Page:Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, Tome I - Julien Remy Pesche.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CCCLIV
PRÉCIS HISTORIQUE,

compatriotes sans beaucoup de peines, comme sans un grand danger. Nous n’entrerons point dans le détail de toutes ces turpitudes ; le récit en serait trop long, et n’offrirait qu’un tissu d’horreurs sans intérêt.

Tout le monde connaît l’origine de la seconde guerre civile appelée Chouannerie ; tout le monde sait qu’elle prit naissance dans la partie du Bas-Maine et du département de la Mayenne, qui avoisine la Bretagne ; que quatre frères contrebandiers, ou, comme on disait alors, faux-sauniers, parce qu’ils faisaient la contrebande du sel, en furent les premiers moteurs. Ces quatre frères, nommés Cottereau, furent surnommés Chouans par le peuple, parce qu’eux et les hommes de leur bande imitaient le cri des oiseaux de ce nom, comme signe de ralliement ; et que c’était principalement la nuit qu’ils se réunissaient pour leurs expéditions. « La chouannerie, suivant M. de Scépeaux[1], n’était point une révolte ; c’était tout au contraire la coalition de sujets fidèles, venant s’opposer à l’invasion de l’anarchie et de l’irréligion. Ils avaient pris les armes, pour défendre et conserver, non pour attaquer et détruire ; et, ainsi qu’on avait vu les soldats de Pelage, garder dans les rochers des Asturies un dernier refuge à la puissance espagnole, les chouans se crurent appelés à donner dans leurs bocages un dernier asile à la monarchie française. » Certes une belle phrase fait un bel effet dans un livre, mais le non pour attaquer et détruire est si éloigné de la vérité ; le résultat de cette guerre a si peu répondu à son prétendu principe ; et il y a tant de sophisme dans l’assertion que cette guerre n’était pas une révolte, comme si, quelque soit la légitimité du motif, il n’y avait pas révolte chaque fois qu’on prend les armes contre un gouvernement de fait ; comme si, il n’y avait pas quelque chose d’horrible à fusiller ses

  1. Lettres sur les Chouans du Bas-Maine, par M. de Scépeaux.