans le département de la Sarthe, à la fin du mois de mars 1793, à l’époque de la levée des trois cents mille hommes, dont nous avons parlé plus haut. Jusques-là, l’opinion contre-révolutionnaire y était demeurée individuelle et isolée, sans consistance et sans pouvoir. Le 11 de mars, elle s’est montrée en armes et attroupée ; elle a formé un corps, est devenue agissante ; et nous la verrons désormais puissante et redoutable, semant sans cesse les allarmes, opposant une résistance active à l’action des lois et de l’autorité ; enfin, armant sans cesse les uns contre les autres, au moral comme au physique, ses malheureux citoyens.

La désunion, il le faut dire, puisa son premier germe dans le serment exigé des ecclésiastiques, par la constitution civile du clergé. Ce serment avait allarmé les consciences, avait ouvert le champ des persécutions contre les réfractaires ; et, dans la plupart des esprits où la religion avait conservé toute son influence, où les lumières n’étaient point assez vives pour permettre de juger sainement la polémique qui dût